Financement du FN : Marine Le Pen refuse encore de voir les juges
Elle a de nouveau refusé de se présenter devant la justice. Sous prétexte d'un emploi du temps chargé, Marine Le Pen a à nouveau fait faux bond aux juges qui enquêtent sur le financement du Front national, a indiqué ce mercredi 11 une source judiciaire, confirmant ainsi une information du Monde. Dans le quotidien du soir, la présidente du FN explique attendre une réponse à sa requête en suspicion contre Renaud van Ruymbeke et Aude Buresi, les magistrats qui veulent l'entendre comme témoin assisté, statut intermédiaire entre ceux de témoin simple et de mis en examen. Déposée à la cour de cassation, cette requête vise à les dessaisir du dossier, Marine Le Pen doutant de leur impartialité.
"La moindre des choses, c'est d'avoir une réponse à cette requête", explique-t-elle au Monde évoquant ensuite des pressions du parquet, de la garde des Sceaux Christiane Taubira et du premier ministre Manuel Valls. Car, pour la présidente du FN qui a avait déjà refusé de se présenter devant les juges à sa première convocation, le 13 octobre, la date de celle-là a été choisie afin de lui nuire politiquement alors qu'elle est en pleine campagne pour les élections régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. "On n’était pas à dix jours près. On me convoque avant les élections, c’est un acte politique. Ce calendrier a pour but de me nuire. Il y a des pressions du parquet, les magistrats l’ont dit eux-mêmes à un des incriminés, qui en a fait une attestation. On voit que Mme Taubira fait pression, sur ordre de Manuel Valls".
Dans cette enquête qui porte sur le financement des législatives de 2012, le Front national a été mis en examen le 9 septembre pour recel d'abus de bien sociaux et complicité d'escroquerie. Jusque-là, les magistrats ont mis en examen sept personnes, parmi lesquelles Wallerand de Saint-Just, tête de liste FN aux régionales en Ile-de-France.
Renaud van Ruymbeke et Aude Buresi soupçonnent le FN, le microparti Jeanne géré par des proches de Marine Le Pen et l'imprimeur du parti, Riwal, dirigé par Frédéric Chatillon, lui aussi un ami, d'avoir mis en place un système d'enrichissement frauduleux. D'après eux, Riwal aurait notamment surfacturé les prix du matériel de campagne vendus aux candidats. Ces dépenses auraient ensuite été remboursées par l'Etat en vertu de la loi pour les partis qui obtiennent plus de 5% des suffrages exprimés.
Les magistrats s'interrogent notamment sur l'achat par Frédéric Chatillon d'une Peugeot 807 ainsi que sur l'acquisition par Riwal de deux motos, une Harley-Davidson et une Triumph, et d'une voiture Dacia. Les deux deux-roues seraient utilisées par Frédéric Chatillon, tandis que la Dacia aurait été acquise pour la société Stream On Fire, spécialisée dans la diffusion d'évènements en direct sur Internet, à laquelle l'homme d'affaires est associé.
Ce à quoi, les dirigeants du Front National répètent qu'il n'y a pas lieu d'avoir une enquête, le dossier est vide. "La montagne va accoucher d’une souris, deux ans d’instruction pour rien. Chatillon sera peut-être emmerdé pour abus de bien social à cause de ses bagnoles, mais c’est tout", a conclu un proche de Marine Le Pen, cité par Le Monde.
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