Les soubassements destructeurs du débat social sur l’euthanasie, partie 3/3 : un faux débat de société
- Retrouvez la première partie de cette tribune : le moteur de l’idéologie progressiste
- Retrouvez la deuxième partie de cette tribune : le recul de la dignité de la personne humaine
TRIBUNE/OPINION - Au regard des éléments qu’il nous a semblé pouvoir apporter sur cette question dans les articles précédents, il apparaît que le énième « débat de société » proposé aux Français sur l’euthanasie n’est en vérité ni un débat, ni une exigence sociale.
Le mot « débat », en effet, n’est utilisé que pour donner aux violences morales infligées à la société les apparences de la prise en compte respectueuse des opinions contraires. En réalité, l’idéologie à l’œuvre tient a priori ces opinions pour des obstacles à abattre, parce qu’ils sont enracinés dans des conceptions « rétrogrades ».
Il suffit d’observer les modes de gouvernement qui se succèdent en particulier depuis Nicolas Sarkozy, et spécialement depuis l’élection d’Emmanuel Macron, jusqu’à une pratique tyrannique du pouvoir, pour se convaincre sans peine du caractère purement rhétorique de l’appel au débat.
Il en est des opinions libres qui viennent d’être évoquées comme de ces animaux que l’on laisse un temps courir, à la chasse, avant qu’un coup de feu ne mette un terme définitif au futile espoir de survie que ce sursis avait fait naître en eux.
Il n’est de surcroît attribué à ce pseudo-débat d’être « de société » que pour deux raisons.
La première raison est de donner l’illusion que ce débat répond à des préoccupations nouvelles de chaque citoyen, auxquelles ne répondraient pas les règles juridiques actuelles.
Or, il convient de rappeler que la loi Claeys-Leonetti du 2 février 2016, qui a renforcé le droit d’accès aux soins palliatifs, a aussi prévu la possibilité de rédiger des « directives anticipées » (1) pour chaque personne relativement aux conditions de sa fin de vie, et de désigner une « personne de confiance » qui pourra, à défaut, témoigner de la volonté exprimée du malade (2).
La loi permet ainsi à toute personne de s’opposer à une « obstination déraisonnable », c’est-à-dire à un acharnement thérapeutique, en lui reconnaissant en particulier le droit de demander une « sédation profonde et continue » (3) jusqu’à son décès si son pronostic vital est engagé à court terme.
Les conditions suffisantes de ces dispositions permettent de constater que les partisans de l’euthanasie ne recherchent pas tant le soulagement de la souffrance en fin de vie, que la loi applicable favorise déjà, qu’un droit de tuer.
À cet égard, il importe de souligner que la revendication de ce droit se heurte à l’opposition de la majorité du corps médical, lequel souligne que c’est surtout la culture du soin palliatif qui fait largement défaut (4) et que la légalisation de l’euthanasie conduirait à « bouleverser la définition du soin » et à provoquer « un glissement éthique majeur » (5).
La seconde raison pour laquelle il est prétendu que ce pseudo-débat sur l’euthanasie serait un débat « social », est de donner à croire que le succès final recherché sera le fruit d’un consentement général ne permettant plus de le remettre légalement en cause.
Le processus suivi pour la légalisation puis la constitutionnalisation de l’avortement est la parfaite illustration de cette stratégie. Le « débat de société », repris année après année, ne consiste ainsi qu’à resservir encore et encore le même poison entre les mains des peuples et à les harceler de mille manières, jusqu’à ce qu’ils se résolvent à l’avaler librement pour entrer dans un état dont ils ne pourront plus sortir.
Il est donc de la plus haute importance de comprendre que ces prétendus « projets de société », présentés comme des conditions d’une société meilleure, plus juste et plus compatissante, sont nécessairement articulés aux philosophies délétères qui les inspirent plus ou moins directement et qui ne conduisent en définitive qu’à la mort de l’homme.
Consentir à ceux-là, c’est nécessairement faire entrer les principes de celles-ci en son esprit. C’est faire un pas anthropologique et moral irréversible contre l’ordre naturel, peu important les excuses, souvent sentimentales et compatissantes, dont on cherche à le couvrir. Il n’y a dès lors pas d’autre alternative, pour qui entend rester humain, que de rejeter et de combattre résolument ces projets qui ne procèdent, comme toujours, que d’une escroquerie à la liberté et au bonheur.
Note :
(1) La « directive anticipée » est un document que toute personne majeure peut rédiger pour le cas où elle ne serait plus en mesure d’exprimer sa volonté, relativement à sa fin de vie, pour indiquer ce qu’elle souhaite relativement à la poursuite, la limitation, l'arrêt ou le refus d’un traitement ou d'un acte médical (cf. art. L. 1111-11 du code de la santé publique).
(2) Cf. art. L. 1111-12 du même code.
(3) La « sédation profonde et continue » consiste provoquer et à maintenir une altération de la conscience jusqu'au décès, associée à une analgésie et à l'arrêt de l'ensemble des traitements de maintien en vie (cf. art. L. 1110-5-2 du même code).
(4) Sur l’importance des soins palliatifs, on consultera le récent ouvrage de J.-F. Poisson, Soins palliatifs, la vraie alternative à l’euthanasie, Ed. Mame, 2023.
(5) Cf. Le Parisien, 17 février 2023 : « Euthanasie : 13 organisations, représentant 800 000 professionnels, s’opposent à sa légalisation ».
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