Sciences-Polémique

Auteur(s)
Xavier Azalbert, France-Soir
Publié le 02 mai 2024 - 20:45
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EDITO - Et elle enflamme tout aussi bien les politiciens et les journalistes, que des artistes et les autres : vendredi 26 avril 2024, des étudiants de « Sciences-Po » (« Institut d'études politiques de Paris »), une des « Grandes écoles » françaises, en ont bloqué l'accès, par un « sit-in » devant l'établissement, en écho aux contestations qui agitent certains prestigieux campus américains. S'est ajouté à cela, le face-à-face tendu que ces étudiants ont eu avec des manifestants pro-Israël, venus sur place envenimer les choses comme requis, afin de donner à l'événement, l'importance nécessaire pour pouvoir être instrumentalisé. J'y reviendrai.

Des réactions nombreuses... qui parfois posent question tant sur le positionnement des journalistes, que sur les réactions des politiques - le débat n'est tout simplement plus possible

Revenons à Sciences-Po. Des CRS ont dû être déployés pour procéder à des évacuations dans la soirée, avant que la direction de l’école annonce un accord avec les manifestants pro-palestiniens. Celle-ci a notamment indiqué dans un communiqué de presse officiel, qu’elle prenait « l’engagement » de « suspendre les saisines de la section disciplinaire engagées depuis le 17 avril », alors que les militants demandaient eux « la cessation immédiate des poursuites disciplinaires envers les étudiants pro-palestiniens. »

La direction de l’école s’est aussi engagée à organiser un débat interne :

« Compte tenu de ces décisions, les étudiants se sont engagés à ne plus perturber les cours, les examens ainsi que toutes les activités de l'institution »

a écrit Jean Bassères, administrateur provisoire, dans un message spécial à ce sujet. 

En résumé, la direction a cédé. Cela a été dénoncé par de nombreuses personnalités politiques, ce qui a entraîné la mise sur la sellette de Sylvie Retailleau, la Ministre l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.

Pourquoi ?

Premièrement parce que l'impact généré artificiellement autour de ce micro-événement ayant atteint l'importance requise pour pouvoir être instrumentalisé par la propagande, il convenait « d'éteindre l'incendie », de le circonscrire à ce qui avait été convenu en haut-lieu : le foin indispensable à pouvoir invoquer les agissements d'Israël à Gaza consécutivement à l'attaque terroriste du Hamas du 7 octobre 2024.

En a-t-on donné les tenants et aboutissants ?

Que nenni !

Ni leur nature et leur portée matérielles et juridiques exactes, telles que j'en ai fait état dans mon édito du 18 avril 2024 : « ne pas confondre extrême et excessif ». Ce dernier visait à apporter une analyse froidement factuelle, tel que devrait le faire le pays de la Déclaration des droits de l’homme, la France qui avait porté la diplomatie au rang d’art reconnu internationalement, après avoir écrit « Liberté, égalité, fraternité » dans sa devise.

Pour revenir aux étudiants, cela constitue une espèce de contre-feu, qui évite de parler du fond du problème.

Bien sûr, le comportement des étudiants est excessif et inacceptable. Mais il intervient en réponse, au côté « extrême et excessif » de la relation, que certains n’hésitent pas à affubler « d’un caractère génocidaire » qu'Israël impose aux Palestiniens. Une relation qui n'attire aucune réponse internationale (exceptée la Corée du Nord), par peur de se faire immédiatement vilipender et traiter d'antisémite. Ceci n’est pas sans rappeler Mai 68 et son enchaînement d’événements qui mena à la situation que l’on connaît, de désolation au quartier latin, rapportée dans France-Soir.

Derechef, Sciences-Po étant un lieu d'enseignement et non pas un lieu de propagande, il est légitime, pour les autorités officielles, de faire publiquement en sorte que la polémique s'arrête à cela.

Car en outre, cela présente pour elles l'avantage suivant : ne pas parler non plus d'un problème autre et lui bien plus important.

Ce problème ô combien plus important que les éructations juvéniles de quelques étudiants manipulés à cet effet propagandiste dont je viens de vous faire état, c'est la façon dont sont cooptés, recrutés, formés les professeurs des Grandes écoles en général, et de Sciences-Po en particulier.

