Le momentum de l'information et la fabrique des "temps danse"

Auteur(s)
Xavier Azalbert, directeur de la publication de FranceSoir
Publié le 27 août 2022 - 14:20
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Pions jeu d'échec
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ÉDITO — Dans un édito précédent, j’ai évoqué le délit d'initiés et la manipulation du cours de l'information. Certains n'ont pas hésité à parler de manipulation « de cour », faisant référence au phénomène de « l’effet de cour », celui qui guette tout pouvoir. Et au pouvoir, on ne dit plus la vérité, mais ce qui va lui plaire.

En vérité, bien que je comprenne l'analogie, là n'était pas mon propos ! Dans cet édito, je vais faire appel à une tout autre référence, propre au monde de la finance. Elle permet une information en temps quasi réel. Et ses signaux sont analysés par des algorithmes, au même titre que les algorithmes de Google, Facebook et Twitter analysent les tendances.

Je m'explique.

Dans le monde de la finance, il y a deux types d'acteurs.

D'un côté, il y a les trend followers ou « suiveurs de tendance ». Ces acteurs se conforment à la norme. Ils suivent les instructions des analystes, ou les tendances de marché :  acheter ou vendre Apple, vendre Boeing ou Airbus, etc. Cette tendance se fait en fonction des performances des sociétés.

Et de l'autre côté, il y a les contrariants. Ces acteurs-là cherchent les moments, ou les raisons, soit pour vendre un stock quand tous les autres acteurs sont à l'achat, soit, à l'inverse, pour acheter un stock quand tous les autres acteurs sont à la vente.

Ces modifications de comportements sont accentuées par des algorithmes, qui permettent de modéliser par des calculs statistiques ce que l’on appelle « le momentum », c'est-à-dire quand un stock est en surachat ou en survente. Cela veut dire qu’une action peut être en surachat à court terme, cela même si la tendance de moyen et celle de long terme, elles, ne le sont pas.

En effet, l’objectif des algorithmes est d’identifier ces points de rebroussements avant les humains, ceci afin d’en tirer un avantage économique.

Hé oui ! Qu'il s'agisse des suiveurs de tendance ou des contrariants, dans ces modèles de comportements, il y a de grands aspects psychologiques.

Cette analogie est fort utile pour analyser l'information, et plus particulièrement celle liée à la crise sanitaire de la COVID.

En bon suiveur de tendance, plutôt que leader d’opinion, la France a fait comme les autres pays : tout d'abord ignorer la maladie, puis confiner, ensuite croire à la fameuse étude du Lancet qui visait à décrier les bénéfices de l’hydroychloroquine avant d’être retirée, et, enfin, passer après à la vaccination de masse.

« Tous vaccinés, tous protégés », pouvait-on lire sur la campagne de communication financée par le ministère de la Santé.

Cependant, le sous-jacent de chacune de ses informations n'étaient pas fiable, ni stable. Dès lors, ce n'était qu'une question de temps avant que le momentum ne s’inversât, et que le contrariant ne prît dûment sa place.

Reprenons plus précisément l'exemple du Lancet.

Tous les médias suiveurs de tendance ont repris en chœur le message de l’AFP du 22 mai 2020. Ces médias, que l’on a tendance à étiqueter « mainstream », ont pour modèle de répliquer les messages de l'AFP, avec des modifications infinitésimales du contenu. Eh bien ces médias mainstream ne sont en réalité que des « suiveurs de tendance ». Ils forment peut-être l'opinion, la formatent, mais ils ne font pas de l'information, au sens journalistique du terme. Il aura donc fallu que des contrariants comme l'IHU, FranceSoir et un groupe important de chercheurs écrivent à l'éditeur et, en 15 jours à peine, la tendance a changé. L'étude a été retirée, et, en lieu et place de reconnaître qu’ils s’étaient tout simplement fourvoyés en se suivant les uns les autres, les médias mainstream ont continué à jouer les suiveurs de tendance, mais en suivant cette fois, et toujours de concert, la nouvelle tendance.

Nous avons ici la preuve que, au sein de ses médias, le journaliste n'est plus analyste, mais juste un commentateur de l'information, un acteur qui se contente de commenter la tendance qui est imprimée collégialement.

Idem pour l'origine du virus.

