Brexit : "ce choc ne doit pas conduire à l'affolement" estime l'ancienne ministre Catherine Lalumière

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 24 juin 2016 - 16:40
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Les drapeaux du Royaume-Uni et de l'Union européenne
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©Philippe Huguen/AFP
C'est désormais acté, le Royaume-Uni va quitter l'Union européenne à la faveur du référendum organisé jeudi 23.
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C'est désormais acté, le Royaume-Uni va quitter l'Union européenne à la faveur du référendum organisé jeudi 23. Pour mieux comprendre les enjeux de cet événement retentissant, la Maison de l'Europe, partenaire de "FranceSoir", revient sur les circonstances du vote et sur ce que pourraient être les conséquences du référendum.

"Le Brexit l’a emporté. C’est un choc mais, plus que jamais, nous devons garder notre sang-froid. Ce choc ne doit pas conduire à l’affolement. A tous les niveaux, souhaitons que chacun assume ses responsabilités en évitant autant que faire se peut la démagogie et le populisme. Mais le sang-froid ne signifie pas immobilisme. Ce serait bien imprudent de refuser de voir les raisons profondes du désamour envers l’Union européenne, raisons sociales, économiques, identitaires, culturelles et finalement très politiques que l’on retrouve bien au-delà de la Grande-Bretagne. Au contraire, le choc britannique donne l’occasion de réaliser de profondes réformes, et de dégager enfin les grands objectifs politiques de l’Europe dans le monde d’aujourd’hui" a estimé l'ancienne ministre et signataire des accords de Schengen pour la France, Catherine Lalumière, présidente de la Maison de l'Europe à Paris.

Aux premières heures de la matinée de ce vendredi 24, le Brexit, ou British Exit, réunissait 51.9% des voix. La participation au scrutin a été forte, avec 72,2% selon le chiffre officiel. Afin d'y voir plus clair dans cet évènement historique, petit tour d'horizon…

Le Royaume Uni était membre de l’Union européenne (UE) depuis 1973. Le résultat du référendum fait l’effet d’un coup de tonnerre. Les conséquences économiques se sont immédiatement fait sentir dans les bourses. Pour l'instant, le cours de la livre est au plus bas depuis 1985, tandis que les marchés s'affolent, notamment sur les places boursières asiatiques qui ont immédiatement réagi aux premiers résultats du référendum sur le Brexit. La bourse de Tokyo a chuté de près de 8%. Aujourd'hui les banques britanniques sont en chute libre. Lloyds dégringole de 27%, Barclays de 30%, RBS de 34%. A Paris, BNP Paribas perd 16%.

> Alors…Qui a voté quoi au Royaume-Uni ?

Côté politique, le Brexit est aussi un tournant dans la politique intérieure du Royaume-Uni : le Premier ministre David Cameron a annoncé sa démission ce matin (Il assura cependant la transition jusqu'en octobre), puisqu'il avait fait campagne pour le "In", pour "rester" dans l'UE.

Toujours côté politique, Nigel Farage, chef du parti eurosceptique Ukip est sans appel: "l'UE est en train d'échouer, l'UE est en train de mourir". Le pilier des partisans du Brexit, qui réclame un gouvernement pro-Brexit, avait d’abord annoncé sur les réseaux sociaux une défaite, avant de rectifier le tir avec le résultat final cette nuit."C’est une victoire pour les vrais gens, pour le peuple ordinaire", clame-t-il.

Avec le Brexit, le tabloïd le plus vendu du Royaume-Uni, The Sun, affiche sa joie en couverture à ses 1,8 million de lecteurs. "See EU later"peut-on y lire. Il ajoute que "la marge très étroite de victoire (52 % contre 48 %) pour le Brexit laisse la nation divisée en deux". Il s’agit d’un "soulèvement populaire massif contre les élites londoniennes" venant des électeurs du "nord de l’Angleterre, de la côte est, des Midlands et du pays de Galles, ainsi que des zones rurales dans le Sud. Seuls l’Ecosse, l’Irlande du Nord et les quartiers du centre de Londres et de Manchester ont voté contre le Brexit".

