Menaces de mort au Mont-Saint-Michel : condamné, il échappe à la prison
Un homme de 36 ans a été condamné mercredi en correctionnelle à Coutances (Manche) à une amende de 350 euros pour avoir appelé à tuer des policiers et leurs familles au Mont-Saint-Michel, provoquant l'évacuation de ce site très touristique.
Le prévenu, "schizophrène" selon son avocate, sans emploi depuis février, a reconnu à la barre avoir lancé devant de nombreux témoins dans un restaurant puis dans les rues du Mont-Saint-Michel "à mort les keufs, faut tous les buter", "il faut tuer leurs familles et leurs enfants" et avoir qualifié les forces de l'ordre de "nazies".
Ce matin du 22 avril, vers 8h30, cet homme de confession juive, "solitaire, au parcours chaotique" selon le parquet, est d'abord apparu calme selon un témoin, jusqu'à ce qu'il demande à jongler dans la rue et qu'un cafetier lui réponde qu'il lui fallait pour cela l'autorisation de la police municipale, déclenchant apparemment l'agressivité du prévenu.
"Cet homme va parvenir à terroriser les personnes qu'il accoste avec ses propos haineux inadmissibles, laissant craindre un passage à l'acte" dans un contexte de menace terroriste "particulièrement sensible", a lancé Anaïs Morin substitute du procureur de la République de Coutances avant de demander dix huit mois de prison dont six avec sursis. Tout en reconnaissant une "pathologie psychiatrique", et "l'altération du discernement" du prévenu au moment des faits.
Le tribunal a limité la condamnation à trois ans de contrainte pénale, comprenant l'obligation de soin et de trouver un travail.
"C'était pas mon but de faire peur (...) Je voulais attirer l'attention (...) J'étais dans un état d'excitation, de folie lié à ma maladie. J'avais pas mangé de la journée. (...) Je venais d'apprendre que ma fille avait été placée à la DASS", a déclaré à la barre le prévenu détenu, père d'une enfant dont il n'a jamais eu la garde, s'excusant à de multiples reprises.
L'homme qui portait une kippa le jour des faits, d'abord cachée sous une capuche, entendait jongler dans les rues du Mont derrière une pancarte affichant le nom de la juge qui suit le dossier de sa fille avec qui il avait rendez-vous le lendemain à Bobigny, explique-t-il à la barre.
- "Je disais n'importe quoi" -
"Je disais n'importe quoi", ajoute le prévenu interrogé sur le fait qu'il ait aussi le 22 avril exhibé un vêtement traditionnel juif en prétendant un lien entre sa religion et le fait qu'il n'ait pas la garde de sa fille.
Et le président du tribunal de souligner combien ses menaces de mort "font échos" au décès un mois plus tôt du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, mortellement blessé par un jihadiste, et à l'assassinat d'un policier et de son épouse à Magnanville en 2016.
"Je ne cautionne absolument pas ce genre de chose", répond le prévenu, chargé de déjà huit condamnations à son casier, pour consommation de stupéfiants, outrage, ou encore appels téléphoniques malveillants.
Lorsque le préfet ordonne le 22 avril l'évacuation de "l'intégralité du Mont" et le "fait ratisser maison par maison", le prévenu, qui n'avait jamais fait de prison, se cache dans des ronces sur le rocher.
"Quand j'ai vu l'hélicoptère, j'ai eu peur. Je ne me voyais pas sortir comme ça, pris comme un terroriste", commente-t-il.
Une cinquantaine de gendarmes sont déployés et des centaines de touristes restent bloqués sur la côte en face du mont avant que l'accès au rocher ne soit rouvert vers 13h30.
L'homme parvient à prendre la fuite mais sur une aire d'autoroute entre le Mont-Saint-Michel et Caen, il se vante d'être le "héros du jour", selon le parquet, et réitère ses menaces de mort.
Il sera arrêté vers 23H30 dans l'agglomération de Caen et sera confondu notamment par son ADN.
Classé au patrimoine mondial de l'Unesco, le Mont Saint-Michel attire près de 2,5 millions de touristes par an.
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