Attentat de Nice : quelles conséquences pour François Hollande et Manuel Valls ?
Quelles seront les conséquences du carnage de Nice pour l'exécutif? François Hollande peut-il encore "protéger la maison France" ? L'opposition, offensive depuis vendredi 15, est-elle perçue comme un recours ? Autant de questions après le nouvel attentat qui risque de provoquer une onde de choc avant la présidentielle de 2017. Après ce nouvel attentat, "il est vraiment difficile d'anticiper les évolutions de l'opinion", résume Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop. La popularité de François Hollande et de Manuel Valls va-t-elle remonter, de façon spectaculaire mais temporaire, comme en janvier et novembre 2015 ? Ou bien "l'opinion, après ce troisième attentat de masse, va-t-elle dire +ce gouvernement n'arrive pas à nous protéger+?", s'interroge le politologue.
Si Manuel Valls n'a jamais cessé d'avertir des risques de nouvelles attaques, le discours présidentiel du 14 juillet, lors duquel le chef de l'Etat avait annoncé que l'état d'urgence ne serait pas prolongé au-delà du 26 juillet, est à double tranchant. "Un des fils directeurs de cette intervention, c'était la protection: un président protecteur, la maison France à protéger", relève M. Dabi. Quelques heures avant un nouvel attentat sanglant. Pour Jérôme Sainte-Marie, président de Pollingvox, l'évolution de l'opinion "dépendra de l'exécutif". Après une "forme d'agacement sur l'abus de pathos et de commémorations après le Bataclan (...) s'il a le même comportement, cela deviendra vite intolérable pour les gens" qui réclameront des "mesures fortes". L'opposition semble, elle, avoir anticipé une exaspération de l'opinion. Vendredi, la fameuse "union nationale" n'a "pas durée une minute", relève M. Dabi.
Loin des "esprits" du 11 janvier ou du 14 juillet invoqués par M. Valls, Alain Juppé a été le premier de cordée, affirmant que "si tous les moyens avaient été pris", l'attentat niçois "n'aurait pas eu lieu". Les élus (LR) des Alpes-Maritimes Christian Estrosi et Eric Ciotti réclament des explications au gouvernement. Président de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats, le député (LR) Georges Fenech a immédiatement dénoncé "l'impuissance de l'exécutif". Nicolas Sarkozy a semblé plus mesuré, en appuyant d'emblée la prolongation de l'état d'urgence et en se dispensant d'accorder des interviews à chaud. Mais à la sortie d'un hommage rendu dans la cathédrale de Nice, il a estimé que le temps serait "bientôt" venu de "dire les choses". "On ne voit pas comment l'opposition pourrait ne pas être offensive. Si elle ne le fait pas, elle livre littéralement son électorat au Front national", souligne M. Sainte-Marie.
L'exécutif semble disposé à répliquer. Dès vendredi François Hollande a prévenu qu'il n'entendait pas s'"abaisser" aux "outrances" et aux "excès". Ce samedi matin, Stéphane Le Foll s'en est pris à M. Juppé, renvoyé à son "manque total de responsabilité", et à M. Fenech à qui il a opposé le bilan de la droite dans le domaine du renseignement et de la baisse des effectifs de sécurité. Quant à Marine Le Pen, elle a comme à l'accoutumée, renvoyé dos à dos gauche et droite, toutes deux responsables selon elle de "carences gravissimes de l'Etat" qui auraient permis ce type d'attentats. La présidente du FN a une nouvelle fois demandé, samedi lors d'une conférence de presse, la démission de Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, mais aussi jugé "inadmissible d'entendre" Les Républicains "donner des leçons" alors qu'ils sont selon elle "responsables du chaos que connaît notre pays".
Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre et président d'honneur du MRC, estime que "l’unité nationale est la seule réponse digne et efficace", dans une déclaration à l'AFP. "La volonté affichée des dirigeants de la droite de +ne pas faire le jeu du gouvernement+ n’est pas du tout à la hauteur" du "défi civilisationnel", lancé contre la France, a-t-il ajouté. Dans un tel contexte, l'élection présidentielle de 2017 revêt déjà un caractère inédit. "Cette campagne aura lieu dans un contexte où la première préoccupation des Français n'est pas un contexte de crise, comme depuis 1974, mais la sécurité", souligne M. Dabi.
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