Hommage à Michel Rocard : François Hollande salue un homme de "dialogue"
François Hollande a salué jeudi en l'ex-Premier ministre socialiste Michel Rocard "une grande et belle figure de la République" qui n'a jamais "joué contre sa famille politique", rappelant aussi qu'il n'avait pas hésité à brandir le 49-3 "pour lever les blocages".
"Pour Michel Rocard le dialogue était la meilleure manière de réformer, mais pour lever les blocages il n’a pas hésité à recourir aux procédures prévues par la Constitution", a souligné le chef de l'Etat, lors de la cérémonie nationale d'hommage dans la cour d'honneur des Invalides.
Dans une allusion transparente aux critiques de la gauche contre l'utilisation du 49-3 pour faire adopter le projet de loi travail à l'Assemblée, il a rappelé qu'"à 28 reprises", cet "homme de compromis" avait eu recours à cet article de la Constitution "pour faire adopter des textes essentiels".
"L'épreuve des faits" lui "a montré que le compromis n’est pas une faiblesse", a souligné M. Hollande. "Car le dialogue est l'instrument nécessaire de l’accord, de la convention, du contrat, au bon niveau", a-t-il ajouté dans une nouvelle allusion aux débats autour du projet de loi travail.
Cinq jours après la mort à 85 ans de l'ancien chef du gouvernement de François Mitterrand (1988-1991), qui fut le théoricien de la "deuxième gauche", M. Hollande a aussi souligné que Michel Rocard "pouvait être sévère" avec la "première gauche".
Mais, a-t-il ajouté, dans une allusion possible aux "frondeurs" socialistes voire à son ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, il savait "que les deux gauches devaient s'unir pour gouverner" et "jamais il n’a joué contre sa famille politique, même quand il a fallu qu’il s'efface derrière François Mitterrand. C’était là son honneur".
"Il aurait pu avoir de plus hautes responsabilités. Mais de ne pas les avoir atteint ne l’avait pas affecté", a-t-il relevé, saluant "une personnalité lumineuse" qui n'avait "jamais eu qu'une seule vocation: celle de servir l'intérêt général".
Le chef de l'Etat, malmené dans les sondages, a aussi mis en avant le "respect du temps long" de l'ex-Premier ministre. "Rien n’était pire à ses yeux que l’immédiateté, celle qui saisit les responsables politiques, qui confondent le quotidien avec la durée d'un mandat, celle des médias qui pensent qu’un feuilleton fait une histoire", a-t-il relevé.
De gauche à droite: le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone, le Premier ministre Manuel Valls et le président François Hollande lors de la cérémonie nationale pour Michel Rocard, l'ex-Premier ministre socialiste, le 7 juillet 2016
Inscrivant clairement son action dans les pas de ceux de Michel Rocard, le président a notamment évoqué ses travaux en ce qui concerne la décentralisation rappelant qu'il avait imaginé une carte de France avec "une dizaine de régions" et lançant: "nous y sommes aujourd'hui". Il a aussi affirmé qu'il avait "posé les bases des réformes des retraites à venir" et "inspiré" notamment le gouvernement de Jean-Marc Ayrault.
Ce "fils de l'internationale" socialiste avait conscience que "la France n'est vraiment la France que lorsqu'elle se sait écartée des frénésies identitaires d'où qu'elles viennent", a aussi mis en avant François Hollande.
Il n'a "jamais cru que la politique devait se soumettre à l'économie" et "a toujours regardé le marché comme un mécanisme au service de la société, non comme un principe d’organisation", sachant aussi que "pour maîtriser le capitalisme, il fallait d'abord comprendre son efficacité", a-t-il également relevé.
Avant cette cérémonie nationale aux Invalides, la journée en l'honneur de Michel Rocard, décédé samedi des suites d'un cancer, avait commencé à 10h par un "culte d'adieu" protestant, en présence de François Hollande et de Manuel Valls. Une troisième cérémonie à sa mémoire se déroulera à 14h au siège du Parti socialiste.
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