"Acte V" ou non ? Les "gilets jaunes sous pression après l'attaque de Strasbourg
Le gouvernement a appelé deux jours après l'attaque de Strasbourg les "gilets jaunes" à "être raisonnables" et à renoncer à leurs manifestations samedi, s'attirant une fin de non-recevoir de certains d'entre eux et des réactions politiques contrastées.
Jeudi soir, la motion de censure présentée par la gauche a été largement rejetée, mais les débats ont permis de porter leur colère à l'Assemblée nationale, où le patron du PS Olivier Faure a déclaré qu'il était temps "de changer de cap".
Depuis Bruxelles, le président de la République a déclaré de son côté avoir apporté par ses annonces lundi une réponse "à la fois légitime et importante pour la France", à une "colère légitime" du peuple.
Ces décisions, "des choix de véritables accompagnements, des mesures fortes (...) pour que le travail paie mieux dans notre pays", selon Emmanuel Macron, doivent être présentées mercredi prochain dans un projet de loi en Conseil des ministres.
D'ici là, le gouvernement n'a "à ce stade pas décidé d'interdire les manifestations" prévues par des "gilets jaunes" samedi mais son porte-parole Benjamin Griveaux les a appelés à être "raisonnables", "au regard" de l'attaque meurtrière à Strasbourg qui a fait trois morts et 13 blessés.
"On ne lâche rien, le Ve acte aura bien lieu samedi", lui ont répondu, comme d'autres, les "gilets jaunes" de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), selon lesquels "la propagande gouvernementale ne passera pas".
"C'est au gouvernement d'assurer la sécurité des citoyens", a rétorqué de son côté Maxime Nicolle, l'une des figures du mouvement, lors d'une conférence de presse à Versailles. La veille, sous le nom de "Fly Rider", il avait mis en doute le caractère terroriste de la fusillade de Strasbourg.
Dans la foulée de l'attaque mardi soir, les autorités ont déclenché dans toute la France le niveau "urgence attentat" du plan Vigipirate. Il serait donc "facile" d'interdire les manifestations, mais cela n'empêcherait pas "les personnes souhaitant casser (et) piller de se rendre dans les rues", a insisté M. Griveaux.
A l'extrême droite, Marine Le Pen, sans donner de consignes pour samedi, s'est dite "étonnée" que l'"on cherche à culpabiliser" les "gilets jaunes", car ils ne sont pas "les responsables du danger terroriste".
Le chef de file de la France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, s'est lui déclaré "douloureusement surpris" que "certains à LREM utilisent" cette attaque "pour peser" sur les "gilets jaunes" : "Si on commence à céder à un assassin en modifiant toute notre vie, c'est lui qui a gagné".
- "Un nouveau modèle français" -
Mais la pression sur les manifestants est aussi venue de Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, selon qui il serait "de bon ton" qu'ils ne manifestent pas samedi, "pour ne pas surcharger la barque des policiers". Même son de cloche chez Gaël Perdriau, le maire LR de Saint-Etienne, selon qui "le message des gilets jaunes devient inaudible parce que les manifs sont maintenant un support pour les pilleurs et les casseurs".
Il faut "maintenant que le mouvement s'arrête", a renchéri Richard Ferrand, le président LREM de l'Assemblée nationale, appelant à "passer à la construction d'un nouveau modèle français", via le dialogue national annoncé par Emmanuel Macron.
Sur le terrain, la mobilisation continue. Au péage autoroutier de la Barque, sur l'A8, à la sortie d'Aix-en-Provence, les gilets jaunes avaient déjà repris leur position dans la nuit de mercredi à jeudi, avec le soutien sur place de François Ruffin, le député LFI de la Somme. Avant de se faire à nouveau évacuer par les forces de l'ordre.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, peu après minuit, une sixième personne a perdu la vie en lien avec ce conflit, un "gilet jaune" de 23 ans percuté par un poids lourd, à la sortie Avignon-sud de l'A7.
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