"Où sont les armes ?" : en Équateur, les gangs dans le viseur de l'armée
Un important convoi militaire fait irruption dans un quartier défavorisé du port d'Esmeraldas, dans le nord de l'Équateur. Armés de fusils et de mitrailleuses, les soldats acculent dans sa cachette un membre d'une des bandes criminelles les plus redoutées du pays.
La violence liée au trafic de drogue est endémique en Équateur et le président Guillermo Lasso a décrété le 3 mars l'état d'urgence dans trois provinces du pays, dont celles d'Esmeraldas.
Le convoi transporte une centaine de militaires et policiers. Vêtus de gilets pare-balles, ils se faufilent dans les ruelles étroites sous le regard méfiant des habitants. Certains enfoncent un lourd portail. "Où sont les armes ?", crie un militaire encagoulé à un groupe de jeunes allongés au sol.
Un suspect est arrêté. Visiblement, il appartient aux "Tiguerones", l'une des bandes criminelles les plus redoutées du pays. Cheveux longs attachés et tatouage de tigre sur la cheville droite, il fait partie des plus de 900 criminels présumés arrêtés dans tout le pays depuis la mise en place début mars de l'état d'urgence, selon les autorités.
"Mineurs"
Dans ces quartiers pauvres, les membres des gangs se cachent "parmi la foule des gens normaux", explique à l'AFP le colonel de police Julio César Vasquez. "Un pourcentage élevé des morts sont des personnes de moins de 30 ans" et "il y a beaucoup de mineurs" parmi eux, souligne le colonel Vasquez.
La police survole la zone en hélicoptère à la recherche de vedettes chargées de drogue naviguant sur le fleuve qui débouche dans le port. Situé entre la Colombie et le Pérou -les principaux producteurs de cocaïne au monde-, l'Equateur a saisi un record annuel de 210 tonnes de drogue en 2021, principalement de la cocaïne.
Parallèlement, le taux d'homicide a presque doublé. Entre 2021 et 2022, il est passé de 14 à 25 pour 100.000 habitants, selon les autorités. Le 11 avril, une trentaine d'hommes armés ont ouvert le feu dans le port d'Esmeraldas, faisant neuf morts. Les assaillants sont arrivés en bateau et en voiture avant de tirer de manière indiscriminée sur les personnes présentes.
Malgré le nombre de militaires déployés sur ordre présidentiel, la peur règne dans cette ville de quelque 200.000 habitants. Les boutiques sont cadenassées et certains hôtels et grandes entreprises sont à vendre.
"Les gangs, l'insécurité, ils ne nous laissent pas travailler librement. On entend les voisins dire qu'ils se font extorquer (...) il n'y a pas de garanties pour continuer à travailler", se plaint Jofre Mancillo, propriétaire d'une épicerie.
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