Béziers : ouverture d'une enquête après la révélation de Robert Ménard sur le fichage des écoliers musulmans
C'est une phrase qui a déclenché la polémique. "Dans ma ville, il y a 64,6% des enfants qui sont musulmans dans les écoles primaires et maternelles", a déclaré le maire de Béziers, Robert Ménard, lundi 4 lors de l'émission Mots croisés sur France-2. Interrogé par Anne-Sophie Lapix sur la provenance de ces données, l'ancien secrétaire général et fondateur de Reporters sans frontières, élu en mars 2014 avec le soutien du Front national, a reconnu qu'il se fiait aux prénoms des élèves pour deviner leur religion. "Le maire a, classe par classe, les noms des enfants. Je sais que je n'ai pas le droit de le faire. Mais pardon de vous dire que les prénoms disent les confessions".
Si la mairie de Béziers, dans un communiqué publié ce mardi matin, a récusé l'idée de fichage, le procureur de la République de Béziers, Yvon Calvet, a annoncé avoir ouvert une enquête préliminaire pour vérifier si un tel fichage existe. Suite à ces déclarations de Robert Ménard, les messages d'indignation ont déferlé sur les réseaux sociaux, à commencer par celui du Premier ministre, Manuel Valls, qui a vivement réagi sur Twitter: "Honte au maire de Béziers. La République ne fait AUCUNE distinction parmi ses enfants".
Peu après, la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem a également dénoncé cette pratique, précisant dans un communiqué que ce fichage est "non seulement illégal de la part d'un maire qui est, à ce titre, représentant de l'Etat sur sa commune mais aussi profondément antirépublicain". Même son de cloche pour le ministre de l'Intérieur Bertrand Cazeneuve, qui s'est lui aussi exprimé par le biais d'un communiqué: "Un tel fichage est interdit par la loi. Ficher des enfants selon leur religion, c'est renvoyer aux heures les plus sombres de notre histoire. (…) Quoi qu'il en soit, par ses propos inadmissibles, le maire de Béziers a franchi une ligne jaune (…)".
A droite, le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Christian Jacob, a lui aussi condamné l'initiative Robert Ménard, "complètement interdit(e) par la loi de la République" et "tout à fait condamnable". "C'est une bonne chose" que la justice soit saisie, a-t-il ajouté, interrogé par les journalistes dans les couloirs de l'Assemblée.
En France, les statistiques ethniques sont interdites par la loi du 6 janvier 1978. Seules quelques exceptions peuvent être autorisées par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL).
(Voir ci-dessous la vidéo des déclarations de Robert Ménard lors de l'émission Mot croisés sur France-2):
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