Panne à Montparnasse : organisation, effectifs et formation à revoir, selon des syndicats
La panne géante à Montparnasse provient moins d'une défaillance technique que d'un déficit en matière de formation, d'effectifs et d'organisation du travail, d'après les syndicats de la SNCF interrogés mercredi par l'AFP.
La panne a été provoquée par un "défaut d'isolement" dans l'alimentation électrique d'un poste d'aiguillage, objet de récents travaux, ce n'est donc "pas une histoire d'installation vétuste", affirme Didier Aubert de la CFDT-Cheminots.
Le problème c'est que les agents "interviennent de moins en moins souvent" sur ce type d'installation, "relativement récente" et pour laquelle ils ne sont pas spécifiquement formés, dit-il.
"Pour réduire les coûts, on informatise tout", les ingénieurs ont pris la place des "équipes de terrain", appuie Eric Meyer de SUD-Rail.
Pour les syndicats, l'État comme la SNCF doivent s'intéresser autant au recrutement et à la formation des cheminots qu'à la modernisation du réseau.
Il y a "déjà de très grosses enveloppes pour régénérer" le réseau (46 milliards d'euros sont prévus sur dix ans), mais "à un moment se posera la question de l'effectif", explique Benoît Vienne pour l'Unsa-Ferroviaire.
Dire "je mets un milliard sur la table et demain tout va bien" ne suffit pas, embraye M. Aubert.
Selon lui, le gouvernement est dans "une forme de schizophrénie" en voulant investir davantage dans l'entretien des voies ferrées alors que, dans le même temps, "Bercy ne nous autorise pas à embaucher".
Les organisations professionnelles s'interrogent aussi sur la séparation entre SNCF Mobilité (gestion des trains) et SNCF Réseau (gestion des infrastructures).
"Ces deux mondes devraient communiquer un peu plus techniquement", avance l'Unsa. Avec cette "gestion comptable par activité", "chacun gère sa PME sans s'occuper du voisin", dit aussi la CFDT.
D'ailleurs, un récent rapport d'experts indépendants, sollicités par la SNCF, a "bien mis en valeur la nécessité d'une plus grande intégration entre les services", remarque M. Aubert.
Le coût induit par les "méfaits de la gestion par activité" pourrait être redéployé vers "la régénération du réseau, (le) développement de l'emploi en nombre et en qualité et ainsi améliorer la robustesse du réseau", affirme la CGT-Cheminots sur son site.
SUD estime pour sa part que les récents dysfonctionnements à la SNCF tiennent à la "politique du risque calculé" mise en place par la direction.
L'entreprise "n'anticipe plus" les incidents mais les "gère", dénonce M. Meyer. A Montparnasse, "c'est exactement ce qu'il s'est passé", dit-il.
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