Maldives : Nasheed, un ex-président en exil qui n'a pas dit son dernier mot

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Par AFP - Malé
Publié le 07 février 2018 - 14:44
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L'opposant en exil Mohamed Nasheed, lors d'une conférence de presse, le 22 janvier 2018 à Colombo, au Sri Lanka
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© LAKRUWAN WANNIARACHCHI / AFP/Archives
L'opposant en exil Mohamed Nasheed, lors d'une conférence de presse, le 22 janvier 2018 à Colombo, au Sri Lanka
© LAKRUWAN WANNIARACHCHI / AFP/Archives

Icône de la lutte pour la démocratie aux Maldives côté pile, politicien réaliste capable d'alliances avec ses ennemis d'hier pour revenir au pouvoir côté face, l'opposant en exil Mohamed Nasheed retrouve la lumière des projecteurs à l'occasion de la crise qui secoue le petit archipel de l'océan Indien.

Vivant entre Londres et Colombo pour échapper à la prison, ce brillant orateur aux petites lunettes fédère derrière lui une coalition disparate qui espère bien renverser le président Abdulla Yameen, dont le coup de force ces derniers jours a plongé le micro-État touristique dans le chaos politique.

Militant des droits de l'Homme, cet ex-journaliste éduqué en Grande-Bretagne a accédé à la notoriété dans les années 1990 en s'affirmant comme le principal critique du régime de Maumoon Abdul Gayoom, qui a dirigé ce chapelet d'îles paradisiaques d'une main de fer pendant 30 ans (1978-2008).

Ce combat vaut à Mohamed Nasheed de multiplier à l'époque les séjours derrière les barreaux dans des atolls reculés. Sa croisade est finalement récompensée lorsqu'il devient, en 2008, le premier président démocratiquement élu de l'histoire du pays suite à l'introduction de réformes politiques et du multipartisme.

De sensibilité libérale, notamment sur la question de l'islam, le jeune président de la République se retrouve une fois au pouvoir confronté à la résistance de la vieille garde de l'ère Gayoom et au travail de sape mené en sous-main par le clan de son prédécesseur.

À l'étranger toutefois, son charme et sa lutte contre le réchauffement climatique lui valent une reconnaissance internationale. En 2009, il organise un conseil des ministres sous-marin pour sensibiliser au danger que représente la montée du niveau des mers pour son archipel.

"Je vais au travail à pied tous les jours, plutôt que de prendre la limousine présidentielle. C'est meilleur pour l'environnement et je peux m'arrêter et parler avec les gens en chemin", confie-t-il au magazine américain Time.

Confronté à une rébellion de l'appareil sécuritaire, Mohamed Nasheed est acculé à la démission en 2012. L'année suivante, il est battu d'un cheveu dans les urnes par Abdulla Yameen, demi-frère de Maumoon Abdul Gayoom, dans des circonstances hautement controversées.

- Alliés improbables -

Sa descente aux enfers ne s'arrête pourtant pas là.

Dans le cadre de la répression de l'opposition engagée par le président Yameen, il est condamné en 2015 à 13 ans de prison pour "terrorisme". Défendu par la célèbre avocate Amal Clooney, son cas fait l'objet de multiples pressions internationales.

En 2016, ce fils d'un riche commerçant de Malé aujourd'hui âgé de 50 ans est autorisé à sortir temporairement du pays à l'occasion d'une permission médicale et choisit de demander l'asile au Royaume-Uni.

À la tête du Parti démocratique maldivien (MDP), il anime depuis son exil une coalition de forces anti-Yameen, au risque de grands écarts politiques. Il a ainsi été rejoint l'année dernière par son ex-ennemi juré, Maumoon Abdul Gayoom, brouillé avec son demi-frère ainsi que d'autres proches de Yameen tombés en défaveur.

Répliquant la technique qui avait provoqué sa chute, il multiplie les fronts d'attaque contre Malé, tant sur le plan politique qu'en essayant de faire monter une révolution de la rue - sans succès jusqu'ici.

Le refus du pouvoir de libérer les prisonniers politiques, comme l'avait ordonné la Cour suprême la semaine dernière, a déclenché une crise aiguë aux Maldives, qui a abouti à l'arrestation de deux juges de la Cour suprême et même de Maumoon Abdul Gayoom.

Accusant le président de vendre son pays à la Chine et de laisser proliférer l'islamisme, Mohamed Nasheed a appelé mardi depuis l'étranger à une intervention militaire indienne et un blocage financier américain pour forcer la main du régime maldivien.

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