Des migrants de Calais installés dans un centre d'accueil temporaire en Bourgogne
Ils cherchaient à atteindre l’Angleterre, ils ont atterri en Bourgogne. Depuis deux semaines, une soixantaine de migrants originaires d’Afrique de l’Est et demandeurs d'asile qui vivaient à Calais dans des conditions insalubres ont élu domicile dans la caserne de gendarmerie de la commune de Pouily-en-Auxois (Côte d’Or). Cette reconversion en centre d’accueil a été décidée par le ministère de l’Intérieur, qui souhaite répartir les migrants en dehors de Calais.
"Pour désengorger Calais de ses quelque 2.500 migrants, le ministère de l’Intérieur a demandé à différents opérateurs de logement social de chercher des centres d’accueil. Le bailleur social Adoma a signé un bail de 18 mois pour accueillir jusqu’à 60 migrants dans cette caserne des gendarmes, un bâtiment des années 1960 vacant depuis plusieurs mois", explique la sous-préfète de Beaune, Anne Frackowiak-Jacobs. Une vingtaine de départements seraient concernés par cette "répartition" des migrants.
Apprenant que sa petite commune de 1.600 habitants allait devoir accueillir une soixantaine de migrants, Bernard Milloir, maire de Pouillix-en-Auxois, s'est de prime abord trouvé très inquiet. "On m’a dit que ce seraient 60 personnes. Je ne savais pas du tout quel profil elles auraient. Est-ce que ce seraient des familles? Auquel cas, il aurait fallu se poser la question de la scolarisation des enfants", témoigne-t-il. Annoncée quelques jours après les attentats de Paris, la nouvelle a également fortement déplu à de nombreux habitants de Pouilly-en-Auxois.
"Au début, la population était extrêmement méfiante, surtout par méconnaissance du statut de demandeur d'asile. Il y a eu quelques réactions nauséabondes, des tracts où il était écrit +on vit bien ensemble sans eux+”, raconte Anne Frackowiak-Jacobs. "Les informations alarmantes sur les heurts avec les migrants à Calais n'ont pas rassuré la population. J'ai reçu des insultes, des lettres anonymes où l'on me traite de c… de maire, un mail injurieux. J'ai même déposé une plainte", confie également Bernard Milloir qui a finalement pris "le parti de regarder et d’expliquer les choses de manière humaniste. Ce sont des gens qui sont dans la souffrance".
Mais aujourd’hui, près d'un mois après l'arrivée des migrants, la situation semble s’être apaisée. "Les migrants se promènent en ville sans problème. Il ne faut pas oublier que ce sont des demandeurs d'asile, ils veulent apprendre le français, certains sont francophones et le parlent déjà. Il y a même un Soudanais qui peut citer Voltaire", s'amuse Anne Frackowiak-Jacobs.
Arrivés "très fatigués" et "par moins 6°C en polo, sans valise" pour l'un d'entre eux, les migrants connaissent à Pouilly-en-Auxois des conditions de vie bien meilleures qu’à Calais. "Ils sont accompagnés dans leurs démarches par Adoma. Cinq d'entre eux ont obtenu le statut de réfugié et doivent quitter le centre d'ici à trois mois. Ceux qui sont déboutés devront également partir", indique la sous-préfète de Beaune.
Quant à savoir combien de temps la commune de Pouilly-en-Auxois jouera le rôle de terre d'accueil, son maire l'ignore encore."Nous ne savons pas si le bail de 18 mois sera renouvelé et si ce dispositif d'accueil temporaire service asile va se prolonger", déclare Bernard Milloir.
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