De la dignité humaine sur Jupiter
TRIBUNE - Les autorités sanitaires internationales ont décidé de faire vacciner leur troupeau. Cette phrase vous choque ? Le mot troupeau probablement. Vous ne souhaitez pas être comparés à du bétail je présume. Je le comprends. Mais, c’est là le lieu d’interroger la différence entre la vaccination d’un troupeau et celle à laquelle nous assistons en masse aujourd'hui. Aussi je souhaite vous rappeler ce qui distingue encore l’humain du bétail : la conscience de sa dignité. Volià ce dont le président, ses inconditionnels et, une part non négligeable de la population française, voudraient que je me départisse. Mais, je vous le dis, il faudra sortir le licol pour m'y contraindre et m’amener à la vaccination.
Jupiter est une planète géante, mais gazeuse. Tellement gazeuse, qu’elle n’a pas de surface réelle. Rien de très consistant, du vent. Jupiter est une sorte d’étoile ratée : sa composition, hélium et hydrogène, aurait pu en faire un soleil. Ce n’est qu’un soleil avorté. Alors qu’elle est la planète la plus imposante de notre système solaire, sa densité n’est que le quart de celle de la Terre. Difficile d’avoir les pieds sur Terre, sur Jupiter. Brasser du vent y est assurément le système de locomotion le plus adapté. S’y mettre en marche relève davantage du météorisme et de l'éructation que de l’ascension de l’Everest. C’est en effet à cet exercice que se prêtent nos premiers de cordée, médias, médecins, responsables politiques et institutionnels, dont les qualités pour l’orientation nous précipitent toujours plus dans le ravin. Car c'est une chose de gonfler à l’hélium du marketing médical pour en faire une réalité, c'en est une autre que de contraindre un être humain à abandonner son droit à disposer de son corps.
Dans le premier cas, vous ne faites qu’utiliser avec cynisme la bêtise au sens propre, la besterie, dérivé du mot bête. Vous entendez exploiter cette bête humaine que décrivaient Zola et le Dr Cesare Lombroso au XIXe siècle, marqué par son hérédité, déterminé, incapable de libre arbitre, d’esprit critique, de capacité d’entendement, un individu qui acceptera tout sans réfléchir, ni vérifier, dès qu'on lui décrira un fait comme scientifique. Dans l’autre cas, vous portez atteinte à la dignité humaine, ne respectant pas les personnes en les traitant comme un vulgaire bétail dont on disposerait du corps à volonté. Une volonté qui est la vôtre, non la leur. Toute dignité humaine se voit anéantie par les mesures imposées par Emmanuel Macron, du moins dans l’acception qui fonde nos démocraties. Lui, préfère la version féodale, celle des dignitaires. Pour le moment, je constate avec désolation que cette notion ne préoccupe en rien une part de mes concitoyens et que le chef de l'État, peut la piétiner sans que nos plus hautes juridictions ne réagissent. Cela ne laisse rien présager de bon.
Voir aussi : L’homme comme du bétail
Commençons donc par essayer de définir ce qu’est la dignité humaine, ce qui n’est pas chose aisée car plusieurs acceptions cohabitent. Le Larousse en délivre deux sens :
- Respect que mérite quelqu'un ou quelque chose.
- Attitude empreinte de réserve, de gravité, inspirée par la noblesse des sentiments ou par le désir de respectabilité ; sentiment que quelqu'un a de sa valeur.
La notion de dignité épouse donc celle de respect, de respectabilité. Elle coïncide avec des dispositions respectueuses envers le monde qui nous entoure. Mais cela demeure assez flou : chaque personne possède sa propre échelle de respect, de respectabilité. On peut estimer digne de respect les personnalités, les riches, les dignitaires de l’État, mais on peut aussi vouer ce respect à tous les êtres vivants, ce qui inclut les animaux. Certains vouent même ce respect aux biens. Il semble, par conséquent, difficile d’établir une définition universelle pour ce qui est de la dignité. Qu’en est-il de la dignité humaine, spécifiquement humaine ?
