La revue d’actu de France-Soir : semaine du 4 septembre 2023
La revue d’actu de France-Soir est une revue de presse hebdomadaire articulée autour de l’actualité politique, économique et médiatique, tant française qu’internationale. Sans pour autant chercher à les ignorer, cette rubrique n’a pas forcément vocation à s’attarder sur les sujets les plus discutés de la semaine. Elle s’attache plutôt à revenir – avec un regard gentiment acerbe – sur des nouvelles parfois passées inaperçues au milieu de l’intense flux d’informations hebdomadaires.
Au programme de la Revue d'actu de France-Soir : le sempiternel retour du Covid, une ministre positive et masquée, la macronie et ses référendums (bien choisis)… pour « faire nation »… avec BRI et RAID dans les rues, humiliation planétaire pour Macron, Musk refuse d’aider l'armée ukrainienne, l’art de la paix façon Captain America, la Françafrique abdique au Niger (ou pas), les Autrichiens renouent avec leur Histoire, Aurore Coluche Bergé, la famille Arnault au chevet des pauvres... qui crèvent la dalle et se multiplient, crise de l’immobilier, BFMacronie à vendre, des radars routiers thermiques, des puces sous la peau pour payer ou conduire, la France dit non à Assange, Arfi dresse le CV judiciaire des politiques, la cagnotte de Christophe Dettinger (définitivement) annulée… mais aussi vos voitures qui vous écoutent pour mieux vous décrypter et vendre vos données !
Une quinzième RDA à la sauce macro-davossienne !
(Âmes sensibles s’abstenir)
FRANCE
Mardi, La Voix du Nord se demandait : « Faut-il craindre un retour du Covid ? ».
Cette nouvelle hantise du journal de voir resurgir ce virus – coupable de confinements, de restrictions et d’atteintes aux libertés… mais que la vaccination de tous était censée éradiquer pour enfin nous permettre de reprendre « une vie normale » – s’explique par les récentes déclarations d’Aurélien Rousseau.
Le nouveau ministre de la Santé assure que, bon d’accord, « aujourd’hui, l’OMS n’émet pas d’alerte, on n’a pas à changer nos comportements, mais on a à avoir les réflexes ».
Par exemple, Aurélien Rousseau aimerait que chacun n’oublie pas les gestes barrières : quand « on a des symptômes, on porte un masque », assure-t-il, et lorsqu’on « va voir une personne fragile on porte un masque », réaffirme-t-il.
Le lendemain, mercredi, Catherine Colonna, la ministre des Affaires étrangères et de l’Europe, nous aidait elle aussi à nous replonger dans une époque pas si lointaine où d’étranges messages sur le statut médical des ministres étaient régulièrement mis en avant par ces derniers. Rebelote cette semaine sur Twitter/X, quand la locataire du Quai d’Orsay a absolument tenu à nous donner de ses nouvelles : « Testée positive, je ne participerai pas aujourd'hui au Conseil des ministres, à titre de précaution ».
Si Catherine Colonna ne précise pas à quoi elle a été testée positive… elle manifeste, dans tous les cas, visiblement moins de considération pour les membres de son cabinet que pour ses collègues ministres puisque, quelques heures après cette annonce, elle publiait un nouveau tweet dans lequel elle se mettait en scène au sein de son ministère, prenant la pose attablée autour de ses collaborateurs… tous masqués, comme elle.
Une photo qu’Aurélien Rousseau a forcément aimé… mais sûrement pas autant que celle publiée, samedi, par Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur de l’Organisation mondiale de la Santé.
Sur cette image, Tedros – le philanthrope (extrémiste) qui souhaiterait tant pouvoir imposer (avec la bénédiction de la France) sa vision sanitaire au monde – s’affiche justement avec Emmanuel Macron.
En accompagnement, le patron de l’OMS ajoute un commentaire : « Merci beaucoup mon ami le Président Emmanuel Macron pour votre soutien aux initiatives de l'OMS en faveur d'un financement durable, ainsi que pour votre participation active aux négociations de l'accord sur les pandémies lors du G20 », réuni ce week-end à New Delhi en Inde.
À son tour, au nom de la macronie, Aurélien Rousseau a tenu à rappeler tout l’amour que portait son clan à l’OMS et à Tedros, son fidèle berger.
Pour ce faire, le ministre de la Santé a partagé la photo de ses supérieurs, en y ajoutant son propre commentaire : « Très heureux que les sujets de santé aient été placés au cœur des discussions du G20. La prochaine Assemblée générale de l’ONU, au cours de laquelle je poursuivrai nos premiers échanges avec le Dr Tedros, sera l’occasion de réaffirmer l’engagement de la France aux côtés de l’OMS ».
Macronie et OMS, un mariage construit pour durer… quoi qu’il en coûte.
Autre (petite) tête d’affiche du pouvoir français à avoir fait sa rentrée médiatique cette semaine : Yaël Braun-Pivet.
Pour marquer le coup, Sud Ouest nous expliquait, dimanche dernier, que la présidente de l’Assemblée nationale n’a pas voulu mégoter. Elle s’est ainsi dite « très favorable aux référendums mais sur des sujets qui concernent les Français ».
En voilà une idée qui est bonne !
L’élue Renaissance aimerait notamment qu’on puisse « saisir les Français d’une question qui nous taraude tous : comment fait-on nation ? Comment retrouve-t-on de la cohésion nationale, comment retrouve-t-on nos repères ? ».
Et, bien sûr, Yaël Braun-Pivet n’est pas venue les mains vides, elle a déjà une solution à proposer : « Imaginer, comme le gouvernement l’a fait avec le SNU, un temps où on réapprend à notre jeunesse des repères, où on leur permet d’être en mixité sociale, de sortir de leur milieu ». Pour Mme Braun-Pivet, « ça, typiquement, c’est quelque chose qui nous permettrait de faire Nation, qui mériterait un grand débat national suivi d’un référendum ».
La présidente de l’Assemblée nationale considère que « l’intérêt d’un référendum, c’est le débat qui précède » et assure, donc, qu’il « ne s’agit pas juste de demander aux Français s’ils sont d’accord, oui ou non, sur tel ou tel sujet, mais qu’ils débattent entre eux, que ce soit un sujet qui anime nos dîners, nos dimanches en familles, entre amis, les réunions publiques sur la place du village, et qu’à la fin les Français puissent trancher ».
Un référendum à la question en effet intéressante : pour ou contre la généralisation du SNU ?