Sur les 12 régions électorales qui composent le Royaume-Uni, seules 3 ont exprimé leur volonté de rester dans l'Union européenne. Il s'agit de l'Irlande du Nord, de l'Ecosse et de la périphérie de Londres.

La Premier ministre de l'Ecosse, Nicola Sturgeon, a prévenu, après les premiers résultats de ce référendum, que l'Ecosse voyait "son avenir au sein de l'Union européenne": l'Écosse, qui a voté à près de 62% pour le maintien du Royaume-Uni dans l'UE, pourrait redemander son indépendance.

En Irlande, le Sinn Fein, ex-vitrine politique de l'Armée républicaine irlandaise (IRA), a appelé à un référendum sur une Irlande unifiée, et le parti républicain a souligné que le référendum sur l'UE avait des "conséquences énormes sur la nature de l'Etat britannique" sachant que l'Ecosse et l'Irlande du Nord ont voté pour un maintien au sein de l'Union européenne.

Selon le sondage YouGovPoll, les jeunes ont votés massivement pour rester dans l’Union européenne, tandis que les 50 ans et plus ont voté pour quitter. Les résultats du sondage (paru dans le Daily Telegraph) :

>18-24 ans: 75% Rester

> 25-49 ans: 56% Rester

> 50-64 ans: 44% Rester

>65 ans et +: 39% Rester

> La séparation sera actée dès maintenant?

L'Union européenne n'est pas encore passée de 28 à 27 membres. Avant toute chose, comme le prévoit l'article 50 du Traité sur l'Union européenne (TUE), le Royaume-Uni doit notifier au Conseil européen son intention de s'en aller. Le Premier ministre, David Cameron, avait laissé entendre qu'il saisirait ce Conseil des chefs d'Etat et de gouvernement européen rapidement, pendant la campagne, mais rien ne l'y oblige. Il a démissionné ce matin, puisqu'il avait fait campagne pour le "In" (rester dans l'UE). Il faudra donc attendre que son parti présente un candidat pro-Brexit au poste de premier ministre avant de débuter les négociations.(Discours de David Cameron à 9h 24 juin 2016).

Une fois la procédure lancée, le Royaume-Uni et l'UE auront deux ans maximum pour négocier les clauses de la séparation et parvenir à un accord, qui devra être approuvé par le Parlement européen et le Conseil européen. Si rien n'est conclu au terme des deux ans, la séparation prendra effet immédiatement. Ce n'est qu'une fois la séparation actée que le Royaume-Uni sera libéré des obligations des traités européens (ce qui suppose d'adapter la législation britannique et probablement sa constitution) et que ses représentants quitteront les institutions européennes (plus de 1.200 personnes sont concernées).

Outre les aspects bureaucratiques tels que la gestion des dernières contributions britanniques et des derniers investissements européens, modification des textes, modification des contrats des fonctionnaires britanniques de l'UE, etc., de nombreuses autres questions restent à traiter. Quel avenir pour les expatriés (300.000 français vivent à Londres)? Quelles conditions de circulation des personnes? Quelles barrières douanières? Ces points pourraient être examinés en parallèle de la procédure de séparation. Le tout pourrait durer plusieurs années supplémentaires.

En matière économique, tout est envisageable. Le Royaume-Uni pourrait imiter l'Islande et la Norvège en rejoignant l'Espace économique européen, qui donne accès au marché intérieur européen. Mais il serait obligé d'accepter la libre-circulation des personnes, d'appliquer de nombreuses normes européennes et de participer au budget européen... c'est-à-dire tout ce que les partisans du Brexit veulent éviter….  

Les ministres des Affaires étrangères des six pays fondateurs de l'UE (France, Allemagne, Belgique, Luxembourg, Italie et Pays-Bas) vont se réunir demain le 25 juin 2016 à Berlin. Histoire à suivre…

(Avec la contribution de la Maison de l’Europe de Paris)

 

 
 

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