Wanted !
ÉDITO - Comme moi, vous avez certainement dû voir cette photographie judiciaire historique - le fameux mugshot - de Donald Trump en prison. Cette photo d’identité a immortalisé sa brève incarcération à Atlanta (Géorgie), aux États-Unis, libéré sous caution quelques minutes après à peine.
Mais qu'en est-il exactement du "pourquoi et du comment" de la chose ? J'entends par là quels sont, au principal, la portée et le but, premièrement de ce placement en détention provisoire en lui-même, et deuxièmement (et surtout) de son ultramédiatisation ?
J'ai mon petit avis sur la question. À charge pour vous ensuite de me dire en commentaire ce que vous en pensez. De me faire part du vôtre et des critiques concernant ce qui est donc le mien, l'humble appréciation aussi objective que, devoir journalistique oblige, je me dois de vous donner. C'est parti !
Juridiquement, le "pourquoi et le comment" est on ne peut plus clair et simple. Donald Trump Jr a été mis en accusation par la justice américaine, pour des chefs criminels qui, aux termes de loi de procédure pénale locale, exigeaient qu'il passe par la case prison, un Monopoly judiciaire lors duquel, comme dans le jeu de société en question, il n'a pas touché 20.000 $ ou €.
Non, au contraire. En effet, comme là aussi le veulent à la fois la règle de ce jeu et la loi américaine, il a dû payer pour pouvoir en sortir. En l'occurrence s'acquitter du montant de la caution que le juge saisi du dossier a fixée à cet effet, soit 200.000 dollars.
On peut donc affirmer avec exactitude que Donald Trump Jr a été traité par la justice américaine comme elle le fait normalement avec tout justiciable qui a la chance d'être suffisamment fortuné pour pouvoir échapper de la sorte à un enfermement qui sinon aurait perduré jusqu'à la date de son procès.
Le délai moyen pour être jugé est très nettement plus court là-bas qu'en France (jusqu'à dix fois plus court pour les procédures criminelles), mais tout de même, étant donné que, plus habitué qu'il est au luxe et à une haute protection contre les attaques physiques de ses adversaires, Donald Trump Jr aurait sans doute trouvé le temps long et angoissant, les 6 à 8 semaines de ce délai moyen durant.
C'est concernant le traitement médiatique de cette brève incarcération que selon moi il y a beaucoup à redire. Et cela avec deux approches : celle qui privilégie l'hypothèse que tout ceci en réalité n'est qu'une partie de la gigantesque pièce de théâtre qui nous est jouée en permanence par les politiciens et les médias américains de tous bords, officiellement, mais qui en vérité en constitueraient un seul, et l'approche qui privilégie l'hypothèse que Donald Trump Jr est un authentique opposant au "monde de la finance" et au "nouvel ordre mondial".
Une sorte de "Poutine américain" qui, comme le chef du Kremlin, œuvrerait "pour le bien de l'humanité" via la destruction de la gouvernance mondiale axée sur le dollar.
Impartialité journalistique oblige, je ne vais pas prendre parti sur ce point. Je vais me contenter de vous exposer les arguments qui plaident en faveur de ces deux approches. Commençons par celle qui privilégie l'hypothèse de la pièce de théâtre gigantesque et permanente.
Certes, c'est à l'initiative revendiquée de Donald Trump que l'ultra médiatisation de son incarcération est intervenue. Mais, "en l'espèce", (c'est doublement le cas de le dire : terminologie judiciaire et libéré sous caution qu'il a été), pro-Trump et anti Trump réunis, ce sont les médias dans leur totalité qui s'en sont fait l'écho, d'une part, et d'autre part tous ont bel et bien entretenu la légende affichée de Donald Trump, chacun selon leur tendance sur le sujet, "sauveur de l'Amérique" pour les uns, "escroc" pour les autres.
Et avec quelle résultante ? L'accaparement de l'attention des rares Américains qui s'intéressent encore à la politique par ce fait divers, et évincer ainsi les débats d'idées, les débats sur le fond : parler des causes plutôt que de parler toujours uniquement des conséquences, d'enfoncer des portes ouvertes et de faire du foin pour rien à l'intérieur d'un système bipartite US qui dès lors, effectivement, vu sous cet angle, a tout d'une pièce de théâtre : un coup les démocrates, un coup les républicains, et avec pendant chaque alternance et durant chaque nouvelle campagne électorale, chacun des deux camps qui impute à l'autre la responsabilité des problèmes du peuple.
