Rien ne sert de courir, les tortues ont déjà choisi le riz impérial du Japon
Au cours d'une cérémonie très ancienne, qui ne se produit qu'une fois par ère au Japon, des membres du Palais impérial ont déterminé lundi le lieu de culture du riz impérial d'une manière peu orthodoxe: l'examen attentif des carapaces d'une espèce de tortues menacée.
Deux fines plaques courbées, faites de carapace, ont ainsi été chauffées au-dessus d'une flamme afin d'y faire apparaître des craquelures.
Verdict: le riz, nécessaire à une importante cérémonie automnale présidée par le nouvel empereur Naruhito, sera récolté dans l'ancienne capitale Kyoto ainsi qu'au nord de Tokyo, dans la préfecture de Tochigi.
Les images de la cérémonie de lundi, à laquelle Naruhito n'a pas pris part, montrent les participants vêtus de longs et amples vêtements noirs et coiffés de chapeaux ornés, marchant en procession en direction d'une tente rayée blanc et noir, pour y porter dans une boîte les deux fragments.
Le très rare rituel n'avait été exécuté la dernière fois qu'en 1990, un an environ après que le père de Naruhito, Akihito, eut accédé au trône du Chrysanthème.
Bien que les carapaces proviennent de tortues vertes, une espèce marine menacée, elles sont prélevées dans le cadre d'un programme de conservation de l'espèce, ont précisé des responsables officiels.
Les reptiles proviennent des îles Ogasawara, situées dans le Pacifique à environ mille kilomètres de la mégapole tokyoïte mais dont elles font administrativement partie.
Les gens de la région mangent de la tortue depuis le milieu du 19e siècle et sont autorisés à en pêcher 135 par an. Une centaine est utilisée pour la viande (consommée crue) et les carapaces servent à l'artisanat.
Quant aux autres, leurs oeufs sont prélevés pour assurer une population stable, et elles sont ensuite relâchées en mer.
Les carapaces de huit tortues sont fournies au Palais impérial mais celles-ci n'ont pas été tuées dans ce but. De "réels efforts de conservation" sont menés, a affirmé à l'AFP un responsable de la commune d'Ogasawara, Takeshi Ando, faisant remarquer que le nombre d'éclosions augmentait. Le village n'attrape que les grosses tortues, dont la carapace dépasse 75 cm de long, comme l'exige le gouvernement de la ville de Tokyo, a-t-il dit.
Cette tradition qui "remonte aux temps anciens" doit "être transmise", a assuré un responsable du Palais, tout en se disant conscient du fait que certains considèrent qu'un animal menacé ne devrait pas être utilisé pour cela.
Le riz des parcelles désignées sera utilisé mi-novembre pour une cérémonie au cours de laquelle l'empereur remerciera et priera pour l'abondance des récoltes et pour la paix du Japon.
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