Ou accessoirement : pour ou contre l’alcool pour les encadrants ? Pour ou contre les agressions sexuelles ? Pour ou contre les vols et les violences ? Pour ou contre les séjours à l’hôpital des jeunes ? Pour ou contre leur mise au pas bêtasse ? etc. (cf. précédentes RDA)
En somme, pour ou contre les jeunesses macroniennes ?
Yaël Braun-Pivet, l’une des petites mères de la nation, apprécie donc particulièrement quand son peuple débat… mais uniquement sur des thèmes soigneusement sélectionnés par la macronie. Pour certains comme, au hasard, la réforme des retraites, là, en revanche, la présidente de l’Assemblée se montre beaucoup plus inflexible : « Il ne faut surtout pas, lorsque on utilise le référendum […] qu’on [l’]oppose [aux] représentants. Donc il ne semble pas bien de solliciter les Français sur un sujet qui vient de faire l’objet d’une adoption au Parlement ».
D’accord. En suivant cette logique, se pose dans ce cas la question de savoir pourquoi le texte sur les retraites n’a pas été soumis au référendum avant de passer devant le Parlement ?
Il s’agissait pourtant bien là d’un « sujet qui [a] animé nos dîners, nos dimanches en famille, entre amis, les réunions publiques sur la place du village, [avec] à la fin [d]es Français [qui auraient bien voulu pouvoir] trancher ». Ne manquait donc plus que ce fameux référendum aujourd’hui plébiscité par la macronie pour satisfaire les nouveaux désirs démocratiques de Yaël Braun-Pivet.
Mauvais timing, dommage !
Et des questions de ce type qu’il était possible de poser au peuple français souverain, il en existe un certain nombre.
Par exemple : pour ou contre le soutien militaire et financier à l’Ukraine ? Pour ou contre la mutilation des Gilets Jaunes ? Pour ou contre la multiplication des lois liberticides et de surveillance ? Pour ou contre le passe sanitaire, puis vaccinal, synonyme d’apartheid social ?
En clair : pour ou contre le maintien de la macronie au pouvoir ?
Une liste infinie de questions à soumettre au peuple qui pourrait toutefois drastiquement s’amincir si la dernière citée était posée en premier dans le cadre d’un processus référendaire.
Sans compter que cela permettrait, de surcroît, « de faire nation » comme rarement auparavant dans l’histoire de France.
En attendant, Emmanuel Macron a tout de même pu avoir une estimation de sa côte de popularité et une idée un peu plus précise de ce que donnerait les résultats d’un tel référendum.
En effet, comme lors de chaque 14-Juillet sur les Champs-Élysées, comme lors de chaque finale de coupe de France de football… ou de n’importe quel match auquel il assiste, par exemple France-Pays-Bas en mars dernier, vendredi soir, comme nous le rapportait BFM, le président de la République a une nouvelle fois été « copieusement hué et sifflé » lors de la cérémonie d’inauguration de la Coupe du monde de rugby au Stade de France, à Saint-Denis.
La journaliste de BFM constate que la séquence de huées a quand même « duré minimum 30 secondes ! ». Un camouflet planétaire qui n’aura pas manqué de piquer l’orgueil de notre Jupiter national.
Dans son article, BFM s’attelle ensuite à relever les différents commentaires de personnalités politiques publiés en réaction à cette humiliation en mondovision :
- « "L'esprit français qu'on aime. (...) La honte internationale", a écrit la députée LFI Danièle Obono » ;
- « L'écologiste Sandrine Rousseau a conclu qu'elle ne "garderait" à l'esprit que cette séquence de la soirée » ;
- « La députée RN Stéphanie Galzy y a vu un "symbole" » ;
- « "Macron II : la fin d’une ère. La plus pure expression d'une nation épuisée", a analysé le député LR Yannick Neuder » ;
- « "Les Français n'oublieront pas la réforme des retraites, les 49.3, et la vie chère", a commenté l'Insoumise Clémence Guetté » ;
- « Son collègue Antoine Léaument a lui lancé: "Aucun monarque ne peut faire plier le peuple français." » ;
- « "Humiliation en direct du président Macron. Malgré la fête, le peuple garde en tête ses insultes répétées à son endroit", a ajouté Nadège Abomangoli ».
Du côté des macronistes, BFM constate que « les réactions se font discrètes, à l'exception de Mathieu Lefèvre qui a assuré qu'"un stade ne devrait pas faire ça". "Siffler le président de la République, c'est siffler la France", a-t-il ajouté ».
Qu’ils sont ingrats ces Français à préférer faire nation contre le Lider maximo plutôt que derrière lui !
Peut-être d’ailleurs que ce type de vindicte populaire que n’aimerait ne plus jamais subir le chef de l’État explique pourquoi, vendredi, Le Monde nous avertissait que « deux mois après les émeutes, (…) un recours accru au RAID et à la BRI (…) serait désormais à l’étude »… et ce, peu importe si celui-ci serait, selon le journal, « loin de faire l’unanimité auprès des premiers concernés ».
Pour Le Monde, en cas de violences urbaines (auxquelles on pourrait ajouter les manifestations houleuses), vouloir faire appel à ces « opérateurs de haut niveau dont la formation est aussi longue que coûteuse, pourrait se révéler contre-productif, et leur action, même justifiée dans des situations très dégradées, les éloignerait de leurs missions principales : la lutte contre les formes les plus dangereuses de criminalité, le terrorisme, les prises d’otages de forcenés ».
À bien y réfléchir, qui est vraiment le plus dangereux aux yeux du pouvoir ?
Des criminels, des terroristes, des preneurs d’otage… ou une foule insurrectionnelle ?
Gouverner, c’est prévoir.
MONDE
Jeudi, toujours dans Le Monde, nous apprenions que « selon une biographie à paraître, Elon Musk a évité un “mini Pearl Harbor” à la flotte russe de Crimée ».
Selon le quotidien, c’est « la chaîne CNN (…) [qui a] rapporté que le patron de SpaceX, Tesla et X (ex-Twitter) a ordonné aux ingénieurs d’éteindre ses satellites Starlink alors que l’Ukraine préparait une attaque avec des drones contre la flotte russe ».
L’intéressé, lui, n’a pas tout à fait la même version des faits et a tenu à expliquer pourquoi CNN fait œuvre de désinformation en présentant la nouvelle sous cette forme.
Vendredi, sur son réseau social, Elon Musk assurait ainsi que « les autorités gouvernementales [ukrainiennes lui] ont demandé d'activer en urgence Starlink jusqu'à Sébastopol », avant d’expliquer que s’il « avait accepté leur demande, alors SpaceX aurait été explicitement complice d’un acte de guerre majeur et d’une escalade du conflit » puisque, d’après le multimilliardaire, leur « intention évidente était de couler la majeure partie de la flotte russe ».
