Ouverture du procès d'un prêtre pour pédophilie et d'un ancien évêque pour non dénonciation

Le procès de l'abbé Pierre de Castelet, accusé d'agressions sexuelles sur mineurs, s'est ouvert mardi devant le tribunal correctionnel d'Orléans en l'absence de l'ancien évêque d'Orléans, Mgr André Fort, poursuivi lui pour non-dénonciation.

Mgr André Fort, 83 ans, évêque d'Orléans de 2002 à 2010, est "affaibli par sa maladie à la suite d'une opération", a déclaré son avocat Me Benoit de Gaullier à l'ouverture de l'audience, pour expliquer l'absence de son client.

Me Edmond-Claude Fréty, avocat des parties civiles, a dénoncé "un argument médical surprenant", tandis que la présidente du tribunal Gaëlle Reverter a dit avoir été informée de l'absence du prévenu "par une lettre sous la porte" de son bureau.

Le père Castelet, 69 ans, crâne dégarni, lunettes fines et regard droit, s'est assis seul sur le banc des prévenus. Il doit être jugé pour agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans par personne ayant autorité.

Sur le banc des parties civiles, trois jeunes hommes d'une trentaine d'années ont pris place.

C'est l'un d'entre eux, Olivier Savignac, qui avait dénoncé les faits en 2008 dans un courrier à l'évêché. Il y faisait état d'attouchements qu'il disait avoir subis en 1993 lors d'un camp du Mouvement eucharistique des jeunes (MEJ) où officiait l'abbé de Castelet en tant qu'aumônier.

Sans réponse de l'évêché, il avait ensuite rencontré Mgr Fort en 2010 en lui précisant qu'une dizaine de jeunes avaient pu être victimes de l'aumônier.

"Il m'a promis de prendre des mesures, mais un an après l'abbé était toujours là. Je me suis même aperçu qu'il donnait des conférences sur la pédophilie dans l’Église", avait déclaré Olivier Savignac au micro de France Bleu Orléans.

Il avait saisi à nouveau l'évêché, où Mgr Jacques Blaquart avait pris la succession de Mgr Fort, parti à la retraite. Le nouvel évêque avait aussitôt saisi le parquet et une instruction avait été ouverte.

Mgr André Fort a été mis en examen en juin 2017 pour ne pas avoir dénoncé des actes de l'abbé Pierre de Castelet, lui-même poursuivi depuis 2012.

Ce procès intervient à quelques jours de la Conférence des évêques de France (CEF) à Lourdes où sera abordée la douloureuse question des abus sexuels dans l'Église.