Le désastreux discours de l'Union de Joe Biden
TRIBUNE - Joe Biden entame son discours de l'Union en s'adressant solennellement à une salle vide. Les membres du cabinet et les rares élus du Congrès qui ont été invités, tous masqués, se tiennent à distance les uns des autres alors même qu'ils sont tous vaccinés depuis des mois. Assises derrière lui sur la tribune, la vice-présidente Kamala Harris et la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi ont le visage déformé par leurs énormes masques ; elles ressemblent à des canards. "Madam Speaker, Madam Vice-President" commence-t-il, "jamais aucun président avant moi n'a prononcé ces mots" s'enorgueillit-il.
Le président lit consciencieusement son téléprompteur. Le ton est monotone. Heureusement qu'il a retiré son masque pour prononcer son discours car même sans ce dernier, on a du mal à comprendre ses dires ; il mâche ses mots, bute, s'excuse. Il s'y prend à trois reprises pour prononcer le mot "escalation" (escalade) en parlant de la Russie. Poutine et ses généraux, s'ils regardent, doivent bien rire.
La plupart du temps, Joe Biden brasse du vent, enchaîne les slogans creux et les platitudes. "Mettons fin au cancer" lance-t-il, "nous préférons la vérité au mensonge", "faisons baisser les prix des médicaments", "la santé devrait être un droit, pas un privilège", "investissons dans les métiers de demain pour sauver la planète", "nous devons gagner le 21e siècle", "nous sommes la démocratie en action", "l'Amérique bouge à nouveau"... Ted Cruz, sénateur du Texas, s'endort.
Par moments, Joe Biden devient un peu plus concret. Par exemple, lorsqu'il énumère ses plans de relance par la dépense publique, venus d'une autre époque, considérant que c'est la solution à tous les problèmes du pays. "Pour compléter mon plan de 2 trillions de dollars pour lutter contre le virus, adoptons un plan de dépenses fédérales à 2 trillions de dollars pour améliorer les infrastructures. Puis un autre plan à 2 trillions de dollars pour la famille. Et pour financer ces dépenses, nous allons augmenter massivement les impôts sur les riches et sur les sociétés. Nous allons les empêcher d'utiliser les paradis fiscaux comme la Suisse". La sénatrice Elizabeth Warren et le sénateur Bernie Sanders applaudissent frénétiquement. Les membres de l'opposition restent stoïques.
Pour justifier cette intervention de l'État d'une ampleur sans précédent dans l'économie et dans la vie quotidienne des Américains, Joe Biden a une tactique : effrayer les citoyens en rabâchant que le pays est en crise. En premier lieu, la crise sanitaire du virus bien sûr, mais pas seulement. Il y a aussi la crise économique (créée en réalité par les gouverneurs démocrates qui ont confiné de façon disproportionnée la population de leurs états), la crise du climat, la crise du racisme endémique de la police, la crise des armes à feu, "la crise existentielle" provoquée par les insurgés, militants de la suprématie de la race blanche, comparés aux terroristes d'Al-Qaïda (il vise les électeurs de Trump en fait).
Curieusement, il oublie de mentionner la seule crise qui frappe réellement le pays depuis le début de l'année, et dont il est directement responsable, celle de la crise humanitaire à la frontière avec le Mexique. Il faudra attendre la toute fin de son interminable discours pour que le sujet de l'immigration soit abordé. Non pas pour énoncer les mesures qu'il envisage afin de mettre fin aux atrocités qui se déroulent dans les cages géantes surpeuplées d'enfants immigrés contaminés, mais pour enjoindre le Congrès à accorder la citoyenneté (et donc le droit de vote) à 11 millions d'immigrés clandestins.
Interviewé juste après le discours, le sénateur démocrate Mark Kelly n'en revient pas que Joe Biden ait pu ignorer la situation catastrophique de la frontière sud du pays. Un téléspectateur s'exprimant au téléphone sur C-SPAN en fin de soirée résume bien la situation en déclarant : "le discours de Joe Biden est une insulte au peuple américain".
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