Bientôt un guide du fait religieux dans les entreprises privées
Le ministère du Travail présentera le 20 octobre un guide pratique du fait religieux dans les entreprises privées, pour aider les employeurs confrontés à la question de l'expression des convictions religieuses de leurs salariés, a annoncé ce lundi 12 Clotilde Valter, secrétaire d'Etat à la Formation professionnelle et à l'Apprentissage. "Derrière cette question se dessine celle, cruciale, des discriminations, persistantes", a souligné Mme Valter, intervenant lors d'un colloque consacré au sujet à Paris. Refus d'effectuer certaines tâches, d'obéir à un supérieur hiérarchique, de s'adresser à un collègue, invocation d'un motif religieux pour justifier une absence, refus d'une visite médicale obligatoire...: ce guide vise à "clarifier des notions-clefs telles que la laïcité, la neutralité, les libertés fondamentales". Il apporte "des réponses à des cas concrets tout en suggérant les attitudes permettant de favoriser la recherche de solutions consensuelles", selon le ministère.
Il fera état de situations concrètes concernant aussi bien les demandes de "congés pour les fêtes religieuses, la restauration, la tenue vestimentaire, la sécurité, ou les demandes de salles de prière", a précisé Mme Valter. La secrétaire d'Etat a cité une récente étude indiquant que "50% des managers" ont été confrontés à des demandes de nature religieuse de la part de leurs salariés en 2015, tandis que les intervenants du colloque ont chiffré à "12%" les entreprises touchées par le phénomène. Contrairement aux services publics, les entreprises privées ne sont pas tenues à l'obligation de laïcité et de neutralité, la seule limite à la liberté religieuse de leurs employés étant le "trouble objectif" au bon fonctionnement de l'entreprise.
Si les chefs d'entreprise peuvent cependant inscrire la neutralité dans le règlement intérieur, ils sont souvent "désarmés" face à certaines situations, a souligné Jean-Louis Bianco, ancien ministre socialiste et président de l'Observatoire de la laïcité. "Une erreur fondamentale serait de croire que la loi peut tout régler", a-t-il jugé. Selon Hakim El Karoui, conseiller en stratégie et auteur d'un rapport à paraître sur les pratiques religieuses des musulmans de France, ce "fait religieux" en entreprise relève majoritairement "de l'islam et des évangéliques". Il chiffre à "quatre millions" les musulmans de France pour "12.000 salafistes", la forme la plus sectaire de l'islam, très minoritaires mais "actifs".
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