Un peu comme la droite et la gauche chez nous. Sauf qu'Emmanuel Macron a dissout socialistes, communistes et "extrême gauche" dans un imbroglio incapable d'unité. Il a pareillement réduit à sa partie congrue une droite morcelée et une "extrême droite" que l'arrivée d'Éric Zemmour a fini de faire exploser, qui refusent systématiquement de s'entendre pour toute autre chose que crier haut et fort que "l'immigration de masse" est la cause de tous les maux de la France et des Français. Sauf qu'Emmanuel Macron gouverne seul, qu'il est à la solde des banques, et qu'en plus il n'est pas, lui, à l'écoute du peuple. Je schématise un peu mais c'est hélas grandement tout à fait cela.
Et s'agissant des ennemis américains de l'Amérique que Donald Trump prend systématiquement pour cible dans ses invectives, et à qui il promet la prison et pire, les sceptiques ont cette question : pourquoi n'a-t-il pas fait le nécessaire à ce que cela fût effectif lorsqu'il était Président des USA ? Usant du Patriot act 1 et du Patriot act 2, il pouvait les faire arrêter et incarcérer tous, et même également carrément les faire torturer et exécuter sur ordre, donc du Président des États-Unis, simplement en affirmant, couché par écrit signé de sa main que ces personnes portaient (et portent encore dit-il) atteinte à la sécurité du pays ou à ses intérêts supérieurs. Et pareil pour les tenanciers du système bancaire.
Cette même haute finance grâce à laquelle, monétisées en bourse qu'elles ont toutes été, ses activités commerciales lui ont fourni les capitaux indispensables à mener campagne et être élu, puis "jouer à Don Quichotte depuis la Maison Blanche", là ce sont ses détracteurs qui parlent.
Voilà. Passons maintenant à l'approche qui privilégie l'hypothèse que Donald Trump Jr est une sorte de Poutine américain, hypothèse qui induit que Vladimir Poutine lui aussi est un authentique opposant au "nouvel ordre mondial" lié aux institutions supranationales ennemies des peuples. Mais de ça, je vous laisse également juger par vous-mêmes. Aujourd'hui intéressons-nous uniquement à Donald Trump.
S'il est véritablement cet homme-là, avoir œuvré pour l'ultra médiatisation de son passage en prison est finement joué. Premièrement, cela atteste du fait qu'il veut avant tout être un citoyen américain comme les autres, ne bénéficier d'aucun passe-droit et respecter les institutions de son pays, notamment donc une justice américaine qu'il appelle de ses vœux à juger ceux qui - selon lui - ont volé l'élection présidentielle de 2020 et empêché sa réélection par des manœuvres et procédés criminels.
Et deuxièmement, cela accentue autant que possible la matérialité affirmée de ce qu'il dénomme comme étant le traitement totalement illégal qu'il subit, lui, l'acharnement politique, juridique et Cie de ses adversaires à son endroit, les ennemis de l'Amérique qui ont juré de l'abattre.
Autant d'éléments pleinement à même de se présenter aux yeux des électeurs et des militaires américains, comme étant le seul capable de les extirper du piège mortel dans lesquels ces personnes ont placé, non seulement le pays et ses habitants, mais également le monde dans sa totalité.
Un chaos auquel les BRICS s'opposent, Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud (et les six nouveaux adhérents) avec lesquels Donald Trump est prêt à travailler pour garantir aux peuples du monde l'autonomie politique, celle à laquelle, concernant le peuple américain, il veut ajouter mieux que juste l'autonomie économique, financière et militaire : la suprématie américaine de jadis sur le monde.
Certains soutiennent que c'est 100% antinomique avec un travail plus ou moins main dans la main avec les BRICS, et sans doute n'ont-ils pas tort. Cependant, étant donné que (et ça c'est la vérité), rien n'est impossible en politique quand les parties aux litiges acceptent de discuter des problèmes dans un respect mutuel et dans le but d'arriver à un compromis qui satisfait au mieux aux intérêts communs et propres de chacun.
Or, force est de constater que durant son mandat présidentiel Donald Trump, seul Président US à n'avoir mené aucune guerre militaire, s'est montré plutôt habile dans cet exercice, et avec tous les dirigeants des BRICS. Et même aussi avec "le super méchant" du moment : Kim Jong-un, le Président de la Corée du Nord.
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