Les médias mainstream ont suivi la tendance de l'origine naturelle proclamée par la CIA, ceci malgré le fait pourtant manifeste que cette tendance paraissait tirée par les cheveux. Tout particulièrement avec la proximité d'un laboratoire P4 à Wuhan. Ainsi, l'hypothèse de base aurait dû être celle de l'origine humaine, d'un virus fabriqué en laboratoire, hypothèse dont certains éminents spécialistes en la matière, comme le regretté Professeur Montagnier, ont démontré le caractère évident. Cela leur a valu le titre honorifique de « complotiste », car leur vérité ne se confirmait pas à la tendance du moment, la tendance décrétée en haut-lieu sans nulle analyse ni débat contradictoire.

Voir aussi : "L'Histoire finira par donner raison au professeur Montagnier" Dr Gérard Guillaume

Autant dire que dans le monde de la finance, les analystes contrariants sont prisés.

Pourquoi ? Parce que c'est dans ces moments de contre-courant que les opportunités substantielles de profits se situent. Toutefois — si tant est qu'elle en soit une, dans sa normalité, la finance permet aux suiveurs de tendance et aux contrariants de cohabiter, dans un modèle subtil qui combine optique de profit modéré et prise de risques.

Et il en est de même du monde de la mode.

Les designers fashion sont les faiseurs de tendance. Ce sont eux qui décident que le rouge ou autre est « in », quand le vert ou autre est « out », ou l'inverse. Néanmoins, les contrariants deviennent décideurs de la mode lorsqu'ils perçoivent avant les autres, ce qui soudain va être « in », la nouvelle tendance, une tendance qui va jeter aux oubliettes les autres apparats de la mode. Ces faiseurs de tendance ou « influenceurs » sont très chers payés de nos jours.

Dans le monde de l'information, FranceSoir s'inscrit dans la lignée des contrariants, en ayant question à tout. Il est donc anormal de rejeter les articles que nous écrivons, sur la simple hypothèse que, parce que c'est FranceSoir, c'est forcément de la désinformation, des fake-news, ou que sais-je.

Malheureusement, les commanditaires de cette entremise malhonnête ayant pignon sur rue, les suiveurs de tendance ont réussi le tour de force suivant : faire croire que FranceSoir n'était pas tendance, « puisque FranceSoir est complotiste ! »

S'ils y sont parvenus, c'est parce que leur pouvoir de placement de l'information leur permet de crier plus haut et plus fort. Mais cela ne rend pas pour autant l'information authentique.

En témoigne le virus et son origine humaine. Cette théorie est acceptée de nos jours à plus de 90 %. Et pourtant, diable que l'on est parti de loin !

Et c'est pareil pour le Remdesivir. Ce produit toxique qui a réussi à obtenir une AMM en dépit de ses contre-indications, a d'abord été plébiscité par de nombreux médecins et l'OMS, puis il a été unanimement démit de son piédestal.

Dans le monde de la finance, quand un tel cas de figure intervient, il y a probablement, soit une manipulation de cours ou délit d'initiés, soit un comportement sous influence des acteurs.

Qu'en a-t-il été pour les variations de cours sur le marché de la Covid ? L'avenir judiciaire le dira.

Cette semaine, ce fut d'ailleurs au tour des confinements d'être mis à l’honneur en tant qu'hypothèse contrariante, de trouver leur place dans les médias suiveurs de tendance.

La raison à cela ? Les confinements auraient fait plus de mal que de bien. FranceSoir en a parlé le 5 juin 2020, avec de nombreux exemples à l'appui.

Lire aussi : Le confinement, tout ce que l’on ne vous a pas dit : aberration humaine, sanitaire, économique

Vu sous cet angle, il est totalement incorrect de qualifier les médias comme France Info, BFMTV, l'Express, le Monde et compagnie, de médias mainstream. Et il est probablement incorrect de les qualifier de médias d'information. Par contre, leur modèle est bel et bien basé sur celui du suiveur de tendance, tandis que, à l'inverse, FranceSoir est sur celui du contrariant.

Je propose donc de les renommer « suiveurs de tendance », puisque quand FranceSoir prend une position de contrariant basée sur des faits et des analyses sérieuses et pertinentes, il suffit de quelques mois pour que les suiveurs de tendance lui emboîtent le pas.

Alors, suiveurs de tendance ou contrariants ? Lecteurs et joueurs de l'information, faites vos jeux.

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