Pour sauver la paix, empêchons la guerre !
Jeffrey David Sachs, alias Jeffrey Sachs, est né le 5 novembre 1954 à Détroit, dans le Michigan. C'est un économiste américain connu et reconnu internationalement. Il dirige et enseigne à l'Institut de la Terre à l'université de Columbia (New-York), a été professeur à Harvard jusqu’en 2002. Il est consultant spécial du secrétaire général des Nations Unies : Antonio Guterres.
Sachs a été conseiller économique de Gorbatchev en 1991 et d’Eltsine en 1992-93, pour « aider l’Union soviétique, puis la Russie, en tant que pays indépendant après décembre 1991 à supporter la crise financière, de manière à assurer la stabilité sociale et à améliorer les perspectives de paix et de réforme à long terme ». Ce qui s’est finalement traduit par une forme de pillage méthodique de la Russie. Il sait donc de quoi il parle ! Du coup, au sein de la contestation politique officielle, celle dite de « l'opposition au système », nombreux sont ceux qui affirment que Jeffrey Sachs bosse pour la kommandantur.
Et bien tant mieux !
En effet, qu'il travaille à l'ONU à des fins louables ou condamnables, qu'importe : il est au cœur même de la machine. De la matrice. Il est donc une des personnes les mieux placées pour nous dire ce qu'il s'y passe exactement. Et justement, il vient de donner son point de vue sur le sujet à la télévision américaine, dans une interview, où l'essentiel des questions qui lui ont été posées, portait sur la guerre en Ukraine.
Jeffrey Sachs à écouter. Conseiller spécial des Nations Unies et est actuellement défenseur des ODD auprès du secrétaire général des Nations Unies, António Guterres. Sachs (20 ans professeur à l'Université de Harvard) @jeffreysach pic.twitter.com/UoKfELb9R8
— Xavier Azalbert ◻ (@xazalbert) March 21, 2024
L'interview dure 6 minutes. Il explique les responsabilités véritables, les tenants et les aboutissants d'une guerre, dont le fait que son installation dans la durée, et l'intensification servent exclusivement des intérêts privés, complètement à l'opposé de ceux des peuples. En premier lieu, le peuple ukrainien, première victime en masse, de cette folie guerrière, qui, en plus de causer la mort inutile de centaines de milliers de personnes (soldats et civils), sur le champ de bataille, ruine et détruit l'économie occidentale, et de plus fait peser sur les peuples de la Terre, un danger de mort dorénavant pire que jamais.
Evidemment, Jeffrey Sachs connaît pertinemment la réponse à la question qu'il pose in fine, mais en sus, bon nombre de personnes sont d’accord avec lui, à l'image de Jimmy Dore.
Intervenu au Conseil de Sécurité de l’ONU en 2023, le commentateur politique Jimmy Dore résume la position américaine au journaliste Tucker Carlson dans une interview dont j’ai extrait le passage ci-dessous. Et cette interview en fit bondir plus d’un dans les alliés de l’OTAN.
« Je veux juste rappeler à tout le monde, que les États-Unis sont des terroristes mondiaux. Au cours des 20 dernières années, nous venons d'enflammer le Moyen-Orient, et maintenant, nous menons une guerre par procuration en Ukraine, que nous avons provoquée. L'Otan l'a provoquée. Et l'ancien Premier Ministre allemand vient d'admettre que nous l'avions provoquée.
Tout est question d'hégémonie, d'impérialisme et d'économie. S'il y a des Marines quelque part, c'est parce qu'ils volent des ressources naturelles à un autre pays.
Et pendant que tout le monde crie à quel point Poutine est un mauvais gars pour envahir l'Ukraine, les États-Unis occupent actuellement un tiers du territoire syrien.
Et de quel tiers s'agit-il ? Du tiers où il y a le pétrole.
Comment puis-je savoir que nous sommes là pour voler leur pétrole ?
Parce que le Président des États-Unis l'a dit.
Nous avons provoqué cette guerre, comme nous avons provoqué la guerre en Ukraine. Nous sommes en train de provoquer une guerre avec la Chine. Qui en profite ?
Je vais vous le dire maintenant. Votre ennemi n'est pas la Chine. Votre ennemi n'est pas la Russie. Votre ennemi est le complexe militaro-industriel qui a écrasé ce pays (l'Ukraine), pour détourner des centaines et des centaines de milliards de dollars.
