France : les adoptions d'enfants à l'étranger à leur plus bas niveau depuis 35 ans
Le nombre d'enfants adoptés à l'étranger a chuté de 24% en France en 2015, tombant au plus bas niveau depuis 35 ans et avoisinant désormais le niveau des adoptions réalisées sur le territoire national, selon les derniers chiffres du ministère des Affaires étrangères. Un total de 815 visas ont été délivrés l'an dernier pour des enfants adoptés à l'étranger, comparé à 1.069 en 2014, chiffre qui était déjà en baisse de 20%, selon les chiffres dévoilés mardi par le Quai d'Orsay et devant être mis en ligne sur son site.
Il faut remonter au tout début des années 80 pour passer sous le seuil des 1.000 enfants adoptés à l'étranger par des familles françaises ou résidant en France, a-t-on précisé de même source. Le niveau de 815 enfants se rapproche des adoptions réalisées sur le territoire national, qui sont stables, entre 700 et 800 chaque année. Par comparaison, on comptait plus de 18.000 agréments d'adoption en cours de validité fin 2013, selon les chiffres de l'Observatoire national de l'enfance en danger (Oned), nombre très disproportionné par rapport aux adoptions réalisées.
C'est la cinquième année consécutive de diminution des adoptions à l'international et "il est à craindre que la baisse se poursuive", a-t-on estimé au Quai d'Orsay. Elle affecte tous les pays d'accueil, pas seulement la France. En 2010, un peu plus de 3.500 adoptions à l'international avaient été comptabilisées. Plusieurs facteurs expliquent la baisse des adoptions depuis plusieurs années, notamment une forte diminution des enfants adoptés en Russie, longtemps premier pays d'origine, après des restrictions instaurées par ce pays en 2013, ainsi qu'en Éthiopie. Les adoptions ont par ailleurs été suspendues ou gelées dans des pays tels que le Bénin, le Sénégal ou la Guinée, en situation de transition vers l'application de la convention de La Haye sur les adoptions.
Des pays n'offrant pas des niveaux suffisants de sécurité juridique ou éthique (Cambodge, Cameroun, République centrafricaine) ont également suspendu les adoptions, parfois depuis plusieurs années. Le Congo a de son côté bloqué en septembre 2013 les autorisations de sortie du territoire d'enfants adoptés. D'autres pays ont préféré développer les adoptions nationales, comme la Chine, le Brésil ou la Russie. Ces diminutions n'ont pas été compensées par une augmentation dans quelques autres pays tels que la Colombie, la Côte d'Ivoire et Haïti. Le premier continent d'origine des enfants reste l'Afrique, avec 35% des adoptions, suivie de l'Asie. Les principaux pays d'origine sont le Vietnam, la Colombie, la Côte d'Ivoire, la Russie, suivies de la Chine et Haïti ex-aequo, sur un total de plus de 50 pays.
Les enfants dits "à besoins spécifiques" (âgés de plus de 5 ans, en fratrie ou présentant une ou des pathologies) représentent depuis plusieurs années la majorité des enfants adoptés à l'international (65% en 2015). Moins de 10% des enfants adoptés sont orphelins. Les autres peuvent être des enfants abandonnés ou dont les parents ont été déchus de leurs droits parentaux. La part d'enfants adoptés à l'international par des couples homosexuels est infime malgré la légalisation de l'adoption par des couples de même sexe en 2013. Cela concernerait moins d'une dizaine d'enfants, selon le Quai d'Orsay, de rares pays d'origine acceptant ces candidatures (Brésil, Afrique du sud, États-Unis).
Les échecs d'adoption, c'est-à-dire des cas où des enfants sont remis par leurs familles adoptives à l'Aide sociale à l'enfance (ASE), sont estimés à une quarantaine en 2015. Depuis 18 mois-deux ans, de plus en plus d'enfants adoptés, une fois majeurs, entament des démarches de recherche de leurs origines. Ils peuvent pour cela demander l'accès à leur dossier auprès du département qui avait délivré l'agrément ou de l'organisme qui a accompagné leur adoption. Cela concerne une cinquantaine de personnes par an.
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