Hollande tance Macron sur la Syrie et réclame des zones d'exclusion aériennes

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 12 mars 2018 - 15:33
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Francois Hollande, le 1er décembre 2017 à Bordeaux
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François Hollande estime que "les bombardements délibérés des populations civiles, de quelque nature qu’ils soient, créent une situation humanitaire mais aussi politique inadmissible".
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François Hollande estime que l'Otan et les pays européens, la France en tête, doivent faire davantage pression sur la Russie et sur la Turquie pour obtenir l'arrêt des offensives dans la Ghouta orientale et l'enclave kurde d'Afrin en Syrie. Cela passe selon lui par la mis en place de zones d'exclusion aériennes.

Il a décidé de sortir de sa réserve. François Hollande a donné une longue interview au journal Le Monde publiée ce lundi 12 où il s'exprime longuement sur la guerre en Syrie, et condamne l'inaction du gouvernement d'Emmanuel Macron sur deux points principaux: l'offensive turque contre l'enclave kurde d'Afrin et le sanglant siège de la Ghouta en banlieue de Damas

Au sujet de l'opération militaire du pouvoir d'Ankara contre le Kurdistan syrien, l'ancien chef de l'Etat fait savoir qu'il se sent à la fois "solidaire et responsable", car il n'oublie pas "ce que les Kurdes ont pu faire en un moment extrêmement difficile pour permettre à la coalition de chasser Daech de Raqqa et au-delà". En effet, les combattants des YPG (milice d'autodéfense du Kurdistan syrien) ont été le fer de lance des Forces démocratiques syriennes dans leur offensive contre le groupe Etat islamique dans l'est du territoire syrien.

Sur le même sujet - Syrie: l'armée turque aux abords d'Afrine, bastion d'une milice kurde

"Il n’est pas possible de célébrer la libération d’une partie de la Syrie et de laisser mourir des populations entières dont on sait qu’elles ont joué un rôle déterminant pour arriver à ce résultat", a-t-il expliqué au quotidien du soir. Et d'ajouter que ne pas tenter d'arrêter la progression de l'armée turque à Afrin "signifierait qu’on laisserait tomber nos alliés au lendemain d’une victoire que nous avons célébrée ensemble, et que ce qui se passerait à Afrin se passera demain ailleurs". Il a reproché par ailleurs à Emmanuel Macron de "laisser tomber" les Kurdes.

François Hollande établit un constat presque identique au sujet du siège meurtrier de la Ghouta, cette enclave de la rébellion syrien aux portes de Damas qui subit actuellement une double offensive, terrestre et aérienne, de la part du régime de Bachar al-Assad et des ses alliées, Russie en tête. "Si j'ai été aussi dur sur le régime de Bachar Al-Assad, et je l'ai été avec constance, ce n'est pas pour le laisser liquider son opposition et massacrer son peuple", a-t-il souligné.

Lire aussi - Ghouta: le régime syrien poursuit son avancée dans le fief rebelle morcelé

"C'est la Russie qui est la puissance principale (en Syrie, NDLR) et le risque est sérieux d'une escalade si aucune limite ne lui est fixée", a-t-il déclaré. "On doit parler à Vladimir Poutine (...) Mais ce n'est pas une raison pour la laisser (la Russie) avancer ses pions sans réagir. La position de Donald Trump n'est ni claire ni prévisible, c'est donc à la France, à l'Europe, à l'Otan de se mettre en mouvement", a martèlé François Hollande.

L'ancien président analyse d'ailleurs le "feu vert" donné par Moscou à Ankara pour intervenir à Afrin en retirant ses observateurs militaires de la région comme une stratégie dûment pensée par Vladimir Poutoine. "En permettant à Ankara de bombarder nos alliés kurdes en Syrie, Moscou pousse aussi pour une division de l’OTAN. Car il y a à peine un an, Vladimir Poutine n’avait pas de mots assez durs contre le président turc Recep Tayyip Erdogan. Maintenant, ces deux pays se sont mis d’accord pour un partage de la Syrie", a-t-il fait savoir.

Selon le prédécesseur d'Emmanuel Macron, la mesure la plus urgente doit être "que les avions du régime syrien bombardant la Ghouta, y compris les hôpitaux et même les cimetières, et que les appareils turcs agissant sur Afrine ne puissent plus survoler ces zones". Soit, mettre en place des zones d'exclusions aériennes. En effet, il estime que la "ligne rouge" tracé par Emmanuel Macron et concernant l'utilisation des armes chimiques par le régime de Damas n'est pas suffisante: "les bombardements délibérés des populations civiles, de quelque nature qu’ils soient, créent une situation humanitaire mais aussi politique inadmissible".

Voir également - Poutine, l'incontournable patron de la Russie

Enfin, François Hollande a également des mots très durs contre Barack Obama a qui il reproche d'être tombé dans le piège tendu par Moscou après l'attaque au gaz sarin contre la Ghouta en 2013. "Je n’avais pas été l’auteur de la fameuse «ligne rouge». C’est Barack Obama qui l’avait définie à propos de l’utilisation des armes chimiques. En août 2013, (...) plutôt que mener des frappes militaires, les Etats-Unis avaient préféré négocier avec les Russes et la communauté internationale la destruction de l’arsenal chimique du régime. Nous les avions suivis", a-t-il expliqué. Et de souligner ce terrible constat d'impuissance: "Bachar Al-Assad a néanmoins gardé de telles armes et il n’hésite pas à continuer à y recourir, même s’il le fait de façon plus discrète et donc plus pernicieuse encore. La Russie, elle, est toujours là pour bloquer aux Nations unies des enquêtes pouvant déboucher sur des sanctions".

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