Crédits d'assistants et détournement de fonds : Michel Talgorn balance les sénateurs UMP
Michel Talgorn parle de "restitutions de crédits d’assistants" ou de "ristournes". La justice préfère les termes de "détournements de fonds publics", "abus de confiance" et "blanchiment". Cet ancien collaborateur de l'UMP a détaillé à Mediapart le système frauduleux qui aurait été de mise chez nombre de sénateurs de droite entre 2002 et 2014, et toujours la cible d'une enquête.
Le système qui aurait permis à plusieurs anciens et actuels sénateurs -une quarantaine selon Michel Talgorn- de s'enrichir aurait profité d'une pratique tolérée au sein du Sénat. Ses élus bénéficient en effet d'un crédit, une enveloppe, pour rémunérer leurs assistants parlementaires (7.600 euros en 2017). S'ils n'utilisent pas l'intégralité de cette somme, ils doivent en principe en reverser le surplus aux caisses de la haute assemblée.
Mais le Sénat, comme l'Assemblée nationale, tolère que ce surplus soit reversé aux groupes parlementaires. Il aurait été de coutume au sein du groupe UMP de reverser un tiers des sommes ainsi récoltées à l'élu en question. Un moyen de l'inciter à limiter son recours au "crédit d'assistants", et donc de financer le groupe grâce à l'argent public.
Une libre utilisation par le groupe parlementaire de l'argent qui lui était distribué en toute légalité par le Sénat, se défendent les sénateurs incriminés. Certains invoquent également l'argument que cette affaire ne regarde que les instances du Sénat et non le juge judiciaire.
Se considérant lâché par les sénateurs qui avaient bénéficié de ces largesses présumées, Michel Talgorn a décidé de s'exprimer, à deux semaines des élections sénatoriales: "Je rédigeais les chèques que je mettais à la signature du trésorier ou du président de groupe. (...)Les nouveaux élus étaient vite convaincus de l’intérêt de déléguer des crédits d’assistants au groupe, à la fois pour aider le groupe et s’aider eux-mêmes", raconte-t-il ainsi à Mediapart.
Un sénateur pouvait ainsi obtenir entre 16.000 et 32.000 euros par an. Et parmi les dizaines qui auraient joué le jeu se trouverait un certain François Fillon, déjà en délicatesse concernant une histoire d'assistante parlementaire.
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