Donc une fois de plus, les gens sont dans l'optique « La machine de guerre ne peut pas s'arrêter. »
Qui dirige le pays ? La machine de guerre. Des décisions n'ont pas été prises par Joe Biden. Je me demande qui prend les décisions ? »
Et pour justifier que Jeffrey Sachs dérange vraiment, il vous suffit de lire la lettre ouverte publiée le 20 mars 2023 dans le Berkeley News, la revue d'actualités et d'informations de l'Université de Californie Berkeley, dont voici un extrait : « Nous sommes un groupe d’économistes, dont de nombreux Ukrainiens, qui ont été consternés par vos déclarations sur la guerre russe contre l’Ukraine, et ont été contraints d’écrire cette lettre ouverte pour remédier à certaines des fausses déclarations historiques et aux erreurs logiques de votre argumentation. … Nous avons passé en revue les articles d'opinion sur votre site Web personnel et j’ai remarqué plusieurs modèles récurrents. Dans ce qui suit, nous souhaitons vous signaler ces fausses déclarations, parallèlement à notre brève réponse. »
Et la lettre se termine de la manière suivante : « En résumé, nous apprécions votre intérêt pour l’Ukraine. Cependant, si votre objectif est d’être utile et de générer des propositions constructives sur la manière de mettre fin à la guerre, nous pensons que cet objectif n’est pas atteint. Vos interventions présentent une image déformée des origines et des intentions de l’invasion russe, mélangent faits et interprétations subjectives, et propagent les récits du Kremlin. L’Ukraine n’est pas un pion géopolitique ni une nation divisée. L’Ukraine a le droit de déterminer son propre avenir. l’Ukraine n’a attaqué aucun pays depuis qu’elle a obtenu son indépendance en 1991. Rien ne justifie la guerre d’agression russe. Une boussole morale claire, le respect du droit international, et une solide compréhension de l'histoire de l'Ukraine devraient être les principes déterminants de toute discussion en faveur d'une paix juste. »
Pour revenir à la position de Jeffrey Sachs. J’en partage l’analyse en grande partie, et j'ajoute un point sur lequel, je pense, Jeffrey Sachs serait d'accord : l'attentat terroriste qui vient de frapper la Russie, intrinsèquement, n'est pas fait pour arranger les choses... en ce qui concerne la paix.
Toutefois, comme j'en ai émis l'hypothèse dans mon édito d'avant-hier (La vraie question : à qui profite le crime ?), heureusement pour nous, peuples occidentaux et de France, Vladimir Poutine ne s'est pas placé dans un esprit de vengeance, mais seulement de justice, consécutivement à cet attentat. C'est ce qui ressort du discours qu'il a prononcé samedi :
« Tous les auteurs, organisateurs et clients de ce crime subiront une punition juste et inévitable. Quels qu’ils soient, quel que soit celui qui les guide. Je le répète : nous identifierons et punirons tous ceux qui se tiennent derrière les terroristes, qui ont préparé cette atrocité, cette attaque contre la Russie, contre notre peuple. (…) Les terroristes, les meurtriers et les non-humains qui n’ont pas et ne peuvent pas avoir de nationalité sont confrontés à un sort peu enviable : le châtiment et l’oubli. »
Quant au soutien moral officiel que les Chefs d'Etat ont tenu à apporter à la Russie de manière quasiment unanime suite à cet attentat, en fin stratège Vladimir Poutine saura en tirer profit et à faire que ce que ce soutien se mue, dans les semaines qui suivront, en un soutien en faveur de la paix. Il ne consistera pas uniquement en des mots, mais en des actes. (1) Cependant, il est naïf de croire que cela serait suffisant, il faudra aussi s’assurer de remplir les conditions nécessaires.
Et il sera probablement aidé à cela par Xi Jinping, le Président chinois, mais aussi par les BRICS au sens étendu du terme, ou même l’Afrique, avec la nouvelle élection au Sénégal de Bassirou Diomaye Fay, candidat prônant un changement radical de système...
Et ce soutien moral, les Chefs d'État l'ont apporté à la Russie, ils l'ont chacun apporté au nom du peuple dont ils sont les Présidents, les rois ou les Premiers Ministres. Il leur sera dès lors fort difficile de désigner la Russie de Poutine comme étant « le super méchant » de l'histoire, sans passer, auprès de leurs peuples respectifs, comme des va-t'en guerre criminels sans empathie, conscience, ni morale, résultat d'une mort quasi certaine d’hommes, de femmes et d'enfants. C'est cela la guerre.
Certes, en pareille occurrence, pour éviter d'être évincés du pouvoir « façon Nicolae Ceaușescu », ils peuvent hélas compter, sur la protection de ceux des membres des forces de l'ordre, qui oublient, parce qu'ils ont été formatés, qu'en théorie, l'éthique et leur déontologie exigent d'eux, de toujours garder à l'esprit, qu'à leur devise, « Protéger et Servir », il convient d'ajouter « le peuple. » Protéger et servir le peuple, en tout premier lieu contre ceux qui oppriment, asservissent, mentent, trahissent, et mènent une politique qui en tous points va à l'encontre des intérêts de ce peuple, tel des mafieux qui aujourd'hui ont décidé de le mener à sa perte, via cette guerre qu'ils vont finir par imposer avec le support des forces de l’ordre et des armées à leur service.