Samedi, le patron de SpaceX précisait dans un autre tweet que « la responsabilité est sensiblement différente si je refuse d’agir à la demande de l’Ukraine ou si je modifie délibérément Starlink pour contrecarrer l’Ukraine ». Elon Musk rappelle que les « conditions de service [de son entreprise] interdisent clairement à Starlink toute action militaire offensive ». Ses satellites représentant à ses yeux « un système civil ».
Pour le milliardaire, les Ukrainiens « demandaient donc à nouveau quelque chose qui était expressément interdit ».
Comme une impression que l’Ukraine aimerait, encore et toujours, entraîner l’Occident dans son conflit… avec l’approbation de Captain America (et de ses vassaux).
Un sentiment que les récentes déclarations en commission au Parlement européen du chef de l’Otan, Jens Stoltenberg, n’ont pas forcément dissipé.
Jeudi, 20 Minutes rapportait ainsi que Stoltenberg a déclaré que « les Ukrainiens gagnent progressivement du terrain et cela prouve l’importance de notre soutien et aussi de notre capacité et volonté de continuer à les soutenir ».
Jens Stoltenberg concède toutefois que la partie n’est pas facile, notamment parce qu’il a « rarement vu dans l’histoire autant de mines sur le champ de bataille que ce que nous voyons en Ukraine aujourd’hui. Il était donc évident que cela allait être extrêmement difficile [d’avancer] ».
De leurs côtés, les Russes aimeraient surtout que les États-Unis ne viennent pas les ennuyer pendant leur petite boucherie fratricide avec ce qu’il reste encore d’Ukrainiens vivants.
En ce sens, toujours selon 20 Minutes, « par la voix de son porte-parole Dmitri Peskov, le Kremlin a fustigé la fourniture promise à l’Ukraine par les États-Unis de munitions à l’uranium appauvri ».
Le journal rappelle que « ces munitions sont capables de percer les blindages, mais [sont aussi] controversées en raison des risques toxiques pour les militaires et la population », avant de préciser que « leur utilisation par le passé a “entraîné une hausse effrénée” de cancers, selon le responsable russe ».
L’art de la paix, façon Captain America..
Quant aux Ukrainiens, vendredi, France Info nous apprenait que « Volodymyr Zelensky reconnai[ssai]t que l'armée russe "stoppe la contre-offensive" » de ses troupes, évoquant notamment « la supériorité aérienne de l'armée russe ».
De son côté, Emmanuel Macron a tenu à regarder vers l’avenir avec l’espoir que la grande fête de l’olympisme (et de la paix) à Paris en 2024 puisse enfin aboutir à un consensus.
En ce sens, lors d’un entretien accordé à L’Équipe mercredi, le chef de l’État déclarait : « Évidemment, il ne peut pas y avoir le drapeau russe aux Jeux de Paris, je crois que ça fait consensus (…) parce que la Russie comme pays n'a pas sa place à un moment où elle a commis des crimes de guerre, où elle déporte des enfants ».
Emmanuel Macron ajoute : « La vraie question que le monde olympique devra trancher, c'est quelle place donner à ces athlètes russes qui parfois se sont préparés toute une vie, et peuvent aussi être les victimes de ce régime ».
Comme le dirait si bien le Stade de France : charité bien ordonnée devrait toujours commencer par soi-même.
Difficile de refermer cette page MONDE sans prendre des nouvelles de Querelles russo-sino-occidentales en terres françafricaines, le feuilleton qui nous a tenu en haleine tout l’été.
Les précédentes semaines ayant toutes réservé leur lot de surprises plus époustouflantes les unes que les autres, il fallait bien craindre un jour de voir s’installer un léger creux dans l’histoire, avec notamment quelques déceptions, elles aussi attendues.
Résumé rapide de l’épisode de cette semaine :
- Mardi, France 24 nous laissait entendre que la Françafrique aurait finalement arrêté de faire semblant de vouloir défendre son territoire nigérien.
Selon la chaîne d’info, « des "échanges" ont lieu entre armées nigérienne et française sur le retrait de "certains éléments militaires" français au Niger, alors que les généraux ayant pris le pouvoir exigent le départ des soldats tricolores, a-t-on appris mardi 5 septembre auprès du ministère des Armées ».
Si cette version venait à se confirmer, ce serait un véritable coup dur pour l’intrigue, avec une fin d’histoire un peu trop convenue.
- Gentiment, vendredi, France 24 tentait donc de nous proposer de nouvelles pistes d’incertitudes en vue de ménager le suspense, en annonçant par exemple que « Paris devrait [bien] procéder à une réduction de ses moyens militaires sur place, notamment en matière de renseignement aérien et de drones, tout en maintenant [malgré tout] une "force autonome" » sur zone.
- Puis, comme pour mieux entretenir notre intérêt, tôt ce dimanche matin, Le Parisien nous prévenait que, selon un membre de la junte qui s’est exprimé hier soir à la télévision nationale, « la France continue de déployer ses forces dans plusieurs pays de la Cédé[f]ao dans le cadre de préparatifs d’une agression contre le Niger, qu’elle envisage en collaboration avec cette organisation communautaire », notamment « en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Bénin ».
Ouf ! L’intrigue nigérienne n’est pas morte.
- Autre information délivrée dans l’article de France 24 : « le ministère américain de la Défense a annoncé, jeudi, "repositionner une partie de son personnel et de ses moyens de la base aérienne de Niamey", la capitale du Niger, à une base située plus au nord. "Une mesure de précaution", assure-t-il, après le coup d'État survenu fin juillet ».
Une mesure de précaution de nos alliés américains ? Méfiance !
- Autre raison d’espérer que l’aventure nigérienne ne soit pas terminée : l’article de Jeune Afrique qui assurait, mercredi, que « renversé le 26 juillet par le coup d’État du général Abdourahamane Tiani, le président [Mohamed Bazoum] refuse toujours de démissionner. Détenu dans sa résidence par les putschistes avec son épouse et son fils, il croit plus que jamais en son retour au pouvoir ».
Le président sortant – voire sorti – du Niger est un personnage attachant sur lequel on mise finalement assez peu, mais qui pourrait nous surprendre.
Si la balle semble donc encore dans son camp, il lui reste néanmoins à faire attention à ne pas s’en prendre une par excès de confiance.
