Une récupération Assange unique et à sens interdit !
EDITO - La tentation serait-elle grande pour les politiciens, et plus particulièrement l’un d’eux, de tenter de se refaire en accordant l'asile politique à l'ennemi public numéro 1 de l’Oncle Sam?
Julian Assange est plus qu’un symbole de la liberté d’expression puisqu’il a non seulement mis à jour un grand nombre de secrets, avant de devenir la cible de nombreuses attaques. Dernièrement,il a reçu la visite du journaliste américain Tucker Carlson qui, pour l’occasion, était accompagné de Stella Assange, sa femme, à la prison de Belmarsh. Dans le même temps, le prisonnier australien recevait la visite de la médaille Fields 2010 et ancien député LREM Cédric Villani, qui a, de longue date, pris position en faveur de sa libération.
En France, Emmanuel Macron, face à des sondages catastrophiques, semble bel et bien tenté de faire tapis. “All in” comme disent les British (1) ! Des ennuis, “Emmanuel X” en a en ce moment autant sur la scène internationale, où le “en même temps” ne fait pas recette, que sur la scène nationale. Mise à distance par Poutine (épisode de la table longue début 2022...), perte d’influence de la France en Afrique (été 2023), positions obscures sur le conflit au Moyen-Orient, situation économique terriblement délicate de la France (une dette augmentée de plus de 600 milliards en trois ans sans réel résultat, une politique sanitaire catastrophique, le pouvoir d’achat des Français en berne, et leur moral itou) : la grogne monte de partout.
Aux Etats-Unis, Robert Kennedy Jr., candidat à la présidentielle, sorti de la course à l’investiture dans le camp démocrate, a pris très tôt position en faveur de la libération d’Assange :
"Il n’y a pas d’Amérique sans presse libre. Il n’y a pas de presse libre sans Julian Assange libre."
There is no America without a Free Press.
— Robert F. Kennedy Jr (@RobertKennedyJr) March 19, 2023
There is no Free Press without a free Julian Assange.https://t.co/42pmSCw1uS
De son côté, l’ancien président Trump, en tête des sondages de la prochaine élection US, a longtemps été critiqué pour ne rien avoir pardonné des actions d’Assange et de Wikileaks. Quelques jours après la visite de Carlson à Assange, Trump a tout même déclaré qu’il voyait en Tucker Carlson un vice-président des Etats-Unis. Il n’est donc exclu que sa position puisse évoluer rapidement.
Plutôt que de risquer de se griller davantage, en allant lui-même directement démarcher Julian Assange, “Emmanuel X” pourrait être tenté de déléguer cela à un émissaire. Un émissaire qui, officiellement, agit pour son propre compte et non pour le compte de l’Élysée.
Pardi !
Certes, accorder l'asile politique à Julien Assange, ce serait, pour “Emmanuel X”, une occasion unique de redorer son blason. Néanmoins, vu la position des États-Unis sur le sujet, cette récupération est un sens interdit qu'il aura bien du mal à emprunter en raison de ses liens de subordination aux Etats-Unis...
On l'a vu avec la gestion de la crise Covid : il est peu capable d'évaluer la balance “bénéfices/risques”. D'où, j'insiste, une prudence de mise et le choix d'un "envoyé spécial"...
Un émissaire qui pourrait donc bien être le mathématicien Cédric Villani. Élu député en 2017 sous l'étiquette La République en marche, parti en 2022 chez les écologistes, par conviction plus que pour voir si l'herbe y était plus verte, il n'a pas réussi à se faire réélire sous ces nouvelles couleurs...
Malgré des désaccords de façade, il pourrait être resté proche, personnellement, d’”Emmanuel X” et aurait pu se coller à la tâche...
Le 31 octobre 2023, Cédric Villani a donc rendu visite à Assange. La tentation pour l’exécutif français aurait donc pu être grande d’évaluer l'opération “Récupération d’Assange”... Jouable ou pas ? La visite du mathématicien aurait donc pu permettre, non pas de “jeter” la première pierre (il s'agit de diplomatie), mais de la poser...
Pour rappel, Julian Assange est hélas incarcéré dans la prison de haute sécurité de Belmarsch, où il est incarcéré depuis 2019, dans l'attente d'une possible extradition vers les États-Unis, où il encourt jusqu’à 175 ans d’emprisonnement (2).
Cet homme qui a révélé la mainmise criminelle de “Big Brother” sur le monde de l'espionnage, risque donc de passer en prison le reste de son existence.
Dès lors, qu'importe que l'asile politique accordée par la France à Julian Assange soit une manœuvre politico-politicienne d’”Emmanuel X" lui permettant de reprendre du poil de la bête. Allez-y Monsieur Macron : faites-le ! Une occasion rêvée de redorer votre blason tant à l’étranger qu’en France. Dès lors, sautez sur l’occasion pour vous libérer de vos liens atlantistes et en développer de nouveaux, c’est le moment. N’est-il pas encore temps de remettre la France sur l’échiquier international de la diplomatie, en rappelant que nous avons comme devise : "Liberté-Egalité-Fraternité", et que la France est le pays de la Déclaration des droits de l’homme ? Et ce, quoiqu’il en coûte...
Pour une fois — si si ! Sincèrement — je suis de tout cœur avec vous, monsieur le Président.
(1)Tel que me le souffle Michel Constantin, apôtre de la diplomatie dans le film « Ne nous fâchons pas » de Georges Lautner, le père Michel, alias Monsieur Jeff, s'emploie, tel un Henry Kissinger au sommet de sa forme, à ce que la guerre n'éclate pas entre des British justement, menés par un ancien colonel de l’armée des Indes, et son ami Antoine “Tonio” Beretto (interprété par Lino Ventura) ex-truand comme lui et à qui Léonard Michalon (interprété par Jean Lefebvre), escroc bonimenteur et monsieur catastrophe pire qu’“Emmanuel X”, cause des ennuis XXL...
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