On peut tout d’abord affirmer sans prendre trop de risques que c’est ce qui distingue l’homme de l’animal. Puisqu’elle est humaine, elle ne peut pas être animale. « Il nous appartient, puisque notre condition native nous permet d’être ce que nous voulons, de veiller par-dessus tout à ce qu’on ne nous accuse pas d’avoir ignoré notre haute charge, pour devenir semblables aux bêtes de somme et aux animaux privés de raison » - affirmait Pic de la Mirandole dans son Oratio de hominis dignitate en 1486. La question est donc de savoir ce qui nous distingue de l’animal, pour approcher cette définition. La constitution biologique des organismes ne saurait servir de boussole, car l’homme est le fruit de l’évolution et le discontinuum est loin d’être aussi net qu’il n’y paraît pour le commun des mortels, d’où les limites rencontrées par ceux qui entreprirent de définir la dignité humaine en se fondant sur le génome humain. On ne peut donc pas se reposer sur les différences biologiques entre l’homme et l’animal.
Et le cerveau humain à qui l'on attribue l'origne de l'une des spécificités de l'espèce humaine ? Que fait-on alors des hydrocéphales, des lobotomisés, des aliénés, de ceux qui souffrent d’atteintes cérébrales graves mais n’en restent pas moins humains ? Si le libre arbitre et la capacité d'entendement sont une dimension importante de la dignité humaine, ils ne la comprennent pas tout entière, car on ne saurait la réduire aux seules facultés cognitives. En revanche, la dignité a quelque chose à voir avec l’idée que l’humain est capable de se faire de lui-même.
De quoi s’agit-il ? De la conscience à la fois rationnelle et morale à laquelle chaque individu a la faculté d’accéder, au moins en puissance, du seul fait de son appartenance au genre humain. Cette aptitude est en soi éminemment respectable, puisqu’elle induit fondamentalement la possibilité de respect de son semblable. Pour le dire autrement, c‘est l’appartenance au genre humain en tant qu’espèce capable de conscience rationnelle et morale qui fonde la dignité intrinsèque de chaque individu humain.
Dans Fondements de la métaphysique des mœurs (1785), Kant s’efforce de dégager l’essence de la moralité à partir du savoir immédiatement évident à la conscience commune. L’importance qu’il accorde à la dignité est déduite de la spécificité de l’homme comme personne c’est-à-dire en tant qu’agent de moralité. Ce sont les attributs de la personne qui permettent de saisir les caractéristiques et les implications du concept de dignité. Alors que les animaux répondent mécaniquement aux stimuli de la nature, les hommes agissent selon des motifs déterminés par leur raison. « Quand un chien a faim et qu’il a de la nourriture devant lui, il doit manger, alors que l’homme, lui, en pareil cas peut se retenir. » L’homme peut soit suivre la loi de la raison, soit se laisser aller aux penchants dictés par la nature.
Ici, la raison consiste à ne pas se laisser emporter par la frénésie des médias, des réseaux sociaux, par l’urgence décisionnelle pour les carriéristes du bien public. Il s’agit de médecine, de santé, de sécurité sanitaire. Les ambitions électorales, les prétentions vertueuses, la responsabilité tyrannique, les dogmes économiques, le marketing médical, la peur psychotique induite, n’ont rien à faire dans cette problématique. Le passe sanitaire et la vaccination obligatoire à venir ne sont ni scientifiques ni sanitaires. Il s’agit de littérature. Il s’agit de construire un récit. Le récit d’un président et d’une élite médicale qui auraient tout fait pour protéger les Français. Pour ce qui est du corps médical, la plupart des représentants ayant conseillé le pouvoir ou ayant séquestré les médias sont de simples lobbyistes, bouffis de conflits d’intérêts ou d’ambitions professionnelles. Rien de scientifique. Leur position sur de nombreux sujets, les projections, les traitements, l’impact des mesures restrictives, et tant d’autres bêtises, feront encore rire les étudiants en infectiologie dans deux siècles. Même les moines de l’inquisition sembleront plus à propos. Pour ce qui est de notre président Emmanuel Macron, l’instrumentalisation de cette épidémie pour se faire l’incarnation du père de la Nation, qui protège la vieille et le doyen, qui jette la bourse de l’État aux roturiers dépossédés par l’État, qui fait preuve d’autorité envers ceux qui refusent de boire le breuvage de la Nation, de la solidarité et du civisme, cette instrumentalisation est tout simplement ignoble par les conséquences durables qu’elle engendre. Entendre notre président critiquer Poutine ou Erdogan va être de plus en plus insipide.
