Escalade de la crise diplomatique entre Israël et l'Espagne
MONDE -Le cabinet de Benjamin Netanyahu a vivement condamné les remarques de Pedro Sánchez, les qualifiant de "honteuses", suite aux doutes ouvertement exprimés par le Premier ministre espagnol quant au respect du droit humanitaire international par Israël lors de son offensive contre Gaza.
Le conflit diplomatique entre l'Espagne et Israël s'intensifie alors qu'Israël prend des mesures radicales. En effet, le rapatriement de son ambassadrice à Madrid, Rodica Radian-Gordon, annoncé le vendredi 1er décembre, aggrave la situation. La décision résulte des doutes exprimés par Pedro Sánchez sur le respect par l'État juif du droit humanitaire international lors de ses bombardements de Gaza.
Déclarations poignantes et positions fortes au poste-frontière de Rafah
La crise a débuté vendredi 24 novembre, lorsque Pedro Sánchez et le Premier ministre belge Alexander De Croo ont fait des déclarations sévères lors de leur visite au poste frontière de Rafah, entre l'Égypte et Gaza. De Croo avait déclaré : "La destruction de Gaza est inacceptable. Nous ne pouvons accepter qu'une société soit détruite de la manière dont elle l'est". Sánchez, quant à lui, a affirmé qu'Israël devait respecter le droit humanitaire international. "Ce n'est pas le cas", a-t-il ajouté, en évoquant les bombardements israéliens sur Gaza.
Pedro Sánchez a également ouvert la porte à la possibilité pour l'Espagne de reconnaître unilatéralement l'État palestinien si l'Union européenne n'opte pas pour une reconnaissance coordonnée. "Le moment est venu pour la communauté internationale et l'UE de reconnaître l'État de Palestine une fois pour toutes. C'est une chose qui en vaut la peine, qui est suffisamment importante et que nous devons faire ensemble au sein de l'Union européenne. Mais si ce n'est pas le cas, l'Espagne prendra ses propres décisions", a-t-il estimé.
Une mesure diplomatique sévère
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, a publiquement annoncé la convocation de l'ambassadeur d'Israël en Espagne en raison des propos jugés scandaleux du Premier ministre espagnol. Cohen a déclaré sur X (anciennement Twitter): "Suite aux accusations infondées du Premier ministre espagnol, j'ai décidé de convoquer notre ambassadeur à Madrid pour des consultations. Israël agit dans le respect du droit international. Nous continuerons la lutte jusqu'à la libération des otages et l'élimination du Hamas à Gaza. Le Hamas est le seul responsable du massacre du 7 octobre et de la situation actuelle à Gaza, commettant des crimes de guerre et contre l'humanité."
Le rappel d'un ambassadeur pour consultations, synonyme de retrait indéterminé, représente une forme diplomatique sévère pour exprimer un mécontentement et exercer une pression. Le Maroc et l'Algérie ont utilisé cette mesure contre Madrid au sujet du conflit au Sahara. Leurs ambassadeurs ont ainsi laissé leur poste vacant pendant 10 et 19 mois. Israël avait préalablement annoncé son intention de convoquer l'ambassadeur d'Espagne à Tel-Aviv, Ana María Sálomon Pérez, pour la deuxième fois en moins d'une semaine.
Tentatives d'apaisement et réaction israélienne
Sánchez, dans ses déclarations à TVE, a qualifié de "correctes" les relations de l'Espagne avec Israël. Il a justifié ses critiques envers l'armée israélienne à Gaza en affirmant: "Nous, pays amis, devons aussi nous dire la vérité". Il a de nouveau condamné l'attaque du 7 octobre, exprimé un soutien total à Israël, appelé le Hamas à libérer immédiatement tous les otages israéliens, mais a émis des doutes sérieux sur le respect du droit humanitaire international par Israël, compte tenu des images et du nombre croissant de morts à Gaza, en particulier des enfants.
Peu avant que le bureau de Benjamin Netanyahu ne manifeste son mécontentement envers Pedro Sánchez, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, avait suggéré que la crise diplomatique était en cours d'apaisement. Il avait informé qu'il avait exprimé, à Eli Cohen, son homologue israélien, la "solidarité et les condoléances" du gouvernement espagnol pour l'attentat de Jérusalem du 30 novembre.
Toutefois, la réaction actuelle est plus sévère qu'auparavant. Elle équivaut pratiquement à une suspension des relations politiques. Des sources de l'administration israélienne soulignent que ce qui importe n'est pas tant les nuances des propos de Sánchez jeudi 30 novembre, mais sa "récidive".
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