Aliénation : comment s’en débarrasser ?
TRIBUNE — Comment avez-vous réagi lorsque vous avez lu que la « Matinale week-end » de CNEWS*, le 20 novembre au matin, titrait (avec une intéressante faute d’orthographe) : « Antivax : comment s’en débarasser ? ».
Ça va pas un peu loin, là ? pic.twitter.com/N9TSeN7kaU
— Xavier Legay Ⓥ (@xav_leg) November 20, 2021
Honnêtement, que vous croyiez au vaccin ou non, comment avez-vous réagi ? Quel petit frisson ce titre a-t-il fait courir le long de votre colonne vertébrale ? Avez-vous aimé ressentir ce frisson ?
Posez-vous maintenant la question en ces termes : pensez-vous n’être qu’un corps équipé d’un système nerveux central qui ne peut que réagir d’une certaine façon, lorsqu’il a été conditionné pour cela, à la manière des pauvres chiens qui ont subi les expériences de Pavlov ? Ou bien, pensez-vous être doué d’une solide aptitude à faire des choix, capable de dépasser les appels à la haine qui nous sont savamment distillés depuis des mois et qui, en nous divisant, nous affaiblissent chaque jour un peu plus ?
Mettons les pieds dans le plat : cet article n’a absolument rien à voir avec la vaccination, ni les croyances, les espoirs, les angoisses qu’elle génère. Ceux qui lisent les articles que je poste sur FranceSoir depuis un an savent ce que j’en pense, et savent que je respecte les opinions et interprétations qui divergent de la mienne (lorsqu’elles sont fondées sur autre chose qu’un désir de nuire). Cet article concerne l’aliénation dans laquelle chaque être humain vivant aujourd’hui a le choix de sombrer corps et âme – ou non.
Le dictionnaire juridique définit l’aliénation comme le résultat d'une opération juridique qui a pour conséquence de faire sortir un bien ou un droit du patrimoine de celui qui en est l'actuel propriétaire ou l'actuel titulaire. À l’opposé, un droit ou un bien non cessible est « inaliénable ». Dans la vie courante, on utilise le terme « aliénation » comme synonyme de folie, mais aussi d’isolement social. Mais, ce sont les contributeurs du Larousse qui, sans doute pris d’une inspiration prémonitoire, ont défini ce terme d’une façon qui s’applique parfaitement à notre situation, ce 22 novembre 2021 :
« Aliénation : état de quelqu'un qui est aliéné, qui a perdu son libre arbitre (…) situation de quelqu'un qui est dépossédé de ce qui constitue son être essentiel, sa raison d'être, de vivre. »
La vraie question est donc : comment allons-nous réagir à la campagne délibérée d’incitation à la haine « pro-vax contre anti-vax et vice versa » qui nous aliène, dans tous les sens du terme, chaque jour un peu plus ? À qui profite le crime de haine ? Aux « pro » ? Aux « anti » ? Les peuples ont-ils quoi que ce soit à gagner à se définir comme appartenant à un camp ou à l’autre ? Et dans la négative, qui y gagne, et quoi ?
Quelle que soit notre position, que nous soyons vaccinés ou non, nous avons tout intérêt à prendre un instant pour réaliser que ceux qu’on nous présente comme nos adversaires, ceux du prétendu « camp d’en face », ont fondamentalement les mêmes problèmes, les mêmes aspirations et les mêmes angoisses que nous. Dans « Russians », le chanteur Sting exprime son espoir, en pleine guerre froide, que les Soviétiques aiment leurs enfants « eux aussi », ce qui supprimerait tout risque d’une 3ᵉ guerre mondiale.
Aujourd’hui, ne vous posez même pas la question, car il est absolument clair que l’immense majorité des humains, « pro-vax » ou « anti-vax », aime ses enfants, et que chacun est sûr de faire ce qu’il y a de mieux pour eux en décidant de leur injecter ou de ne pas leur injecter un « vaccin anti-COVID ».
Alors ne soyons pas des Bisounours et prenons conscience une fois pour toutes du fait que ceux qui veulent à tout prix que nous nous haïssions les uns les autres ont un mobile pour cela, et que notre intérêt supérieur n’est pas ce qui dicte leurs actes.
Nous, le peuple, sommes une fois de plus réduits au rôle de chair à canon, propulsés les uns contre les autres dans une guerre qui n’est pas la nôtre. Nous avons le choix de nous entredéchirer pour le plus grand bien de nos « élites » et de leurs porte-paroles, ou d’imiter les poilus et leurs homologues allemands qui, dans leurs tranchées à Noël 1914, ont spontanément décidé de fraterniser. Mais gardons-nous de commettre la même erreur que ces derniers. Car ces hommes n’ont décidé que d’une trêve temporaire. Dès l’aube, dans les deux camps, les petits soldats ont repris les armes, persuadés qu’ils avaient de bonnes raisons pour le faire. Au total, c’est 20 millions de personnes qui ont payé de leur vie leur habitude bien ancrée d’obéir aveuglément à leurs « supérieurs », et d’accepter de haïr sans se poser de questions ceux du « camp d’en face ».
Je conclurai en citant l’affiche créée par le couple Lennon-Ono pendant la guerre du Vietnam : War is over! If you want it.
*NDLR : Pour l'heure, nous ne sommes pas parvenus à retrouver le replay de cette émission. On tombe sur le message d'erreur suivant : "Cette vidéo ne peut être lue". Par ailleurs, l'avocat Fabrice Di Vizio a annoncé saisir le CSA pour "provocation au crime" suite à la diffusion de ce bandeau.
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