- Concernant le Gabon, l’autre territoire françafricain en proie depuis fin août à un coup d’État, France 24 relatait que « le général Brice Oligui Nguema a prêté serment, lundi 4 septembre, en tant que président d'une période de transition au terme de laquelle il a promis des élections sans [toutefois] en préciser la date ».
Malin le Brice !
- A fortiori quand, mercredi, RFI nous révélait que le Président déchu, « Ali Bongo, est [dorénavant] “libre de ses mouvements” et peut quitter le pays, annonce le général Oligui ».
Rectification : Ali Bongo est libre de ses mouvements uniquement s’il quitte le pays.
Quel filou ce Brice !
- Dans un autre article paru ce mercredi, RFI nous en disait davantage sur ce nouvel homme fort du Gabon, en s’appuyant notamment sur le travail de GabonActu.
Le média africain écrit : « Sitôt après sa prestation de serment, le président de la transition a quitté le luxueux palais présidentiel pour aller (…) [visiter] Albert Ondo Ossa qui [continue, lui, de] revendique[r] sa victoire à l’élection présidentielle du 26 août dernier ».
Cependant, GabonActu observe que Brice « semble avoir ramené à la raison ce professeur d’économie dont la hauteur du verbe est une marque de fabrique ».
Le média africain cite par exemple un tweet de Albert Ondo Ossa dans lequel il déclare : « J’ai pu en toute intimité et collégialité m’entretenir avec le président de la transition et la restauration des institutions », avant de ponctuer son message en ces termes : « Osons croire à un avenir meilleur et resplendissant pour notre cher pays le Gabon… »
Quel séducteur ce Brice !
Réussir à calmer le jeu avec son seul réel opposant après avoir pris le pouvoir par la force, le tout, sans même avoir eu besoin de lui fournir une date pour de futures élections touche presqu’au génie politique. Voilà déjà au moins de quoi s’assurer un peu de répit pendant cette transition qui pourra donc durer autant de temps que souhaitée.
Un personnage sur lequel il va peut-être falloir compter.
À suivre au prochain épisode…
La dernière bizarrerie internationale de la semaine nous était contée vendredi par France-Soir.
Le journal nous apprend que « pour encourager les Autrichiens à emprunter les transports en commun, la ministre fédérale du Climat et des Mobilités, Leonore Gewessler, a eu une idée aussi insolite que controversée » : proposer « un titre annuel de transports en commun gratuitement contre un... tatouage ».
Plus étrange encore, pour bénéficier de cette offre, seul le tatouage de « l’illustration du "KlimaTicket", [du] nom du titre de transport annuel », sera accepté.
France-Soir note que la mise en place de cette mesure a fait naître une polémique dans le pays, où une partie de l’opposition estime « [qu’]offrir de l'argent aux gens pour se tatouer des publicités sur leur peau révèle un point de vue inacceptable sur l'humanité de la part d'une ministre ».
Oui et non, tout dépend de sa culture politique. Ce n’est pas la première fois que des Autrichiens font tatouer une partie de leur population pour différencier ce qu'ils considèrent être le bon grain de l’ivraie.
ÉCONOMIE
En fin observateur de l’activité économique, notre bon vieux Tonton Klaus (Schwab) – alias le directeur du Poudlard des apprentis-gouvernants pro-américains ultra-libéraux à tendance totalitaire – a assurément dû apprécier les nouvelles de la semaine.
Par exemple, dès dimanche dernier, BFMTV nous apprenait qu’en « difficulté financière, Les Restos du Coeur se sont résignés à réduire cet hiver le nombre de bénéficiaires de leur aide alimentaire ». Selon Patrice Douret, le président de l’association, il y aurait actuellement dans les caisses un « trou d'air de 35 millions d'euros ».
Heureusement, la chaîne d’info nous annonce que « la ministre des Solidarités et des Familles, Aurore Bergé, [comptait débloquer] une aide de 15 millions d'euros "dans les prochains jours" pour l'association ». BFM ajoute « [qu’]Aurore Bergé a aussi lancé un "appel solennel aux grandes entreprises" pour qu'elles se mobilisent "pour l'aide aux plus fragiles" ».
Ni une ni deux, l’appel était entendu !
Comme le rapportait Libération mardi, la généreuse et bienfaitrice famille Arnault a immédiatement tenu a offrir une « très ostensible aumône » de 10 millions d’euros pour l’association.
Le quotidien ajoute que, « dans la salle bien nommée “Coluche” du siège des Restos du cœur », se sont retrouvés « le président de l’association, Patrice Douret, la ministre des Solidarités, Aurore Bergé, et les représentants de la “famille” Arnault, Antoine et Frédéric, fils de Bernard, pour les caméras et les appareils photo ».
À cette occasion, BFM tendait justement son micro en direction d’Antoine, le plus âgé des deux frères. Pour le dauphin des fils Arnault (Delphine, conjointe de Xavier Niel, étant l’aînée de la fratrie), il leur est naturellement « apparu [qu’il était] de [leur] responsabilité de répondre à cet appel », assurant que cet acte de charité « a été un geste spontané ».
En somme, les gueux ont pu commencer à s’habituer à voir les princes héritiers, Antoine et Frédéric, œuvrer en faveur du brave petit peuple.
Le prince Antoine compte d’ailleurs le faire savoir à tous : « Notre famille (…) peut avoir l’air éloignée des préoccupations des bénéficiaires, des bénévoles, des employés des Restos du cœur ( …) Et bien, c’est faux ! ».
L’héritier de la famille Arnault renchérit : « Quand il y a une situation de crise comme celle-ci, nous répondons présents ! »
Merci mon bon Prince… ne rangez cependant pas tout de suite votre chéquier, les situations de crise en cours et à venir ne manquent pas.
De son côté, dès lundi, dans un tweet, Aurore Bergé avait tenu à « remercie[r] Bernard Arnault et sa famille pour leur soutien exceptionnel aux Restos du Cœur de 10 millions d'euros ».
La ministre des solidarités était d’ailleurs tellement emballée par la nouvelle qu’elle en est presque venue à s’imaginer que ce don allait, lui aussi, nous permettre de « faire nation », puisqu’elle ponctuait son cirage de chaussures en se félicitant que « c'est ensemble, unis, que notre pays est plus fraternel ».
Mardi, TF1 relayait les propos d’Alexis Corbière qui a calculé qu’avec ces 10 millions d’euros, Bernard Arnault « va [en réalité] donner [seulement] 0,004% de sa fortune personnelle ». Pour l’élu de la France Insoumise, « c'est comme si quelqu'un qui avait un bas de laine de 10.000 euros donnait 4 euros. Sans parler du nombre de défiscalisations dont il bénéficie à travers sa fondation », ajoute-t-il encore.
