Comment Castaner et Mélenchon ont saboté "L'Emission politique" de ce soir
Cela s'annonçait à couteaux tirés entre les quatre chefs des principales formations politiques françaises ce jeudi 17 (oui, quatre). A l'occasion de la première année de mandat du président Emmanuel Macron, France 2 avait l'idée de réunir Jean-Luc Mélenchon (LFI), Marine Le Pen (FN), Laurent Wauquiez (LR) et Christophe Castaner (LREM) pour une Emission politique qui augurait un débat particulièrement vif.
Après la déroute du Parti socialiste aux dernières présidentielles, France Télévision avait estimé que la présence d'un représentant du parti ne s'imposait pas.
Sauf que voilà, entre ceux qui ont annoncé qu'ils ne viendront pas (avant de changer d'avis) et ceux qui estiment qu'ils devraient en être, la polémique enfle.
Ainsi, Christopher Castaner et Jean-Luc Mélenchon ont dans un premier temps refusé l'invitation. Selon Libération, le premier "a eu peur du guet-apens, évoquant le risque pour le leader de la majorité de se retrouver seul face à quatre adversaires". Courageusement, il a cependant proposé d'envoyer au feu la députée de Paris Laetitia Avia à sa place. Refus poli de la chaîne: "On ne peut pas se faire imposer des gens par des partis, alors le bras de fer a commencé et les négociations ont duré un mois et demi. Ça s'est fini avec cette formule d'une série d'interview, on aurait préféré le débat".
Orateur confirmé et débatteur acharné, Jean-Luc Mélenchon a pourtant également décliné l'invitation. Raison évoquée par ses proches au quotidien, la peur de prendre des risques: "Pourquoi débattre face à Le Pen, à Wauquiez qui cherche à se refaire la cerise? Jean-Luc se serait retrouvé dans un débat hystérique alors que l'enjeu est nul. Durant la campagne des Européennes, on aura tout le temps de débattre avec celui ou celle qui voudra", confie l'un d'eux toujours à Libération.
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Ces deux là absents, l'affiche était déjà moins alléchante. Pour avoir un participant de gauche, France 2 a alors tenté l'option Olivier Faure qui, bien que vexé de ne pas avoir été invité à la base, a accepté de venir débattre. Sans représentant de LREM, le débat s'annonçait toutefois assez peu intéressant.
Mais finalement, comme le révèle Le Figaro, la majorité a proposé un deal à France 2. Christopher Castaner a accepté de venir mais sur un autre format. France 2 a accepté et la soirée sera composée d'une série de questions-réponses à suivre pour chaque dirigeant avec la journaliste de l'émission Léa Salamé. Jean-Luc Mélenchon est lui aussi alors revenu pour ne pas être mis sur la touche.
L'absence de confrontation entre les invités risque de rendre bien terne une émission déjà en perte de vitesse au niveau des audiences et de montrer, un nouvelle fois, que France Télévisions a bien du mal à s'imposer face aux exigences des politiques.
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Reste ceux qui n'ont pas été invités et pour qui la pilule passe mal. En premier lieu, Benoît Hamon qui a adressé une lettre ouverte virulente à Delphine Ernotte présidente de France Télévisions. "Votre programmation jette un doute extrêmement regrettable sur la neutralité du service public, et alimentera les soupçons que nos concitoyens nourrissent envers leurs médias publics", y attaque l'ex-socialiste désormais leader du parti Génération.s. Et d'ajouter: "Nous souhaitons que vous leviez au plus tôt les doutes en rétablissant le pluralisme parmi les invités (...) sauf à croire que (...) le parti présidentiel vous impose désormais ouvertement ses choix".
Même son de cloche chez le septième de l'élection présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan. "J’avais pourtant des choses à dire et puis j’ai jamais fait baisser l’audimat", a raillé auprès de Libé le président de Debout la France.
"Peut-être par habitude, peut-être parce qu’ils veulent remettre en selle Wauquiez et Le Pen. C’est la stratégie de Macron d’avoir à nouveau Le Pen au second tour", a poursuivi le maire de Yerres qui, comme le souligne le quotidien, avait apporté son soutien Marine Le Pen au second tour.
Le PCF s'est aussi ému de l'absence de Pierre Laurent dans un communiqué, s'estimant victime d'un "ostracisme" qu'un "casting obéit à chaque fois aux mêmes règles prétendument présidentialisées". Et d'ajouter: "Le Parti communiste est l'une des formations les plus actives dans les mobilisations sociales qui dominent l'actualité".
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