Baisse continue du niveau d’orthographe des élèves de CM2
Selon un rapport du ministère de l'Éducation nationale sur les performances en orthographe des élèves de CM2 publié le 7 décembre, le niveau d'orthographe des enfants ne fait que plonger depuis une trentaine d’années. Les élèves ont des niveaux d'écriture grammaticale inférieurs à ceux qu’avaient leurs parents, et ils font deux fois plus d’erreurs que les enfants d’il y a 34 ans.
La même dictée depuis 1987 pour évaluer la performance des élèves
La Depp (la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance) dicte le même texte depuis 1987 à un échantillon d’élèves, pour évaluer leurs capacités en orthographe, et le nombre de fautes moyen d’une génération. Les résultats de ces dictées montrent que tout au long de ces années, le niveau d’orthographe a baissé, sans aucun répit. Alors qu’en 1987, les écoliers ne faisaient que 11 erreurs en moyenne, les écoliers de 2021 sont malheureusement allés jusqu’à 19 erreurs en moyenne, soit près du double ! Selon le rapport, c’est l’orthographe grammaticale (règles d’accord entre le sujet et le verbe, accords dans le groupe nominal, accords du participe passé) qui demeure la source principale de difficultés. L'étude met aussi en avant des fautes récurrentes sur des mots tels que “aussitôt" ou "peut-être". L'accord de l'adjectif, comme pour le mot "inquiets" n’a lui que 25,3% d’écritures correctes en 2021 alors qu’il présentait 46,2% de réussite en 1987.
Le dénigrement des méthodes traditionnelles responsable de la chute de niveau ?
Le 8 décembre, sur CNews, la journaliste Charlotte d'Ornellas a apporté un éclairage sur les raisons qui pourraient expliquer cette baisse drastique du niveau des élèves en orthographe. Elle a tout d'abord rappelé que "les élèves ne naissent pas plus bêtes ou moins bons en orthographe aujourd’hui qu’il y a 50 ans" et que l'origine de cette baisse de niveau doit se chercher dans les "choix faits à l’école" au cours des dernières décennies. Quels sont-ils ? "On a, un, le dénigrement des méthodes d’enseignement, la dictée notamment [mais aussi] le rejet de la mémorisation, de la répétition, du par cœur, qui a été jugé par les fameux pédagogues trop simplistes. Résultat : si vous ne faites pas de la mémorisation, à un moment, ça ne vient pas tout seul non plus", estime-t-elle. Mme d'Ornellas ajoute qu'il y a eu progressivement une baisse du nombre d’heures consacrées "au français en général et à l’orthographe en particulier" : "Au début du 20e siècle, il y avait 1 338 heures de cours par an pour les élèves. Aujourd’hui, c’est 864. On a perdu un nombre d’heures considérables et, par ailleurs, on a multiplié les matières enseignées. Par la force des choses, le niveau baisse." Et la journaliste de pointer du doigt la problématique de la baisse du niveau d'exigence : "Ensuite, il y a la question de l’indulgence qui a été impliquée. On voit que les corps d’inspection ont demandé assez régulièrement aux professeurs d’être indulgents, c’est-à-dire moins exigeants en réalité sur la question de l’orthographe."
Le niveau des aspirants professeurs des écoles en chute libre
Les résultats au concours 2022 de recrutement des professeurs des écoles viennent d'être publiés : les correcteurs alertent sur “l’inculture" des candidats à "la langue pauvre" et à l’orthographe vacillante. C’est le jugement sévère qu’émet le jury des professeurs des écoles à la suite de la publication des résultats du concours validant le recrutement des enseignants du primaire.
"Très peu de candidats citent des sources qui permettraient de démontrer une culture personnelle, fustige le rapport de l’académie de Lille. Certains le font en se trompant d’auteur, en citant une émission de télé-réalité ou des dessins animés de Disney. Une petite minorité est en mesure de citer quelques lectures personnelles." Les correcteurs déplorent également un "manque de maîtrise de la langue française", relevant "énormément d’erreurs orthographiques, des fautes de syntaxe et des expressions familières", souligne le même rapport. "La ponctuation est absente de certaines copies, les virgules, d’une manière générale, sont peu utilisées."
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