Pour Attac France, association menant des « actions contre le pouvoir de la finance et des multinationales », le multimilliardaire « n'est pas un généreux donateur que le gouvernement doit féliciter, mais un évadé fiscal ! ».
L’association rappelle que « les Paradise Papers ont révélé qu'il détient des avoirs dans six paradis fiscaux ». Du coup, Attac enjoint l’homme le plus puissant de France à d’abord commencer par « paye[r] sa juste part d’impôts »... avant d’envoyer ses héritiers jouer aux bienfaiteurs.
Sans compter que des fois, il arrive que l’actualité soit cruelle. Comme, justement, quand Les Échos, journal appartenant à Bernard Arnault, offraient au même moment une place dans leurs colonnes à Antoine Foucher, président de Quintet Conseil.
M. Foucher explique au quotidien économique qu’en France, « progressivement, nous avons basculé d'une société du mérite à une société de rentiers ». Le président du cabinet de conseil constate notamment que, « d'après le rapport du Conseil d'analyse économique “Repenser l'héritage” ([de] décembre 2021), la fortune héritée représente aujourd'hui 60 % du patrimoine total, contre 35 % dans les années 1970. Autrement dit, la majorité de ce que les Français possèdent est due au hasard de leur naissance, et non à leur mérite individuel ».
Traduction : Bernard, Antoine et Frédéric n’ont aucun mérite, mais continuent de s’enrichir.
Les autres Français, méritants ou non, eux, beaucoup moins, voire pas du tout (cf. ci-après).
Au passage, la palme du léchage de bottes autour de cette opération de communication caritative revient incontestablement à France Info qui n'a pas hésité à se demander si, dans cette histoire, « Aurore Bergé [n’était finalement pas devenue] “la nouvelle Coluche” ? ».
Heureusement que le ridicule ne tue pas… ou la chaîne 27 de nos téléviseurs ne serait déjà plus qu’un écran noir.
A fortiori quand, selon Alexis Corbière, sur les 15 millions d’euros débloqués par la co(que)luche de France Info, « une aide de 10 millions était déjà prévue ». Du coup, pour le député LFI, cette nouvelle enveloppe octroyée aux Restos par « le gouvernement, c'est [juste un ajout de] 5 millions », soit un montant jugé « insuffisant » par Alexis Corbière
Toujours ce même mardi, une autre actualité économique a dû réjouir Tonton Klaus.
Arnaud Leparmentier, correspondant du journal Le Monde à New York, nous en résumait les grandes lignes en nous expliquant que « l’écart de PIB est désormais de 80 % entre l’Europe et les États-Unis ».
Le journaliste évoque, entre autres, un article du Wall Street Journal paru en juillet qui notifiait que « les Européens sont confrontés à une nouvelle réalité économique qu’ils n’ont pas connue depuis des décennies : ils deviennent de plus en plus pauvres » (cf. RDA semaine du 17 juillet)
Arnaud Leparmentier remarque que « le Vieux Continent était respecté tant que l’Allemagne tenait. Mais cette dernière n’est que l’ombre d’elle-même, frappée par les coupures de gaz russe et le durcissement chinois qui handicape ses exportations d’automobiles et de machines-outils ».
Le correspondant du Monde note aussi, en passant, que des problèmes énergétiques allemands, « les Américains n’ont cure : ils disposent d’une énergie inépuisable, avec 20 % du brut mondial produit contre 12 % pour l’Arabie saoudite et 11 % pour la Russie ». Arnaud Leparmentier n’oublie pas non plus que dans le domaine de l’automobile, « le triomphe de Tesla ringardise [de plus en plus] les Mercedes et autres BMW ».
En bref, en Europe, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées… comme celle de laisser filer nos richesses, nos secteurs-clés et nos fleurons industriels dans les gants de Captain America.
Pendant ce temps-là, en France, mercredi, Le Parisien nous apprenait que « la situation économique des Français ne cesse de se dégrader ».
Le journal francilien observe que, selon le « dernier baromètre de la pauvreté et de la précarité [du Secours Populaire] – mené auprès de 996 personnes de 16 ans et plus – (…) plus d’un Français sur deux déclare ne pas arriver à mettre de l’argent de côté (53 %) tandis que près d’un sur cinq (18 %) vit à découvert ».
Le quotidien souligne aussi que « 35 % des Français déclarent ne plus faire trois repas par jour », avant de préciser qu’ils « sont autant (36 %) à se priver pour que leurs enfants mangent à leur faim ».
Ambiance… Les Misérables, le retour.
Le journal note par ailleurs que « les factures d’électricité et de chauffage se sont également révélées très lourdes pour 45 % de la population malgré le bouclier tarifaire ».
Résultat : Le Parisien constate que « ce budget extrêmement serré entraîne de nombreuses privations » au sein de la population, comme avec « la viande [qui] disparaît de plus en plus des foyers » puisque « près des trois quarts des personnes interrogées (72 %) assurent qu’elles ne peuvent plus en acheter ».
Un constat qui fait d'ailleurs écho à celui réalisé la semaine dernière (le 29 août) par Olivier Dauvers au micro de BFMTV. Celui que la chaîne d’info présente comme un « spécialiste de la consommation et de la grande distribution » assurait à BFM que « jamais [on a] connu un tel niveau de déconsommation depuis 33 ans et sur aussi longtemps ».
Pour Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire, interrogée mercredi par France Info sur les résultats du dernier baromètre de son association : « Aujourd’hui, nous sommes dans une situation où la question de la faim intervient dans la vie quotidienne de millions de familles sur notre territoire ».
Elle ajoute « que, dans un pays comme la France, la question de la faim devienne une question majeure est pour le Secours Populaire source de grandes préoccupations ». Henriette Steinberg souhaite donc que « chacun l’entende » et contribue à faire en sorte « que ce fléau recule »… et, si possible, rapidement car, selon elle, « il y a urgence ».
De leurs côtés, les patrons de la grande distribution se sont bousculés sur les plateaux TV cette semaine pour s’apitoyer sur le sort de leurs clients devenus de plus en plus pauvres.
