Comment la nouvelle mise en examen de Sarkozy peut rebattre le jeu avant 2017
La nouvelle mise en examen de Nicolas Sarkozy, mardi 16, sonne-t-elle le glas de ses ambitions? Qui parmi ses rivaux peut-en profiter? Est-ce forcément une bonne nouvelle pour François Hollande? Autant de questions qui se posent à neuf mois de la primaire à droite et quinze mois de la présidentielle.
Son avocat Thierry Herzog assure que non. "Etre mis en examen n'empêche pas d'être candidat à l'élection présidentielle car il y a la présomption d'innocence", a-t-il fait valoir au lendemain de la mise en examen de l'ancien président pour financement illégal de sa campagne en 2012. Me Herzog va plus loin: "avoir été condamné n'empêche pas d'être candidat à la primaire" à droite prévue fin novembre et pour laquelle Nicolas Sarkozy ne s'est pas encore officiellement déclaré. L'avocat en veut pour preuve la candidature d'Alain Juppé, condamné en 2004 dans l'affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris.
Condamné à 14 mois de prison avec sursis et une année d'inéligibilité, l'ancien Premier ministre s'était éclipsé un temps de la scène politique, exilé une année au Québec, avant d'être réélu en 2006 maire de Bordeaux. Il apparaît aujourd'hui comme le principal rival de Nicolas Sarkozy pour la primaire.
"Jamais je n'aurais imaginé être candidat si j'étais mis en examen", a cependant lancé Jean-François Copé, en référence à l'affaire Bygmalion dans laquelle il est témoin assisté, en annonçant dimanche 14 sa candidature à la primaire.
"Obstacle", "épine dans le pied", "coup dur": la presse était unanime mercredi pour considérer que cette nouvelle mise en examen pouvait entraver sa course vers la présidentielle de 2017. "C’est clair que ça ne facilite pas la tâche de Nicolas Sarkozy dans son combat politique", a reconnu Henri Guaino, son ancien conseiller à l'Elysée, sur BFMTV et RMC. "Ca peut être demain une force", tempérait Brice Hortefeux, un proche de l'ancien chef de l'Etat, rappelant que dans d'autres affaires le concernant, Nicolas Sarkozy a démontré "son innocence".
C'est en tout ce que plaident ses amis, mais aussi un argument que fait valoir plus généralement la classe politique toutes tendances confondues. "Comme tout citoyen, Nicolas Sarkozy a droit à la présomption d'innocence. Nous devons naturellement respecter ce droit", a tweeté Alain Juppé. "Une mise en examen n’est pas une condamnation (…). Je laisse faire la justice", a dit la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo. "Nous vivons une époque où une mise en examen, même injustifiée, même si elle ne débouche pas sur une condamnation, atteint la réputation des personnes", a cependant mis en garde Henri Guaino.
Nicolas Sarkozy n'a pas encore officiellement déclaré sa candidature à la primaire. Ce devrait être fait avant l'été, selon des cadres LR.
Dans l'affaire des comptes de campagne, des actes importants sont encore attendus. Une fois terminées les investigations des juges, les parties pourront demander de nouveaux actes d'enquête, puis contester d'éventuels refus. L'avocat de Nicolas Sarkozy a annoncé dès mardi soir des "contestations". Cela peut retarder le calendrier de plusieurs mois, avant un éventuel procès.
L'ancien chef de l'Etat est par ailleurs déjà mis en examen, depuis juillet dernier, pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite des écoutes. Les juges ont clos leurs investigations, mais la Cour de cassation doit encore valider une procédure, le 22 mars.
A droite, l'ancien chef de l'Etat pointait ces derniers temps loin derrière Alain Juppé dans les enquêtes d'opinion. Mais, relancé par les ventes de son dernier livre, Nicolas Sarkozy (+2) refaisait une partie de son retard sur son concurrent (-2), selon un sondage Ifop-Fiducial réalisé avant sa mise en examen.
Cela pourrait aussi desservir François Hollande. "C'est quoi la meilleure chance pour François Hollande d'être réélu? C'est d'avoir face à lui Nicolas Sarkozy, tout le monde comprend bien cela", lançait il y a quelques semaines Hervé Mariton (LR), candidat déclaré à la primaire. "Cette affaire fait énormément de mal à la politique", a tranché Henri Guaino.
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