Pardi !

Dans une « majorité conséquente », ces professeurs sortent du moule « progressiste mondialiste » qui inclue la mouvance woke et LGBT+. Le conformisme aux idées y est plus souvent vu comme un facteur de sélection que le pluralisme. Cela se voit aussi dans les médias où la pensée dominante exclut les journalistes « de drouaaate », immédiatement rangés à l’extrême. Une « élite » complètement déconnectée de la réalité du terrain, dont Emmanuel Macron est l'archétype, et qui, par définition, ne peut que conduire la société traditionnelle, à minima au grand n'importe quoi, au pire, au chaos. Nous le constatons hélas chaque jour plus cruellement et dans quasiment tous les domaines.

De plus, deuxième raison pour laquelle la direction de Sciences-Po aurait cédé, serait que, dorénavant, une partie substantielle de ce qu'on peut appeler « le budget de fonctionnement »  de l'institution, est assurée par le Qatar ?

En effet, l'état qatari « finance » le nouveau campus de Sciences-Po Paris, comme bien d’autres universités américaines, dont 200 ont dissimulé pas moins de 13 milliards de dollars de financements étrangers, notamment de la péninsule.

Un rapport du NCRI (Network contagion research institute) a montré la contagion de la corruption de l’esprit américain à travers le financement externe des universités. 85% des universités bénéficiaires seraient plus enclines à censurer ou sanctionner les travaux de leurs chercheurs.

Et ce qui pose problème, c'est que la générosité du Qatar ne s’arrête pas à affecter certaines libertés fondamentales.

Non. Elle s’étend également au soutien financier du Hamas.

La causalité entre le financement et la capture des idées, n’est peut-être pas démontrable. Cependant, elle interpelle suffisamment pour que l’on se pose la question.

Au même titre que le financement de la dette française, interpelle par l’absence d’information sur « Qui l’achète ? » - information demandée sans réponse depuis des mois par l’essayiste Tom Benoit.

La dépendance économique ne fait pas bon ménage, aux pays des libertés, avec la démocratie, surtout sous l'influence effective de la maxime : « qui paye commande », une effectivité patente durant la crise sanitaire avec l’influence des labos.

Toutefois, dans la pièce de théâtre permanente que nous jouent les marionnettes politiques, en place de longue date, et maintenu à cet effet par l’état profond, Jean-Luc Mélenchon se serait vu attribuer le rôle du membre de l'équipe qui doit accaparer l'électorat de confession musulmane, donc des élus « LFI » se sont mis entre les étudiants et les forces de l'ordre. « Confession électoraliste » oblige ?

 

En effet, exactement comme le RN a pour mission que l'électorat nationaliste ne puisse se lier à un parti politique extérieur à cette tartuferie, susceptible de nuire aux intérêts de l’organisation « Canada Dry » en place (1), le parti de Jean-Luc Mélenchon s'est vu confier la même mission, à l'opposé sur l'échiquier politique : empêcher que l'électorat de confession musulmane, réputée être « anti-RN », ne se lie pareillement, à un parti extérieur au système, que ceux dont on tire les ficelles. La fausse démocratie verrouillée de toutes parts, principalement par des médias qui donnent la parole aux seuls candidats approuvés par le système, et surtout un accès aux 500 signatures de l'élection présidentielle réservé là aussi aux candidats approuvés par le système. La pression faite sur les maires s'est accentuée très nettement depuis que les parrainages de ceux-ci ne s'effectuent plus de manière anonyme, mais nominative : avec mention de leur identité.

Opération de communication réussie pour les LFI. (2)

À ce sujet, j'ai entendu dire que « Si le RN faisait cela, les médias hurleraient au scandale ! »

Je ne suis pas d'accord. Et voici pourquoi.