Revenons à la raison, cette raison qui distinguerait l’homme de l’animal et dessinerait les contours de la dignité humaine. Faut-il être doté de raison ? Que fait-on des fous, des aliénés, des sectes. Comme notre président aimerait nous y réduire. Mais là encore, ça ne marche pas. Le fou, l’aliéné, le membre d’une secte, sont des êtres humains, des personnes humaines, dignes de dignité. La raison ne suffit pas à définir la dignité humaine et le respect qui lui est dû, respect que notre président a depuis toujours méprisé. Si la raison ne suffit pas, comment alors définir cette dignité humaine ? Reprenons le sentier Kantien qui ne se résume pas à la raison. Pour Kant, la conscience du devoir implique la liberté (au sens du libre-arbitre) et la détermination de la volonté par la raison (l’autonomie à proprement parler). C’est cette capacité à se hisser au-dessus de sa condition naturelle et immédiate, d’agir en fonction d’une loi morale et d’être pleinement responsable de ses actes qui ont amené Kant à définir l’homme comme une fin en soi. Une « fin en soi » se dit d’un être que l’on doit servir mais dont on ne peut se servir. Sans les concepts de sujet, de bonne volonté, de raison, d’impératif catégorique et de fin en soi, nous ne pouvons pas nous faire une idée précise de ce que recouvre le concept de dignité. Le principe de dignité permet de donner une expression concrète à l’impératif catégorique : "Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme un fin, jamais simplement comme un moyen."
Je n’adhère pas totalement à cette définition en cela qu’elle exclut les êtres humains qui ne sont pas pleinement responsables de leurs actes, qui ne sont pas capables de se hisser au-dessus de leur condition naturelle et immédiate. C’est le cas notamment de nombreuses personnes en situation de handicap mental. Pourtant, Cette définition suffit à disqualifier Emmanuel Macron moralement, philosophiquement et nous le verrons juridiquement. « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme un fin, jamais simplement comme un moyen », écrivait Kant en 1785 dans ses Fondements de la métaphysique des moeurs. Si l’on se fonde sur cet impératif pour définir la dignité humaine, le président la bafoue à plusieurs titres. Il entend contraindre ceux qui, pour différentes raisons, ne souhaitent pas se soumettre à cette expérimentation, en considérant ces citoyens comme le moyen d’atteindre l’immunité collective. Pour la plupart d’entre eux, le risque de développer une maladie même en étant porteurs est infinitésimal, pour ne pas dire nul. Ce fait est indéniable : les personnes susceptibles de développer une forme grave sont fragiles, âgées, diabétiques, en surpoids, hypertendues. Le citoyen lambda est donc considéré comme un moyen d’atteindre une immunité collective censée protéger ceux qui sont susceptibles de développer la maladie. Ce qui est abscons : si le vaccin les protège, l’immunisation du citoyen lambda ne saurait les protéger davantage. Ou bien les vaccins ne les protègent pas et de cela, le citoyen lambda n’est pas responsable. Mais la réalité est cruelle pour ce raisonnement absurde : l’immunité collective n’est-elle pas décrite comme un leurre par de nombreux scientifiques éminents ?
Depuis quand le savons-nous ? Depuis toujours, car il était prévisible qu’un virus à ARN mute et que la stratégie sanitaire qui faisait du vaccin le bon outil préventif était absurde. Mais outre l’évidence, de nombreux éléments permettaient de le savoir sans doute possible, bien avant que Emmanuel Macron s’adonne à son discours martial le 12 juillet, bien avant que le Conseil d’État et le Conseil constitutionnel ne statuent. Plusieurs clusters dans des EHPAD, dans des bateaux de croisières, dans des boites de nuits, faisaient état de contamination possible entre personnes vaccinées. Début juillet, l’État du Massachusetts aux États-Unis, État parmi les plus vaccinés, alerte les autorités sanitaires de clusters n’impliquant que des vaccinés. Il est alors établis que les vaccins n’empêchaient pas la transmission et l’infection chez les vaccinés. Fin juillet, avant que nos hautes juridictions ne statuent, le CDC américain publie une alerte demandant de rétablir le port du masque même pour les personnes vaccinées, pour lesquelles la charge virale était identique aux personnes non vaccinées. L’immunité collective était définitivement enterrée. Le Conseil constitutionnel n’avait alors pas encore statué. Or, c’est là que le bas blesse : Le Conseil constitutionnel fait reposer toute sa décision sur la passe sanitaire sur une hypothétique efficacité des vaccins à entraver la progression de l’épidémie. Sur quelle base scientifique nos Sages ont-ils fait reposer leur certitude ? Aucune, comme nous venons de le démontrer. Les Sages reconnaissent qu’ils autorisent des atteintes aux libertés fondamentales se fondant sur le contexte épidémique, dont la réalité prête autant aux doutes que l’efficacité des vaccins. Ils ont tout simplement omis dans leur réflexion de même juste considérer le problème de dignité humaine, qui elle, est intangible et ne saurait dépendre d’un quelconque contexte, fût-il prétendument sanitaire.
