EELV : Julien Bayou, emporté par la vague #Metoo, démissionne de son poste de secrétaire national

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FranceSoir avec AFP
Publié le 26 septembre 2022 - 16:30
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Julien Bayou, secrétaire national d'Europe Écologie-Les Verts (EELV) et président du groupe
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AFP/Archives - Geoffroy VAN DER HASSELT
Julien Bayou, secrétaire national d'Europe Écologie-Les Verts (EELV) et président du groupe.
AFP/Archives - Geoffroy VAN DER HASSELT

La vague #MeToo déferle à nouveau à gauche : le patron des Verts Julien Bayou a quitté lundi ses fonctions, s'estimant piégé par une situation "intenable" dans laquelle il ne peut, selon lui, faire valoir sa défense face à des accusations de violences psychologiques envers une ex-compagne.

"J'ai annoncé ce matin aux adhérents d’Europe Ecologie les Verts ma démission de mes fonctions de Secrétaire national", explique Julien Bayou dans un communiqué.

Il doit également annoncer dans la journée sa "démission de la présidence du groupe écologiste à l’Assemblée nationale", poste dont il était déjà suspendu depuis quelques jours, a-t-il ajouté.

Il se dit "accusé de faits qui ne (lui) sont pas présentés, dont (ses) accusateurs-ices disent qu’ils ne sont pas pénalement répréhensibles", et dont il ne peut pas se défendre "puisqu'on refuse de (l)’entendre".

Evoquant une situation "intenable" et un contexte "délétère (qui) semble empêcher tout discernement, dans un moment où la société bascule et cherche le point d'équilibre pour cette si nécessaire révolution féministe", il souligne que sa décision "ne remet en question" ni son mandat de député ni son "engagement présent et à venir".

"C'est Kafka sur les réseaux sociaux", a aussi déploré M. Bayou dans un courrier adressé aux militants.

Cette démission intervient après des accusations de harcèlement moral par une ex-compagne. Aucune plainte n'a été déposée ni aucune enquête judiciaire ouverte.

L'affaire a été révélée en juillet, quand la cellule interne d'EELV sur les violences et harcèlements sexuels a été saisie.

Mais elle a pris un nouveau tournant la semaine dernière, lorsque la députée Sandrine Rousseau l'a accusé de "comportements de nature à briser la santé morale des femmes", et a raconté, sur un plateau TV, avoir "reçu longuement" chez elle une ex-compagne "très déprimée" de M. Bayou.

L'écoféministe a assuré qu'"elles sont manifestement plusieurs" à être concernées par ces comportements.

En plein remous de l'affaire Adrien Quatennens - le député Insoumis qui a reconnu des violences conjugales sur son ex-compagne - le bureau du groupe écologiste à l'Assemblée avait suspendu la semaine dernière Julien Bayou de ses fonctions de coprésident, qu'il occupait avec Cyrielle Chatelain.

Coup de grâce

Et le coup de grâce a été porté dimanche par l'ex-candidat à la présidentielle, Yannick Jadot, qui a jugé que "pour la sérénité de l'enquête" interne, il serait "de bonne intelligence (...) qu'on accélère sa mise en retrait du secrétariat national d'EELV".

Julien Bayou aurait dû de toute façon quitter ce poste lors du Congrès de décembre, puisque selon les statuts d'EELV, il ne peut cumuler ses fonctions de député et de chef de parti.

Sur les faits reprochés, M. Bayou, qui tiendra une conférence de presse lundi après-midi, avait expliqué en juillet au Figaro, qu'il s'agissait "d’une rupture qui s’accompagne de menaces à peine voilées à mon endroit et d'une forme d'instrumentalisation que je ne peux que déplorer".

Sur France info, la députée européenne EELV Karima Delli "prend acte" de sa démission, expliquant que "nous sommes à un moment où les violences faites aux femmes sont des sujets prioritaires".

Mais elle souligne qu'"une cellule a été saisie", qui pour le moment "n'a rendu aucune conclusion. Je ne crois pas qu'on puisse faire justice soi-même".

"On est aujourd'hui dans un monde étrange où la justice se rend sur les plateaux de télévision", a regretté le député européen François-Xavier Bellamy (LR), sur Sud Radio, tandis que le patron du MoDem François Bayrou a condamné sur Franceinfo "le procédé qui consiste à aller sur un plateau pour mettre en accusation quelqu'un de son propre parti".

À droite, Marion Maréchal a aussi dit ne pas aimer "quand la justice médiatique se substitue à la justice tout court".

Cette démission ajoute une dose de chaos au sein d'EELV, où un référendum interne pour simplifier l'organisation et adapter le parti à la "conquête du pouvoir", a été rejeté ce week-end par les adhérents.

Ce référendum, porté par Marine Tondelier, qui devrait briguer la tête du parti en décembre, et soutenu par la direction, marque une claire division au sein du parti, déjà connu pour ses opaques débats et luttes internes.

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