Thierry Cotillard, patron des Mousquetaires (groupe incluant notamment Intermarché), invité de l’émission C à Vous sur France 5, trouvait par exemple « [qu’]en 2023, c'est dingue de se dire : “Il y a des gens qui ont faim, il y a des gens qui ne peuvent plus acheter de viande” »… avant de mieux renvoyer la patate chaude dans le camp des vrais profiteurs de crise que sont, selon lui, les industriels. Il explique par exemple que « lorsque Bruno Le Maire leur a demandé de venir renégocier, ils n'ont même pas dénié rappeler ».
Les goujats ! De quel droit osent-ils ainsi défier Bruno la Terreur, pourtant mondialement renommé pour ses capacités à pouvoir faire s’effondrer des économies… y compris – voire surtout – celle dont il a la charge.
Thierry Cotillard explique n’avoir lui non plus « jamais eu de rendez-vous » avec ses fournisseurs, dont il n’a « obtenu [que] 300 baisses ». Une radinerie qu’il qualifie de « boutade puisqu'il y a 20.000 produits dans un Intermarché ».
Michel-Édouard Leclerc, interviewé lundi par CNews (extrait), est encore plus incisif. Il « pense qu’il n’y a pas unanimité au gouvernement. Il n’y a pas d’unanimité dans le groupe parlementaire proche du président de la République ». En un mot, il « pense qu’il y a des gens qui sont pour l’inflation » et estime que « c'est le non-dit de tout ce débat ».
Selon lui, « il y a une communauté financière qui possède des actions d’entreprises qui ont besoin de cette inflation, qui veulent cette inflation ». C’est pourquoi, il estime qu’elle « est entretenue, elle est souhaitée par beaucoup d’économistes ».
En d’autres termes, à en croire Michel-Édouard Leclerc et Thierry Cotillard, mais aussi Henriette Steinberg et le Secours populaire, le projet progressiste de la macronie et de tonton Klaus avance bien.
Autre sujet de prédilection de Schwab la Menace : la propriété individuelle.
Et, là encore, les nouvelles sont bonnes pour Davos !
Jeudi, Le Monde donnait la parole à Véronique Bédague, la PDG du groupe immobilier Nexity, qui explique qu’actuellement, la « crise du logement est violente [avec des] chiffres encore pires que ce qu’on pouvait anticiper ».
Véronique Bédague se souvient pourtant avoir « alerté dès le mois d’octobre [2022] », notamment en adressant « une lettre au président de la République, au premier ministre et aux ministres concernés ».
Sans réponse depuis, la PDG de Nexity observe que le marché s’oriente désormais vers « moins de production de logements neufs, une raréfaction des possibilités de location et, au bout du compte, les plus modestes, les plus fragiles, [qui] vont se retrouver dehors ».
Elle ajoute : « Il y a aujourd’hui 2.000 enfants à la rue en France, ça me choque ».
Et dire que plus personne ne devait dormir dehors selon Jupiter… en 2017.
En définitive, pour Véronique Bédague, « l’histoire était écrite, elle a lieu. C’est la chronique d’une crise annoncée, et elle est violente ».
Écrite et annoncée, notamment par Tonton Klaus.
Lundi, BFMTV tenait justement à répondre aux inquiétudes de ses téléspectateurs sur l’évolution du marché immobilier. Comme à celle « d’Olivier, qui a discuté avec sa banque pour un crédit [mais à qui] on a proposé du 5% ».
Marie Coeurderoy, journaliste à BFM, se montre claire d’entrée : « Ça va faire mal ! ». Elle explique que « 5 %, c'est effectivement ce que peuvent vous proposer légalement les banques depuis le 1ᵉʳ septembre ».
Concrètement, en matière de crédit, Marie Coeurderoy « regarde juste par rapport à 2021 et [s]es 1% d'intérêt » et constate qu’un « ménage qui, il y a deux ans, pouvait emprunter 300 000 €, aujourd'hui, à 5%, il emprunte 208 000 € ».
Au final, la journaliste remarque « [qu’]on a quasiment perdu 100 000 € de capacité d'emprunt en l'espace de deux ans et demi ».
Marie Coeurderoy se rend également compte qu’un taux de « 5 %, on n'avait pas vu ça depuis 15 ans »… soit l’époque des crises immobilière, financière et bancaire de 2007 et 2008… qui avaient elles-mêmes précédé la pandémie de Grippe A de 2009 (et les achats compulsifs de doses de vaccin d’une certaine Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé).
Quelle onctueuse madeleine de Proust !
Plus progressiste encore : Marie Coeurderoy observe que désormais « si vous cherchez un logement mal isolé, là, c'est encore pire ! », puisque « le diagnostic de performance énergétique (…) devient un des critères pour vous accorder votre crédit quand vous êtes une banque ».
Vous avez bien lu : votre solidité financière n’est désormais plus le seul critère retenu par votre banque pour vous accorder un crédit, elle a dorénavant également un droit de regard sur le type d’acquisition que vous désirez faire.
Voilà qui pourrait parfaitement se marier avec le projet de carte carbone du gouvernement octroyant à chaque individu un nombre très (très) limité de droits de consommation, mais aussi d’acquisition (cf. RDA semaine du 31 juillet). Sans oublier l’arrivée imminente des CBDC (cf. RDA semaine du 14 août) qui pourrait (rapidement) étendre ce droit de regard bancaire à d’autres secteurs économiques.
Et que penser encore, de ces radars d’un nouveau genre, déployés sur les routes de France, auxquels s’intéressait BFM Lyon mercredi ?
La journaliste de la chaîne, envoyée sur l’une des rocades autoroutières de la ville, indique que « deux radars qui utilisent des capteurs thermiques » ont été déployés pour contrôler la voie « située tout à gauche sur la M6-M7 ». Elle explique que ces radars « permettent de détecter si vous pouvez circuler sur [cette] voie [consacrée au] covoiturage (…) [c’est-à-dire] réservée aux voitures transportant deux personnes ou plus, aux taxis, aux bus, mais aussi aux vignettes Crit’Air 0 ».
En un mot, un capteur thermique vérifie le nombre d’occupants à bord de chaque véhicule pour s’assurer qu’il n’existe aucune personne solitaire désirant utiliser cette fameuse voie.
La journaliste précise que « la métropole de Lyon voulait demander ces radars depuis 2021 », constatant que cette voie de covoiturage « n'était jusqu'à maintenant pas forcément respectée des automobilistes ». Grâce à leur mise en application, prévient la reporter de BFM, « dans quelques mois, si vous ne respectez [plus] la signalisation, vous serez donc [enfin] verbalisé à hauteur de 135 € ».
Comme d’habitude, on ne change pas une équipe et une formule qui gagnent : aspiration de l’argent du citoyen moyen et mise en place de nouveaux joujoux technologiques répressifs, soit une pierre deux coups en faveur de la révolution progressiste.