Hormis, si d’aventure, et par un extraordinaire retournement de situation, ces mêmes forces de l'ordre et armées, les en empêchaient, dans un retournement de situation, dont le peuple de France leur serait éternellement et dûment reconnaissant.
Et à cet effet, je vous renvoie tous à ces deux éditos.
Dans « le rapport de force et la force du rapport aux autres », le 10 avril 2023, j’essayais de décrire ce que Moulessehoult a écrit dans « L’équation africaine » : « Il est manifeste que les dirigeants de bien des pays s’emploient à décider qui est le maître et qui est le sujet. Pour cela, ils mettent par exemple l'accent sur la sécurité, afin d’imposer à la population une société dont la gestion est axée sur le rapport de force. Dès lors que des dirigeants imposent par la force les décisions qu'ils prennent, leur souhait ultime est de substituer aux intérêts de ceux qui les ont placés au pouvoir, leurs propres intérêts. Et je rappelai que nos dirigeants seraient toutefois bien avisés de garder en mémoire la phrase de John Fitzgerald Kennedy : « La tolérance, ce n’est pas renoncer à ses propres convictions, mais refuser d’opprimer ou de persécuter autrui ».
Je complétais ces dires dans « Conscience et Consignes ». Dans cet édito du 23 avril 2023, je m’interrogeais : « faut-il obéir à tout ? » en rappelant à cet effet le film Outbreak, où l’acteur Dustin Hoffman incarne un médecin militaire qui cherche à convaincre un pilote de l’armée US Airforce, de ne pas larguer une bombe sur une petite ville de Californie, contaminée par un terrible virus. Au dernier moment, le pilote fait demi-tour, en enfreignant les ordres.
Mesdames et Messieurs, des forces de l'ordre et des forces armées, dans un avenir hélas de plus en plus proche, il vous appartiendra probablement de devoir faire un choix. Un choix qui prend en considération le rapport de force et la force du rapport aux autres, à savoir mettre en balance, d'un côté, les consignes que vous aurez reçues, et de l'autre côté votre conscience. Et de ce choix-là, l'avenir de l'Humanité toute entière pourrait bien en dépendre.
Cette communauté humaine dans laquelle figurent vos enfants, conjoints et parents vous regarde, et elle jugera sur actes.
Soit le regard de vos enfants, conjoints et parents, se posera sur vous, reconnaissant, plein de vie, d'amour et d'entrain, dans un monde de liberté et de justice, débarrassé de tous les parasites actuels (tant ceux d'en haut que ceux d'en bas), soit votre regard se posera sur des tombes.
Quand application de consignes totalement inadaptées, voire ineptes il y a, la violence extrême surgit nécessairement, telle une conséquence funeste inévitable. Et ceci pire encore, évidemment, quand l'ordre apparaît manifestement illégal, tant par nature que par destination.
Par nature, c'est quand l'ordre exige l'accomplissement d'un acte qui va à l'encontre de l'intégrité physique des individus, hommes, femmes et enfants qui constituent le peuple, l'entité que les forces de l'ordre et les forces armées doivent « Protéger et Servir », comme par exemple tirer à balles réelles sur la foule, ou ne pas porter assistance à des personnes qu'on sait être dans une situation où leurs vies sont sous la menace d'un péril de mort et qui intervient à l'occasion de faits qui sont en cours de commission.
Et par destination, c'est quand l'ordre exige l'accomplissement d'un acte qui certes ne met pas directement et immédiatement en péril l'intégrité physique d'une personne qui n'a commis aucun crime, mais qui conduit à ce qu'il soit mortellement porté atteinte à l'intégrité physique de cette personne, comme participer à une rafle ayant pour finalité de livrer in fine cette personne à un destin morbide, ou participer, à quelque titre que ce soit, à un protocole militaire qui va avoir pour conséquence, qu'en représailles, le feu nucléaire pourrait s’abattre sur le pays et pourrait causer la mort de millions de civils innocents. Sachant que d’autres armes plus insidieuses, mais tout autant létales pour la démocratie et la population sont mises en jeu avec les opérations psychologiques de la guerre covid, les dépendances accrues des populations aux gouvernements qui mènent au suicide général par imbécilité ou arrogance, entrainent un appauvrissement économique et social sans précédent (digne de la chute de Rome) et l’affaiblissement définitif des nations.
L’antidémocratie résulte de la défiguration de la démocratie par une chirurgie non esthétique constituant en l’instrumentalisation du syndrome de Stockholm et le triangle de Karpman qui se traduit par le sacrifice des peuples au nom d’un gout prétendu de la liberté qui finit en fait par leur asservissement.
Sauver la paix revient à prendre notre destin en main, en sachant que nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes. C’est notre devoir.
(1) officiellement ou non, on s'en fiche : seul le résultat compte !
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