Crise de l'électricité et du gaz : la France se prépare à affronter un hiver sous tension
Y aura-t-il de l’électricité à Noël ? La Première ministre Elisabeth Borne va dévoiler mercredi les scénarios possibles pour affronter les pics de consommation d'énergie cet hiver, mais aussi les factures qui flambent, au moment où la France est confrontée à sa pire crise énergétique depuis les années 1970.
Mme Borne évoquera les scénarios d'approvisionnement en énergie du pays, dans la foulée des prévisions présentées le même jour par les gestionnaires des réseaux de transport d'électricité et de gaz (RTE et GRTgaz), ainsi que l'avenir du bouclier tarifaire qui protège les Français des hausses de tarif jusqu'au 31 décembre.
La Première ministre tiendra une conférence de presse à 15 h 30, entourée des ministres de l'Économie Bruno Le Maire et de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.
Le gouvernement, qui prépare son projet de budget pour 2023, a promis que la hausse des prix du gaz et de l'électricité resterait "contenue" après l'expiration de ce bouclier.
En 2022, la hausse sur les tarifs d'électricité pour les particuliers avait été bloquée par le gouvernement à 4%, et les tarifs du gaz gelés au niveau d'octobre 2021.
Avec la crise énergétique, les prix de gros de l'électricité en Europe ont explosé, dépassant parfois 1 000 euros le mégawatt/heure contre moins de 50 euros avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février, au point que l'Union européenne envisage désormais sérieusement une réforme du marché.
Sur le marché européen interconnecté, le prix de l'électricité est ajusté sur le prix de revient de la dernière source d'énergie mobilisée pour répondre à la demande, souvent une centrale au gaz.
Or, le prix du gaz s'est envolé, dans le sillage de la guerre en Ukraine et du tarissement des flux par la Russie, entraînant avec lui celui de l'électricité.
En France, cette crise est accentuée par une baisse de sa production électrique nucléaire, au plus bas en raison de l'arrêt de la moitié de ses réacteurs (28 sur 56), en travaux pour des maintenances ou des corrosions.
À cela s'ajoute l'effondrement de la production hydraulique qui a pâti de la sécheresse estivale.
"Plan de continuité"
À 10 h 00, RTE va dérouler sa vision de la sécurité énergétique de la France pour le passage de l'hiver 2022/2023, et notamment la période cruciale d'octobre à mars, en fonction de plusieurs scénarios, des plus optimistes au plus pessimistes.
Seront abordés tous les efforts d'économies volontaires et éco-gestes qui pourront être demandés aux particuliers, collectivités et entreprises pour éviter la surchauffe du système.
Par exemple en baissant la consommation à des moments clés, comme le matin et en fin de journée, pour alléger les "pics" de consommation.
Le gestionnaire de réseau de transport de gaz GRTGaz présentera en début d'après-midi son scénario hivernal de prévisions d'approvisionnement en gaz.
Après avoir appelé fin août les entreprises à agir pour éviter un "rationnement", à l'orée de l'automne, les autorités martèlent un message qui se veut un peu plus rassurant sur la capacité du réseau à tenir face aux pics de demande et épisodes de froid cet hiver, à condition que chacun fasse un effort de "sobriété".
"Il n’y a pas de risque de black-out, c’est-à-dire de survenue d’un épisode qui ferait s’effondrer l'ensemble du système énergétique", a assuré la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, mardi devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale.
"Nous avons une série de leviers" et en "ultime recours", "un plan de continuité est préparé en cas d'insuffisance d'alimentation en électricité, avec des mesures comme les délestages", a développé la ministre.
Ces coupures d'électricité, ciblées et organisées à l'avance, font partie d'une panoplie de mesures destinées à éviter le black-out, c'est-à-dire la panne généralisée et incontrôlée.
La crise énergétique mondiale est venue s'ajouter en France à une situation déjà tendue pour le réseau électrique.
La sécurité d'approvisionnement avait été placée sous "vigilance" l'an passé pour les hivers 2021-2024, en raison notamment du retard pris dans le branchement de l'EPR de nouvelle génération de Flamanville et dans le développement des énergies renouvelables.
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