Et, pour ceux à qui il resterait encore un peu d’argent, mercredi, sur BFM, Fabrice Godefroy, expert mobilité et environnement de l'association 40 millions d'automobilistes, nous faisait remarquer que la hausse du coût des carburants finirait par achever leur pouvoir d’achat… puisque, selon lui, « on n’est pas sorti de l’auberge (…) avec des prix qui vont devenir insupportables pour les automobilistes ». L’essence « continue d’augmenter et va continuer d'augmenter dans les prochaines semaines, c’est sûr et certain », promet-il..
À bien regarder l’enchaînement des actualités économiques de la semaine, si cette revue d’actu voulait être suspicieuse, elle jurerait reconnaître la marque d’une Grande Réinitialisation (bien avancée)… mais comme elle souhaite s’inscrire dans le bon respect du Digital Services Act, cette RDA conclue plutôt qu’il ne s’agit là que d’un enchaînement fortuit de (très) fâcheux évènements allant tous dans le sens de l’appauvrissement de la population, de sa surveillance généralisée et de la limitation de ses déplacements.
Pas de chance !
Que dire, enfin, de cet autre outil dystopique censé faciliter nos futurs règlements bancaires ?
Lundi, France Info mettait en avant cette nouvelle « étape [qui] vient d’être franchie avec les puces implantées sous la peau. Plus besoin de sortir avec ses clés ou son portefeuille. On pourra faire démarrer sa voiture, payer ou même décliner son identité d’un geste de la main ».
Manifestement ravie du concept, la chaîne du service public observe toutefois que « tout le monde n’est pas prêt à se faire implanter »… même si cela ne saurait tarder, puisque France Info entend bien en faire la publicité : « Une puce sous la peau ne vous tentera peut-être pas, pourtant, cela fait la taille d’un grain de riz. C’est fiable et totalement sûr. Voilà des années qu’on en implante aux chiens pour les identifier ».
Ah ! Si les chiens et le bétail sont déjà pucés afin d’être mieux identifiés (et tracés), dans ce cas, c’est vrai, pourquoi cette technologie ne pourrait-elle pas aussi servir aux humains ?! Dans le fond, il y a de l’idée.
Finalement, pour France Info, orchestrer le mode de vie des citoyens ou des animaux, c’est un peu la même chose. L’article se montre donc confiant en assurant qu’il « y a quelques années, on trouvait ridicule de payer avec son téléphone. Qui sait ? Peut-être que demain, on trouvera génial de payer avec le dos de la main ».
Qui sait ? Peut-être que demain, on trouvera que France Info s’est complètement perdue dans la propagande macro-davossienne sans aucune retenue journalistique.
MÉDIAS
Mardi, Mediapart révélait que, lors de la présidentielle de 2022, Emmanuel Macron « a fait surveiller, pendant trois mois, trois pages Wikipédia : la sienne, celle de son épouse, Brigitte Macron, et celle du secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, considéré parfois comme le “cerveau” du chef de l’État ».
Mediapart indique que les méthodes de Net’Wash (en français : Nettoyer’Internet), l’entreprise engagée pour mener cette opération, « font écho à celles d’Avisa Partners, géant français de “l’influence digitale”, mis en cause ces dernières années pour ses nombreuses campagnes de désinformation » (cf. RDA de la semaine dernière).
Le journal numérique souligne que « ce prestataire de La République en marche (…) propose différents services pour “faire oublier votre mauvaise réputation” et effacer d’Internet des informations gênantes ».
Mediapart rapporte « que, sous couvert du “droit à l’oubli”, Net’Wash a publié des centaines d’articles pour promouvoir des mouvements accusés de dérives sectaires ou enterrer des informations d’intérêt public sur des hommes d’affaires ou des personnalités politiques »
Et, de manière à « “enterrer” les articles gênants », le journal en ligne relève que « les employés de [Net’Wash] publient des centaines d’autres articles sur telle ou telle personne afin de noyer les publications dérangeantes et les reléguer à la seconde page de résultats d’une recherche Google ».
En définitive, grâce à Avisa Partners et Net’Wash, la France tient peut-être là de nouvelles locomotives médiatico-économiques capables de s’imposer dans un secteur déjà très prometteur : la désinformation étatique et la manipulation de l’opinion.
Il existe un autre conglomérat d’entreprises – connu de tous – dont les médias sont souvent accusés d’être des agences de presse gouvernementales : celui de Patrick Drahi, l’un des géniteurs de la macronie.
Son groupe Altice noyé sous les dettes et en proie à une crise majeure suite aux mises en examen au Portugal de ses plus proches collaborateurs, dont son « frère en affaires » (cf. RDA semaine du 24 juillet), Patrick Drahi aurait soudainement décidé de se séparer de son influente chaîne d’info : BFMacronie.
Vendredi, Télérama nous en disait davantage sur ce probable bouleversement médiatique : « La rumeur avait démarré avant l’été. Et jusqu’ici, les plus hautes sommités du groupe l’avaient fermement démentie : non, le pôle médias d’Altice (BFMTV, RMC, RMC Story, RMC Sport…) n’était pas à vendre, malgré la passe délicate que traverse le groupe, et oui, Patrick Drahi, le big boss, restait plus que jamais attaché à sa chaîne info, qui tient toujours la tête des audiences ».
Mais « ça, c’était jusqu’à [jeudi] » précise Télérama qui explique que, « lors d’une conférence organisée à New York par la banque Goldman Sachs, un conseiller du groupe a lâché le morceau : “Nous souhaitons faire une augmentation de capital [pour SFR]. Nous cherchons à vendre les data centers. Nous avons d’autres actifs de grande valeur comme les médias, [dont la vente] pourrait donc être envisagée si nous avons un bon prix” ».
Entre Bolloré, Bouygues, Dassault, Niel ou Lagardère (blague)… qui réussira à voler ce bel organe de propagande de l’ultra-centre ?
Les paris sont ouverts.
Fort heureusement, pour oublier les mauvaise nouvelles, il suffit parfois de se concentrer sur les bonnes pour repartir de l’avant.
En ce sens, mardi, la macronie a dû être revigoré en lisant Libération, puisque le quotidien nous apprenait que « le tribunal de Créteil a rejeté ce mardi 5 septembre la demande en référé d’une association qui sollicitait l’État français pour que [Julian Assange], le fondateur de WikiLeaks, puisse déposer une demande d’asile en France depuis le Royaume-Uni où il est emprisonné depuis quatre ans ».