Tout aussi intéressante est l’observation de la manière dont on traite un troupeau de bétail lors d’une épidémie. Comme nous, les troupeaux peuvent être soumis à différentes mesures dans de telles circonstances. Il est alors surprenant de découvrir que la mesure principale consiste en l’isolement des animaux malades, ce qui n’a jamais été envisagé de manière sérieuse durant la pandémie de covid-19. Comme pour les humains, la vaccination est un outil de lutte contre les épizooties. Là encore, il est étonnant de constater qu’elle n’est jamais appliquée en pleine épidémie, lorsque les mesures d’hygiène et d’isolement sont au centre de la stratégie. Ce qui est plus stupéfiant encore, c’est que l’État français use de pédagogie et de conviction pour convaincre les agriculteurs à vacciner leurs bêtes. Comme il y a des résistances à la vaccination chez les éleveurs, l’Académie vétérinaire de France préconise la pédagogie et la confiance. « La fiche action 15 du plan Ecoantibio 2017 vise notamment à identifier les freins à la vaccination puis à en promouvoir l’usage. Le SIMV a mené, pour y répondre, deux études de marché auprès d’éleveurs de bovins. La santé est la raison même de l’éleveur et les accidents en la matière sont vécus comme un échec personnel. C’est pourquoi l’éleveur est convaincu de la nécessité de mettre en œuvre la prévention des maladies. Toutefois, la prévention intègre essentiellement des mesures non médicales et ne rime pas forcément avec vaccination. Cette dernière est le plus souvent comparée à une assurance à laquelle l’éleveur a recours à la suite d’un événement marquant de perte en animaux. Si ses sources d’informations sont variées, la recommandation du vétérinaire est déterminante dans la décision de mettre en œuvre un plan de prophylaxie médicale. Elle sera d’autant facilitée si le vétérinaire a instauré une relation de confiance éclairée.» Mieux, les spécialistes de l’élevage recommandent de ne pas stresser leurs bêtes lors de la vaccination : « Les facteurs de stress chez les animaux d’élevage sont omniprésents. Ils ont diverses origines : ambiance d’élevage, allaitement, déficit nutritionnel, désordre sanitaire… Ces stress ont pour effet de déclencher une cascade de réactions d’ordre physiologiques (augmentation du cortisol sanguin ...) et comportementales (isolement, agressivité...), jusqu’à constituer une véritable réaction reflexe tout au long de la vie. Par exemple, il faut éviter de crier ou de siffler pour amener les animaux à se déplacer. Si cette expérience est mal vécue, une manipulation bruyante et stressante restera gravée dans leur mémoire. Elle les plongera dans une situation d’angoisse lorsque l’expérience sera répétée, notamment lors de protocoles vaccinaux. » Edifiant, non ? « Éviter de crier ou de siffler pour amener les animaux à se déplacer » ! Il est clair que même les bêtes ne sont pas placées sous contrainte pour être conduites à la vaccination. Au contraire, on les rassure, on les met en confiance, on les déstresse !
La gestion de cette épidémie tend de plus de plus, au fil des mois, à l’éradication du concept de dignité humaine dans un État de droit qui en devient déliquescent, puisque la dignité humaine est au fondement du droit. La transposition de la définition kantienne de dignité humaine en droit français, quoi qu’imparfaite et très récente, est bien présente en filigrane des nombreuses dispositions législatives. En effet, En France, c’est seulement en 1994 que le principe de dignité fut inscrit dans le Code civil par l’une des lois dites de bioéthique ; l’article 16 dispose ainsi désormais que « La loi assure la primauté de la personne, interdit toute atteinte à la dignité de celle-ci et garantit le respect de l’être humain dès le commencement de sa vie. » Le Conseil constitutionnel, dans une décision du 27 juillet 1994, rendue à propos de ces lois, lui reconnut immédiatement une valeur constitutionnelle en énonçant que « la sauvegarde de la dignité de la personne humaine contre toute forme d’asservissement et de dégradation est un principe à valeur constitutionnelle ». Si le Conseil constitutionnel et le Conseil d’État dans leurs décisions sanctifient effectivement la dignité humaine comme une valeur de rang constitutionnel, ils ne la définissent pas pour autant. Mais pour la cerner, il suffit notamment de se reporter aux articles 16-1 et 16-3 du Code civil qui la précisent dans sa double dimension d’inviolabilité corporelle et d’autodétermination en matière médicale : « chacun a droit au respect de son corps. Le corps humain est inviolable » (art. 16-1) ; « Il ne peut être porté atteinte à l'intégrité du corps humain qu'en cas de nécessité médicale pour la personne ou à titre exceptionnel dans l'intérêt thérapeutique d'autrui ».
