La Doxa du Covid : récit clinique d’une manipulation
CRITIQUE — Nous commençons à voir émerger du brouillard médiatique les meilleurs livres qui auront analysé la crise hyper grave (pour notre santé, bien-être, et démocratie) du Covid-19 : sur le front de l’anthropologie de la Santé publique, celui de Jean-Dominique Michel, Covid-19 : anatomie d’une crise sanitaire ; sur celui de la médecine et de la science des maladies infectieuses, les écrits de Didier Raoult (Carnets de guerre), strict verbatim de ce qu’il a dit sur divers médias ; sur celui de la philosophie « pure », la Lettre à Alain Badiou de Mehdi Belhaj Kacem (qui devrait devenir un livre en version longue…), ou encore celui de Mathieu Slama, Adieu la liberté — Essai sur la société disciplinaire (Presses de la Cité) ; sur celui de la psychopathologie et de la psychanalyse, celui de Ariane Bilheran et Vincent Pavan, Le débat interdit — Langage, Covid et totalitarisme (Guy Trédaniel éditeur) ; sur celui enfin des sciences sociales, celui qui nous intéresse dans ce texte, La Doxa du Covid, de Laurent Mucchielli, chercheur au CNRS. (Note : sur le front (la guerre spirituelle est aussi terrible que la bataille d’hommes) de la littérature pure, je réserve mon avis, y étant personnellement impliqué — d’autres donneront leurs avis…)
Cet essai de Laurent Mucchielli est clair, net et précis : critique et clinique ! Pas de fioritures : du concret, des faits, rien que du concret. À chaque page, trois ou quatre notes de bas de page qui viennent prouver le dire du chercheur, via un panoramique assez impressionnant de ce qui s’est publié depuis une dizaine d’années en général, et ces deux dernières en particulier, dans les journaux scientifiques et ceux de sociologie sur la santé publique.
Son titre, d’abord : qu’est-ce qu’une « doxa » ? Un dogme (quasi religieux), présenté comme une vérité indiscutable ; le dictionnaire, lui, donne : « Ensemble des opinions reçues sans discussion, et présentées comme évidentes. » Et en quoi donc consiste cette supposée « doxa du Covid » ? Eh bien, l’auteur le résume très bien : très vite (dès avril 2020, soit environ un mois après la déclaration de « pandémie » mondiale par l’OMS), avec l’appui des principaux influenceurs de l’OMS (dont l’inénarrable Bill Gates, via ses nombreuses fondations) et des influenceurs politiques de notre Occident (dont les puissants GAFAM), on nous a amenés à croire, quoi qu’il en coutât, à cette narration (qui s’est révélée être largement une fiction, qui avait en fait pris ses désirs pour des réalités) : « 1/ une pandémie menace soudainement la survie de l’humanité entière ; 2/ il n’existe aucune thérapeutique pour guérir les malades ; 3/ il faut confiner la totalité des populations ; 4/ la délivrance viendra uniquement d’un vaccin. » L’ensemble du livre du chercheur va consister alors à démonter littéralement et dans tous les sens (avec force preuves) chacun de ses quatre points ; voyez donc déjà, et pour commencer, les titres de ses chapitres, comme autant de bannières de sa pensée : « La pseudo-maîtrise du virus, le confinement général » ; « L’abandon des malades » ; « Posture guerrière, mesures liberticides et fiasco bureaucratique » ; « Manipulation de la science et dérive autoritariste du pouvoir exécutif » ; « Une stratégie sanitaire hospitalo-centrée aux conséquences dramatiques » ; « Une OMS devenue dépendante du philanthrocapitalisme et des industries » ; « L’emprise des industries pharmaceutiques et du nouveau capitalisme financier » ; « Le viol des foules par la propagande politique » ; « Médias et réseaux sociaux, vecteurs majeurs de la propagande politico-industrielle », etc.
Le premier diagnostic posé par Mucchielli dès le début de son livre est sévère : « Il ne s’agissait pas de science, mais d’un nouveau genre de lobbying consistant en une “manipulation de l’autorité de la science à des fins d’influence”, au profit des industries » (du médicament, voire de la surveillance). Très habilement, le sociologue démonte, dès le premier chapitre faisant suite à son introduction, ce qui a totalement empoisonné le débat dans notre société : l’accusation de complotisme. Rappelons que ce terme a été inventé par la CIA pour discréditer toute opinion qui s’opposât à la version officielle de l’assassinat de John F. Kennedy.