Selon France-Soir, cette demande n’a pas connu de suite favorable en raison de la loi française qui impose obligatoirement « la présence de l’individu requérant sur le territoire national ou de l’Union européenne ».
Julien Assange, ou le fabuleux destin d’un journaliste traqué, isolé et affaibli pour avoir, entre autres, osé révéler les crimes de guerre de Captain America.
Jeudi, Fabrice Arfi, journaliste à Mediapart s’indignait sur France Inter du « curriculum vitae de la France, [où] nous sommes les citoyens et les citoyennes d'un pays qui a eu deux chefs d'État condamnés – Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy – deux chefs de gouvernement condamnés – Alain Juppé et François Fillon – [tous] pour des atteintes à la probité ».
Cocorico ! Il faut reconnaître qu’on est pas mal dans ce domaine en France !
Fabrice Arfi poursuit : « Nous avons une rentrée judiciaire étonnante, deux ministres en exercice – Olivier Dussopt et Éric Dupond-Moretti – vont être jugés avant la fin de l’année pour des atteintes à la probité ».
De mieux en mieux… rien d’autre ?
Bien sûr que si ! Le journaliste de Mediapart ajoute : « Le Haut-commissaire au Plan, François Bayrou – premier des ministres de la Justice d’Emmanuel Macron – va être jugé pour des atteintes à la probité ».
Magnifique ! Mais cette liste interminable en deviendrait presque inquiétante. Elle est close au moins ?
Non, non. Fabrice Arfi remarque aussi que « six des huit derniers ministres de la Justice, de gauche comme de droite – six sur huit ! – ont soit été condamnés, soit vont être jugés dans des affaires d’atteinte à la probité ».
Gageons que cette brochette de personnalités politiques inculpées par la justice risque de s’épaissir au cours des prochaines années.
DIVERS
Vendredi, l’avocat Juan Branco nous révélait que « la cagnotte [de 145 000 euros] pour le boxeur gilet jaune Christophe Dettinger [a été] considérée comme contraire à l'ordre public par la cour d'appel de Paris, qui [a finalement] confirmé son annulation à la demande du gouvernement ».
Pour l’avocat, cette « justification est grossière ».
Il rappelle qu’à l’époque « l'arrestation de M. Dettinger était annoncée [par les médias], [et] que des forces de police antiterroristes étaient mobilisées, [ou encore] qu'il était ciblé publiquement par des membres du gouvernement et que l'ensemble de la presse se jetait sur lui ». Ainsi, selon l’avocat, « la cour [vient de] réinterprète[r] le sens du contrat [de la cagnotte en] considér[ant] qu'il avait pour objectif "la valorisation monétaire de violences volontaires", et non la défense des intérêts des gilets jaunes ».
Pourtant, Juan Branco assure que, d’un côté, il a pu compter « plus d'une centaine de gilets jaunes présents à l'audience, [et que, de l’autre] la cagnotte appelait à "ne pas laisser seul Christophe Dettinger" et "soutenir sa famille", [sans oublier que] Leetchi lui-même, avant de se faire avoiner par le gouvernement, avait considéré la cagnotte légale ».
Autrement dit, pour l’avocat, la décision prononcée à l’encontre de Christophe Dettinger n’a pas de sens juridique.
(Note de l’auteur (et instant promo) : je vous invite à voir ou revoir sur France-Soir mon Tête-à-tête avec Christophe Dettinger. Découpée en 8 épisodes, cette série-documentaire revient sur l’histoire du boxeur des Gilets Jaunes entre 2019 et 2021. De la bataille du pont face aux gendarmes (qu’il vous raconte, images à l’appui), à son procès, en passant par sa cagnotte et son séjour en prison.
Une interview touchante et éclairante sur le sort politique et judiciaire que lui a réservé la macronie).
Mercredi, la Fondation Mozilla, du nom du navigateur Internet défenseur des libertés numériques, révélait que – ça y est – « c'est officiel : les voitures sont la pire catégorie de produits que nous ayons jamais examinée en matière de confidentialité ».
L’article indique qu’à cause des « trackers, caméras, microphones et capteurs capturant chacun de vos mouvements, (…) les voitures modernes sont un cauchemar en matière d'intimité ».
La conclusion du rapport de la fondation Mozilla est sans équivoque : « Le “consentement” est une illusion ». Du coup, la fondation propose de signer une pétition pour « demander aux constructeurs automobiles d'arrêter leurs énormes programmes de collecte de données qui ne profitent qu'à eux ».
Concrètement, Mozilla s’est rendu compte que « les marques automobiles se sont discrètement lancées sur le marché de la data en transformant leurs véhicules en de puissantes machines capables d’absorber des données (…) [et dont la] capacité [est] inégalée pour regarder, écouter et collecter des informations sur ce que vous faites et où vous allez dans votre voiture ».
Sur les « 25 marques de voitures » – incluant Renault et Dacia – examinées « dans le cadre de cette recherche », la fondation Mozilla observe que toutes « collectent plus de données personnelles que nécessaire et utilisent ces informations à des fins autres que l'utilisation de votre véhicule et la gestion de sa relation avec vous », avec notamment « dix-neuf (76%) [d’entre elles] qui déclarent [même] pouvoir vendre vos données personnelles à des tiers ».
Pire, Mozilla souligne qu’un « nombre surprenant d’entre eux (56 %) déclarent également pouvoir partager vos informations avec le gouvernement ou les forces de l'ordre en réponse à une “demande” ». La fondation assure même qu’il « ne s’agit pas d’une ordonnance d’un tribunal, mais de quelque chose d’aussi simple qu’une “demande informelle” » formulée par les forces de Police.
En clair : Tous surveillés, tous protégés… y compris (et surtout) à notre insu !
Et ce, jusqu’aux moindres détails... L’article nous avertit ainsi que les constructeurs automobiles « peuvent collecter des informations très intimes sur vous : de vos informations médicales, vos informations génétiques, jusqu'à votre "vie sexuelle" (sérieusement), jusqu'à la vitesse à laquelle vous conduisez, où vous conduisez, et quelles chansons vous jouez dans votre voiture ».
Et, cerise sur le gâteau, d’après Mozilla, ils « utilisent ensuite ces données pour inventer davantage de données sur vous grâce à des “déductions” sur des éléments tels que votre intelligence, vos capacités et vos intérêts ».
En bref : Beware, Big Brother is watching (but also recording) you.
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Wolf Wagner, journaliste indépendant pour France-Soir
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