Gilets jaunes : Macron convainc en apparence (sondage Odoxa)
Emmanuel Macron a réussi sur la forme son allocution de lundi 10 et ses annonces ont été assez bien accueillies, mais cela ne devrait pas suffire à mettre fin à la crise des gilets jaunes. C'est le bilan mitigé qui ressort de cette intervention selon un sondage Odoxa pour Le Figaro et Franceinfo publié ce mardi 11.
Un paradoxe qui est en partie dû à l'effet de comparaison avec les précédents discours du chef de l'Etat qui non seulement n'avait pas convaincu sur les faits, mais avaient également été très décriés sur la forme. Emmanuel Macron était par beaucoup jugé "méprisant". Si seuls 40% des Français l'ont trouvé "convainquant", c'est près de deux fois mieux qu'après son discours du 27 novembre (21%) et nettement au-dessus de sa popularité actuelle.
Le mea culpa a en partie fonctionné. Pour la majorité des Français, Emmanuel Macron a ainsi "été clair" et a "reconnu ses erreurs" (58%), ou "a pris la mesure de la gravité de la situation" et "s’est montré responsable" (54%) . Ils sont également une part non négligeable (47%) à considérer qu'il "a fait preuve d’humilité et de modestie", deux qualités loin d'être évoquées dans les précédentes études d'opinion.
Les grandes mesures annoncées ont été bien accueillies. Ainsi la défiscalisation des heures supplémentaires emporte 85% d'opinions favorables; l'annulation de la hausse de la CSG 70%; la hausse de 100 euros des revenus des Smicards (qui ne sera pas une hausse du Smic) 61%. Seule la prime de fin d'année défiscalisée fait débat avec 55% d'opinions favorable.
Voir: Malgré les annonces de Macron, la mobilisation des "gilets jaunes" risque de se poursuivre
Pour ce qui est de répondre à l'urgence et de redorer quelque peu son image, ce serait donc mission accomplie pour Emmanuel Macron, du moins dans les heures qui ont suivi l'intervention.
Mais il n'est pas du jour au lendemain redevenu un président populaire et n'a pas mis fin à la crise des gilets jaunes. Certes, la part des Français, probablement aussi lassée des images de violences, à vouloir que le mouvement s'arrête monte à 46% contre 34% au 22 novembre. Avec une nette fracture entre modérés (sympathisants PS, LREM, et LR) et extrêmes (FI, RN).
Mais près de trois français sur quatre (72%) n'ont pas été "rassurés" par ce discours. De plus, c'est essentiellement sa base électorale, qui a été convaincue (à 85%) par Emmanuel Macron, alors qu'elle-même commençait à le lâcher.
Le président de la République a donc réussi son mea culpa et les mesures ont fait mouche au moins dans un premier temps. Mais cela semble insuffisant pour faire tomber les barrages et faire taire les appels à manifester. L'acte 5 devrait donc avoir lieu, mais la situation pourrait lentement pourrir.
Enquête réalisée auprès d’un échantillon de Français interrogés par internet du 10 décembre 2018 (à partir de 21h00) au 11 décembre 2018 (matin).
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