« Le consentement de l'intéressé doit être recueilli préalablement hors le cas où son état rend nécessaire une intervention thérapeutique à laquelle il n'est pas à même de consentir » (art. 16-3).
La Loi instaurant le passe sanitaire viole à l’évidence ces dispositions à valeur constitutionnelle pour extorquer le consentement des citoyens. D’ailleurs, le Conseil constitutionnel ne le dissimule pas lorsqu’il affirme dans sa décision du 5 août dernier : « Ces dispositions, qui sont susceptibles de limiter l'accès à certains lieux, portent atteinte à la liberté d'aller et de venir et, en ce qu'elles sont de nature à restreindre la liberté de se réunir, au droit d'expression collective des idées et des opinions. » Il est plus que surprenant que les Sages n’aient pas envisagé l’atteinte à la dignité humaine à travers cette extorsion de consentement par la voie de mesures coercitives indirectes.
Qu’il s’agisse d’une extorsion de consentement ne fait aucun doute (voir mon article « La langue ne ment pas »). Le fait que nos gouvernants puissent utiliser le terme « incitation » de manière aussi malhonnête est l’aveu qu’ils se savent pertinemment en train de bafouer tous les fondements de notre république, de notre démocratie, mais pire encore, car cela touche à l’universel, la spécificité même de la personne humaine. La Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne, qui prévaut sur le droit français, même sur les décisions du Conseil constitutionnel, est pourtant assez éloquente sur le sujet.
« La dignité humaine est inviolable. Elle doit être respectée et protégée », affirme l’article 1er, tandis que l’article 3 précise que « toute personne a droit à son intégrité physique et mentale » et que « dans le cadre de la médecine et de la biologie, doivent notamment être respectés: le consentement libre et éclairé de la personne concernée, selon les modalités définies par la loi ». Quant à l’article 4, il précise utilement que nul ne peut être « soumis à la torture ni à des peines ou des traitements inhumains ou dégradants ».
Or, que faites-vous, Mesdames et Messieurs les gouvernants ?
En prétendant disposer de mon corps contre mon consentement, en m’empêchant à cette fin de jouir de mes droits fondamentaux, vous portez atteinte à mon intégrité physique et mentale. En m’ostracisant, en m’imposant une discrimination perpétuelle sur la place publique, en mettant en danger mes moyens de subsistance, en menaçant mon emploi, vous me soumettez à la torture mentale et à un traitement dégradant. Mais en usant de tous vos moyens, de vos médias, de votre pouvoir, par lesquels vous me mettez à genoux et avec moi un très grand nombre de mes concitoyens, c’est vous qui vous rendez coupables d’actes inhumains. Vous pourrez galvaudez la langue autant que vous le voudrez, cela est indéniable et l’Histoire s’en souviendra.