Voir aussi : Maccarthysme, commission Warren et narratif Sars-Cov-2 : Mark C. Miller
« Loin de contribuer à une amélioration de la qualité du débat public, l’argument du prétendu “danger complotiste” vise fondamentalement à s’assure de ce que Bourdieu appelait “le monopole de l’information légitime”, en interdisant de questionner les motivations des principaux défenseurs et propagateurs de la doxa. » La doxa, c’est « d’abord un récit, une narration destinée à faire adhérer le public, […] une norme de pensée qui concourt à un moment donné à protéger l’ordre social. » Ainsi en fut-il de l’oxymore #restezchezvous : #sauvezdesvies !… Or les défenseurs et propagateurs de la doxa « ont bel et bien des intérêts et des motivations à imposer une vision de l’histoire » (c’est moi qui souligne). Qu’en est-il exactement ? On le verra plus tard, du côté des intérêts de l’industrie pharmaceutique. Concentrons-nous pour l’instant sur le noyau central du débat interdit en Occident : la doxa « n’est donc pas simplement le discours dominant », mais « le discours des dominants » ; la remettre en cause est donc un crime de lèse-majesté. Emballez-c’est-pesé : restez chez vous ! (pour sauver des vies…)
Finalement, l’on voit que l’accusation de « complotiste » ne vaut pas plus ni mieux que celle de « bourgeois » ou « capitaliste » en Union soviétique, à la « grande » époque… Un simple automatisme de pensée auto-défensive, pour enlever tout crédit à l’adversaire, sans avoir à argumenter. Un (bon) philosophe contemporain, Alexis Haupt, qu’on peut suivre sur Twitter, a inventé un nouveau concept pour y répondre, le complosophisme : « Fait de coller l’étiquette de “complotiste” sur quiconque remet en question le discours officiel pour ne pas avoir à débattre de ses arguments. C’est la censure du XXIe siècle. » Ainsi a-t-on fait des arguments de Laurent Mucchielli dans toute une partie de la presse « mainstream » bienpensante : Libération, Le Monde, Mediapart, etc. (Et ce n’est pas à leur honneur.)
On passera ici sur le point n°2 de la démonstration de Mucchielli (« il n’y a pas de traitement »), tant les lecteurs de FranceSoir sont informés de l’existence de très bons traitements du Covid-19 ; et l’on s’attardera un peu sur les points 3 et 4.
L’efficacité d’un confinement général n’a nulle part été démontrée, et tous ceux qui ont cru le faire ont travaillé d’une part commissionnés par les gouvernements, et d’autre part en faisant preuve de biais de conformation : l’on fait dire aux chiffres ce qu’on en attend, avec des modèles informatiques plus ou moins bidons. In fine, « toutes [les] études portant sur l’année 2020 montrent globalement que la dynamique de l’épidémie dépend avant tout du climat ainsi que de la proportion de personnes très âgées au système immunitaire affaibli dans l’ensemble d’une population, et non de la nature ni de la date des mesures de confinement prises par les gouvernements ». Bien sûr, Mucchielli donne les références de moult études comparatives ayant montré cela.
Voir aussi : Pr Martin Kulldorff : "ne faites plus jamais de confinement !"
Quant au mirage d’une vaccination universelle pour casser l’épidémie, dès l’été 2021 Mucchielli et d’autres chercheurs, très nombreux de par le monde, avaient annoncé que ce n’était hélas qu’une illusion : partout où l’on avait le plus vacciné (Israël, Chili, Malte, Islande, Gibraltar, etc.), l’épidémie, à cause de nouveaux variants (échappant en grande partie à l’immunité vaccinale conférée par des « vaccins » basés sur la souche de Wuhan (disparue depuis plus d’un an et demi, alors)), repartait de plus belle… Mais c’était sans compter sur l’incroyable force de frappe du « grand programme de vaccination mondiale » : Bill Gates était « devenu tellement puissant dans le champ des politiques mondiales de santé qu’il se permettrait même de (et se verrait autorisé à) publier en son nom un article dans la prestigieuse revue scientifique New England Journal of Medicine en avril 2020 : “Responding to Covid-19. A Once-in-a-Century Pandemic ?” » Trafic d’influence ? Oh ! Si peu…
Mais le cœur nucléaire – radioactif – du livre de Mucchielli restera l’analyse des conflits d’intérêts au cœur même des décisions de politique « sanitaire » que nous avons subies durant deux années : « L’emprise des industries pharmaceutiques et du nouveau capitalisme financier » sur icelles. Voyons cela : « Une terrible naïveté empêche manifestement la plupart des journalistes, mais aussi des intellectuels de comprendre à quel point la recherche du profit amène les industriels à déployer plus que jamais une stratégie de trafic d’influence qui se trouve considérablement facilitée par l’évolution néolibérale des modes de gouvernance occidentaux. » Le reste (affaire McKinsey etc.) a suivi…
La Doxa du Covid, tome 1 : Peur, santé, corruption et démocratie, Laurent Mucchielli Éoliennes éd., 128 p., 12,5 €
Guillaume Basquin est pilote de ligne, écrivain et éditeur.
Voir aussi : Laurent Mucchielli, l'Entretien essentiel : "Nous contredisons des forces politiques et financières extrêmement puissantes"
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.