Comme Blanche-Neige, la primaire de la droite a ses sept nains
La primaire ne serait qu'un "système de sélection des nains de jardin", disait Luc Ferry en début d'année. Un petit plaisantin s'est aussi fait plaisir en préemptant le nom de domaine "toutpourlafrance.net" (le titre du livre-candidature de Nicolas Sarkozy) pour rediriger vers... une collection de nains de jardin. La primaire de la droite inspire visiblement beaucoup sur le thème du nanisme. FranceSoir aussi, d'autant qu'il y a maintenant sept candidats officiellement en lice. Oui, sept nains donc. Mais qui est qui? (Attention: alerte subjectivité!)
> Prof
C'est le plus âgé de la bande, le plus sage, celui dont l'expérience parle pour lui. Et qui ne se prive pas de distiller ses leçons. Qui? Alain Juppé bien sûr. Héraut de l'effort et se voulant rassembleur, Prof-Juppé prône ainsi un quinquennat de rigueur et de réformes, pour certaines annoncées comme douloureuses. Son pari? "Tout dire avant pour tout faire après" avoir été élu, répète-t-il à l'envie, échaudé par les grandes grèves de 1995 qui lui ont coûté Matignon. Il fait aussi le pari de fédérer les déçus de François Hollande "à gauche, au centre ou à droite naturellement". Bref, d'être le chef de bande réfléchi.
Et s'il est plus à l'aise pour les discours que son homologue, Juppé a un autre point commun avec Prof: son éternel adversaire Grincheux...
> Grincheux
Revanchard, grognon, colérique: Nicolas Sarkozy est le Grincheux de son camp. Celui qui est capable de se faire chef de bande pour mener la charge contre la vilaine sorcière (l'islam, dans la vraie vie?) mais est aussi perpétuellement agacé par ses coreligionnaires, persuadé qu'il est d'avoir raison contre le reste du monde. Son pire rival n'est autre que Prof, dont il conteste toutes les décisions, toutes les idées...
Son visage très expressif et barré d'épais sourcils noirs cache toutefois un fond sentimental, comme lorsqu'il est ébranlé par un bisou de la belle Blanche-Neige. Encore un point commun avec le président qui aspire à le redevenir qui, alors qu'on ne lui prêtait aucune pitié, aucune faiblesse, a été marqué par sa rupture avec Cécilia, puis a semblé se revigorer dans les bras de Carla?
> Simplet
S'il n'est pas le benjamin (de peu) de la primaire, c'est tout de même celui qui joue le plus la carte de la "jeunitude", voire du jeunisme. Puisque "le renouveau c'est Bruno", il paraît évident que le jeune premier soit Simplet. Pas une insulte car le faux-niais au visage poupon du dessin animé de Disney sait très bien jouer sa carte quand il s'agit de danser avec Blanche-Neige (quitte à grimper sur les épaules d'Atchoum pour se grandir) ou lui réclamer quelques bisous supplémentaires avant de partir travailler.
Plus prolixe que son homologue attitré, Bruno Le Maire a une autre différence de taille avec Simplet: lui a des chemises ajustées et porte les manches de sa chemise retroussées, plutôt que ballantes. Mais de là à dire que le costume qu'il entend endosser est à sa taille...
> Timide
Il l'a encore prouvé lors du premier débat de la primaire, jeudi soir: bien que se destinant à la plus haute fonction, François Fillon a semblé effacé, presque inhibé, face à ses adversaires, au premier rang desquels Nicolas Sarkozy. La tête rentrée dans les épaules, François le Timide était même visiblement physiquement mal à l'aise lorsqu'il a été interpellé sur sa requête supposée à Jean-Pierre Jouyet pour "ruiner judiciairement" Nicolas Sarkozy...
François Fillon est bien le Timide des sept nains de la primaire: discret (à son corps défendant), il n'en reste pas moins un personnage important. Même s'il y a peu de chances qu'il finisse par jouer les premiers rôles.
> Joyeux
Il y a eu les moments de grâce dans le métro parisien, la cigarette fumée avec des SDF et bien d'autres: Nathalie Kosciusko-Morizet partage semble-t-il avec Joyeux cette capacité à s'émerveiller de tout. Quitte à en faire trop. Personnage secondaire de l'intrigue de Walt Disney, Joyeux n'en reste pas moins détonnant et c'est probablement ce qui le rend indispensable, un peu comme NKM, seule femme d'une primaire gonflée à la testostérone. Même si son caractère irrite au plus haut point un certain Grincheux. De là à le comparer avec NKM, dont Nicolas Sarkozy a dit un jour qu'elle était de droite "peut-être +à l'insu de son plein gré+"...
> Atchoum
Eternuer au plus mauvais moment est sa spécialité. Sternutation que le Larousse définit comme une "expulsion brutale d'air provoquée par une excitation", ce qui peut ressembler aux diatribes de Jean-François Copé contre son meilleur ennemi, depuis que le scandale Bygmalion a éclaté, Nicolas Sarkozy.
Mais, comme dans le dessin animé, Atchoum se fait parfois moucher par ses comparses. Et, lors du débat de jeudi soir, c'est Nicolas Sarkozy qui s'est chargé de lui essuyer le nez alors que l'ancien patron de l'UMP s'attribuait la paternité de la loi sur la burqa: "La loi sur la burqa, pardon, Jean-François, ce n'est pas toi qui nous l'as imposée, et tu étais bien incapable d'imposer ni au Premier ministre ni au président de la République quoi que ce soit, pas plus hier qu'aujourd'hui".
> Dormeur
Puisqu'il en fallait bien un, c'est Jean-Frédéric Poisson qui hérite de ce personnage. Totalement inconnu ou presque avant le débat de jeudi soir, lors duquel il s'est par ailleurs démarqué positivement, Dormeur retournera de toute façon "se coucher" après une primaire à laquelle sa candidature semble se limiter à un témoignage.
Attention toutefois, dans l'histoire de Disney, il joue un rôle important à certains moments cruciaux. C'est par exemple lui qui comprend avant tout le monde que la sorcière s'en prend à Blanche-Neige. Preuve que même s'il paraît inoffensif, le nain peut avoir un rôle à jouer.
> Bonus: Blanche-Neige
Elle est belle, elle est mignonne, et tous sont sous son charme. Blanche-Neige dans le dessin animé, Marianne dans la réalité de la République. Mais attention, les sept nains ont beau se lier avec elle, et pour certains sembler envisager sérieusement de passer à un autre stade, à la fin c'est le prince qui décroche la timbale.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.