Pour que les médias hurlent au scandale, il faudrait que le Rassemblement National prenne similairement position en faveur des palestiniens. Or si à l'époque du « Front National » dirigé par Jean-Marie le Pen, l'extrême droite officielle était opposée à Israël d'une façon délibérément provocante, c'est aujourd'hui une position rigoureusement inverse, 100% en faveur d'Israël que le Rassemblement National a adopté depuis que Jordan Bardella en est le Président :

« Avec cet attentat ignoble commis par le Hamas, nous ne sommes pas devant un choc des civilisations, mais devant une atteinte barbare à la civilisation. »

Je traduis : pour Jordan Bardella, Israël, c'est la civilisation, et les palestiniens, la barbarie. (3) De Jean-Marie Le Pen à Jordan Bardella, est-on passé de l’inacceptable et inconcevable, à un soutien inconditionnel cautionnant les actions du gouvernement de Netanyahu ?  

Dura lex, sed lex aurait-on pu entendre en un autre temps - tout dépend de quelle loi on parle et de qui la contrôle !

Des députés Renaissance, eux, ont demandé « des sanctions exemplaires » contre les manifestants.

Oui, il faut leur reconnaître une chose à ces messieurs et dames, tous autant qu'ils sont, les membres de la Macronie sont toujours parfaits dans leur rôle d'enfonceurs de portes ouvertes, de donneurs de leçons, et de beaux parleurs : des engagements solennels constitués de paroles qui ne sont jamais suivies d'actes qui leur donnent une matérialité, si ce n'est, carrément, une matérialité contraire.

De son côté, le député LR Pierre Henry Dumont a demandé « la mise sous tutelle » de Sciences-Po, c'est-à-dire son placement officiel sous l'égide des patrons de Macron, Mélenchon, Bardella et Cie.

Oui, au moins ça aurait l'avantage d'être clair.

Enfin, quant à Valérie Pécresse, elle a déclaré vouloir « arrêter les financements de la région »  pour Sciences-Po.

Oui, c'est sa manière à elle de remercier les étudiants de Sciences-Po de lui avoir donné ainsi, l'occasion rêvée de sortir de l'oubli politique total où elle était tombée depuis son échec retentissant au premier tour de l'élection présidentielle de 2022. Une occurrence fabuleuse à un mois d'élections européennes où elle va pouvoir récidiver dans le ridicule en tous points : contenu de son discours, prestance, diction, résultat des urnes. J'en passe et des « meilleures » (des pires).

L’esprit de Mai 68 n’est pas loin, hormis qu’il est fomenté et à la merci de cette reprise-ci du slogan publicitaire du Canada Dry : « ça ressemble à Mai 68, mais ce n’est pas Mai 68 ! » (4). 

La tribune pour la Paix, la Justice et l’Egalité des peuples écrite en octobre 2023 n’en est que plus d’actualité.

 

 

1) un système « Canada Dry » : « ça a la couleur de la démocratie, le goût de la démocratie, mais ce n’est pas de la démocratie. » (4) Qu’est-ce donc alors ? Une organisation à caractère mafieux ? 

2) Rima Hassan, figure de prou de la liste LFI aux européennes, soutient ouvertement les étudiants de Sciences-Po pro-palestiens.

3) Et si l'on se réfère à la décadence politique dans lequel la France est tombée malheureusement, avec l'avènement des « Young Leaders » que l'état profond a placés à la tête de ses partis politiques de façade, force est de constater que Jordan Bardella contribue lui aussi, j'imagine sans le savoir (5), à la pertinence de cette maxime sociétale d'Antoine Wauters (écrivain Belge) :

« Le chemin le plus court qui va de la barbarie à la décadence, passe par la civilisation. »

4) si ce que j'ai repris ici concernant le système politique actuellement en place, c'est cette version déformée du slogan publicitaire véritable du « Canada Dry », c'est parce que c'est la version la plus couramment utilisée en France. Voici le slogan véritable : « Canada Dry est doré comme l'alcool, son nom sonne comme un nom d'alcool… mais ce n'est pas de l'alcool ! »

5) pour la connaître, il faut avoir ce minimum de culture politique qu' Emmanuel Macron, Gabriel Attal, Prisca Thévenot et Cie, n'ont visiblement pas, tout comme l'excellent perroquet lui qu'est aussi Jordan Bardella.

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