Le contexte ne sera pas une excuse, car la dignité humaine peut être piétinée, elle reste un droit naturel imprescriptible. Vous avez foulé aux pieds cette valeur fondamentale et par là-même nos institutions, notre Nation, notre contrat social. Outre l’aspect juridique, la faute morale sera irréparable. Car cet abus de pouvoir ne repose sur aucun fondement. Ceux que vous entendez cravacher, comme on ne le fait même pas avec du bétail, pour le faire vacciner, ont une conscience, sont doués de raison contrairement à un bœuf. Ils affirmaient lors du premier confinement que cela n’arrêtera pas l’épidémie, ils ont eu raison. Ils affirmaient que les vaccins n’empêchaient ni la transmissions, ni la contamination, ils avaient raison. Benoîtement, ils interrogeaient le fait qu’il faille protéger les vaccinés, puisqu’ils étaient théoriquement protégés par les vaccins. Aujourd’hui, tous les fait leur donnent raison : les vaccinés portent autant de charge virale et sont autant contagieux que les non vaccinés, comme l’ont affirmé les autorités sanitaires américaines. Les pays les plus vaccinés au monde, Malte, Island, Espagne, Angleterre, Israël, voient leur taux d’infection et les décès flamber autant que lors des vagues précédentes, sans les vaccins. En Israël, malgré les confinements, malgré une vaccination précoce et massive, l’épidémie repart de manière encore plus violente et une très grande partie des hospitalisés sont des vaccinés. Ces citoyens, vous méprisez leur raison, leur esprit critique, leur capacité d’entendement donc de jugement, et pourtant, la réalité leur donne raison. Donc, Comment qualifier ce putsch institutionnel, moral, philosophique, que la France vient de subir ? Ni plus ni moins, de coup d’État. Lorsque les médias se transforment en organe de propagande, lorsque les partis républicains consentent aux abus de pouvoir, lorsque l’opposition se soumet sous couvert de réalisme, lorsque les voix contestataires sont étouffées, proscrites, vilipendées sous couvert de complotisme, d’extrémisme, d’activisme sectaire, le tout avec la bénédiction des plus hautes juridictions, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un coup d’État fomenté par une ploutocratie dont le bilan dans cette crise est pourtant des plus médiocres.
Sur Jupiter, la dignité humaine n’est plus. Elle a été ventilée. Elle s’est évaporée. Elle est devenue gazeuse. Lors de l’élection présidentielle de 2017, Emmanuel Macron se disait inspiré des Saint Simoniens. En effet, son industrialisme passionnel jusqu’à la folie, son amour de la start-up et de l’innovation, sa carrière de lobbyiste n’ont que faire de l’être humain. Lors de son passage en tant que banquier d’affaires chez Rothschild, il ne réalisera qu’une transaction d’envergure, la vente d’une filiale de Pfizer à Nestlé. Pfizer, de si bons clients. C’est cela la dignité humaine sur Jupiter. C’est la respectabilité féodale, dont seuls les dignitaires sont pourvus. À ceux-là, Emmanuel Macron n’impose rien, surtout pas de passe sanitaire : les sénateurs, les députés, les membres des hautes juridictions, les policiers. Le reste, "des gens de rien", comme il le dira lui-même. Il n’y a pas beaucoup d’amour pour l’humain chez ce prétendu disciple de Paul Ricoeur. Quoi de plus normal pour lui, si il y a des premiers de cordée, c’est qu’il y a les derniers de cordée, qui souvent sont les premiers de corvée. Du vulgaire bétail. En marche. Désormais forcée. En marche vers l’innovation, vers la rentabilité du CAC40, vers le marketing médical et sanitaire. En marche vers le marketing électoral. Vers les présidentielles de 2022. Quoi de mieux qu’une opportune épidémie pour concilier toutes ces passions. Se faire le père protecteur de la Nation, surtout auprès de son électorat principal, les personnes âgées et possédantes, les plus concernées et effrayées par cette maladie. Quel meilleur prétexte pour faire tourner le business, renflouer encore un peu plus la poche des grands actionnaires, principalement anglo-saxons, subventionner à coup de milliards l’innovation et les industriels.
Cette stratégie dangereuse et délétère n’a rien de nouveau. Elle consiste à exploiter les crises pour asseoir son pouvoir au risque de la division qui, déjà, est portée dans la rue, dans les familles, sur les lieux de convivialité et de travail. Qu’importe la fracture morale de toute une société, qu’importe la négation du droit, qu’importent les risques pour l’ordre public et pour la République ! Mais cet opportunisme cynique et sans limite a un prix. Nos hautes juridictions, Conseil d’État et Conseil constitutionnel, n’ont sans doute pas envisagé toutes les répercussions de leurs décisions. Aussi, les citoyens que nous sommes, dignes par notre humanité, dignes en tant que personnes douées de raison, dignes parce que capables de jugement, nous ne pouvons que vous congédier tous. Vous nous avez assez montré votre vacuité, votre incompétence et votre inhumanité. Il est temps qu’une aube nouvelle se lève. Il est temps que de nouveaux gouvernants apparaissent, des hommes et des femmes soucieux du bien public, attentifs à l’humain, dignes que nous les aimions.
Oui, il est temps que la démocratie relève la tête. Pour le salut de la démocratie, pour le respect de notre dignité à tous.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.