Sécurité routière : les pictogrammes sur les cachets jugés peu efficaces
Les pictogrammes colorés destinés à identifier les médicaments les plus à risque pour la conduite d'un véhicule n'ont pas permis de réduire le nombre d'accidents de la route liés à ces médicaments en France, selon une étude publiée lundi.
"Les informations inscrites sur les boîtes de médicaments sont pertinentes, mais ça ne suffit pas", résume Emmanuel Lagarde, le principal auteur de l'étude publiée dans la revue British Journal of Clinical Pharmacology.
Les médicaments à risque pour la conduite, soit un tiers des médicaments sur le marché, font l'objet d'une signalisation en France depuis la fin des années 1990.
Un pictogramme unique, un triangle rouge, sans texte et sans précision a été remplacé à partir de 2007 par trois triangles sur les boîtes de médicaments: jaune (niveau 1) qui préconise de "ne pas conduire sans avoir lu la notice", un triangle orange (niveau 2) qui demande d'être "très prudent" et de "ne pas conduire sans l'avis d'un professionnel de santé" et enfin un triangle rouge (niveau 3) qui exige de ne pas conduire du tout.
Une équipe de chercheurs de l'Inserm a décidé d'étudier l'impact de ces pictogrammes (niveaux 2 et 3) sur les accidents de la circulation, en se concentrant sur les conducteurs prenant des somnifères ou des médicaments contre l'anxiété de la famille des benzodiazépines et apparentés "qui représentent 70% des médicaments associés aux accidents", indique à l'AFP M. Lagarde.
Selon une précédente étude de l'Inserm, la prise de médicaments à risque serait responsable de 3 à 4 % de l'ensemble des accidents de la circulation en France.
Pour déterminer l'efficacité des pictogrammes, les chercheurs ont identifié 150.000 conducteurs impliqués dans des accidents de la route entre 2005 et 2011, en les répartissant en 4 grandes périodes : de juillet 2005 à décembre 2006, soit avant l'instauration des nouveaux pictogrammes, de janvier 2007 à mai 2008 correspondant à la mise en place du système, puis de juin 2008 à décembre 2009 et de janvier 2010 à décembre 2011, pour suivre l'évolution.
Mais alors qu'on aurait pu espérer une baisse des accidents au cours des deux dernières périodes, les chercheurs n'ont pas trouvé d'effet significatif.
Ils ont même trouvé une légère hausse des accidents dus aux somnifères de la famille des benzodiazépines ou apparentés (comme Stilnox, Zolpidem ou Imovane) qui pourrait être due, selon M. Lagarde, à "l'augmentation de la consommation de ces produits par une population vieillissante".
"Nous n'avons pas vu de baisse durable du risque d'accident lié aux médicaments" reconnaît le chercheur qui insiste sur le rôle du médecin qui doit mettre en garde son patient lorsqu’il lui prescrit un médicament à risque.
La durée des effets est variable selon les médicaments, allant de 6 heures en moyenne pour les benzodiazépines à des durées plus courtes pour certains médicaments apparentés.
"Le problème c'est que si on reprend une dose pendant la nuit, on en a encore dans le sang le matin" relève-t-il avant d'estimer qu'une des solutions pour ces personnes à l'avenir pourrait être la voiture automatique.
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