Hulot quitte le ring, Macron perd son champion de l'écologie

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Par Frédéric POUCHOT - Paris (AFP)
Publié le 28 août 2018 - 11:28
Mis à jour le 29 août 2018 - 03:58
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Le président Emmanuel Macron et Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire reç
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© PHILIPPE WOJAZER / POOL/AFP
Nicolas Hulot a annoncé ce mardi quitter le gouvernement.
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Faute d'avancées environnementales suffisantes à ses yeux, l'imprévisible Nicolas Hulot quitte son poste de ministre de la Transition écologique après un peu plus d'un an, une annonce surprise qui porte un coup à l'exécutif en chasse d'un remplaçant.

"Je prends la décision de quitter le gouvernement", a déclaré Nicolas Hulot en direct sur France Inter, se sentant "tout seul à la manœuvre" sur les enjeux environnementaux au sein du gouvernement.

"Nous faisons des petits pas, et la France en fait beaucoup plus que d'autres pays, mais est-ce que les petits pas suffisent... la réponse, elle est non", a-t-il considéré, prenant de court ses intervieweurs et avec eux toute la classe politique.

Alors qu'Emmanuel Macron est en déplacement à l'étranger jusqu'à jeudi, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé qu'il lui ferait "dans les jours qui viennent" des propositions sur un remaniement. Qui pour remplacer l'un des ministres les plus populaires ? Quelques noms circulaient mardi: son secrétaire d'Etat Sébastien Lecornu, le président de l'Assemblée nationale François de Rugy, le patron du WWF France Pascal Canfin.

Si le calendrier de l'annonce de Nicolas Hulot a surpris -- beaucoup pensaient qu'il attendrait les arbitrages sur la future feuille de route énergétique avant de trancher --, son départ semblait inévitable. Pratiquement dès sa nomination, des écologistes doutaient de sa marge de manœuvre et craignaient que celui qui avait dit non à tous les prédécesseurs d'Emmanuel Macron ne soit qu'une "caution verte" du gouvernement.

"Je me surprends tous les jours à me résigner, à m'accommoder de petits pas", a noté l'ex-présentateur d'"Ushuaïa", espérant que sa démission provoquerait un "sursaut".

- Macron pas prévenu -

Il n'avait prévenu ni le Président ni le Premier ministre, par crainte qu'ils ne le dissuadent "une fois encore" de partir.

Alors que Nicolas Hulot assurait mardi en avoir "terminé" avec ses ambitions politiques, soucieux de ne rien faire "pour nuire à ce gouvernement", le chef de l'Etat disait depuis Copenhague compter sur son engagement "sous une autre forme".

Respectant la décision d'un "homme libre" et défendant le bilan du gouvernement "qui a fait plus qu'aucun autre dans la même période" en matière d'environnement, Emmanuel Macron a toutefois insisté sur le fait que "c'est un combat qui ne se fait pas du jour au lendemain": "Il implique de se confronter au réel".

Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a, lui, regretté le départ de Hulot, mais aussi son manque de "courtoisie" envers Edouard Philippe et Emmanuel Macron.

Côté successeurs potentiels, Sébastien Lecornu a assuré que "notre détermination à transformer le pays (...) est intacte". "Celui ou celle qui lui succèdera à cette difficile responsabilité devra avoir pour lui la possibilité d'agir dans la durée", a insisté François de Rugy.

Nommé pour la première fois ministre en mai 2017, après avoir renoncé à une candidature à la présidentielle un an plus tôt, Nicolas Hulot avait dû avaler bien des décisions contraires à ses convictions, malgré certaines victoires symboliques comme l'abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Il avait notamment dû endosser le report de l'objectif de ramener la part du nucléaire dans la production d'électricité à 50% en 2025.

- Un électrochoc ? -

Et lundi, l'Elysée a annoncé la baisse du prix du permis de chasse de 400 à 200 euros par an, à l'issue d'une réunion à haut niveau qui a joué un rôle dans sa décision.

La présence du conseiller politique de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), Thierry Coste, un "lobbyiste" qui "n'avait rien à faire là", a "achevé de me convaincre que ça ne fonctionne pas comme ça devrait fonctionner", a lancé le ministre démissionnaire.

A l'exception de Brigitte Bardot "ravie" du départ du ministre, l'humeur des défenseurs de l'environnement, qui s'interrogent sur la capacité d'un autre à faire mieux que Nicolas Hulot, était plutôt morose.

Greenpeace a dénoncé un "gâchis", tandis que le président de la Ligue de Protection des oiseaux (LPO) Allain Bougrain-Dubourg se sentait "orphelin". Audrey Pulvar, qui a remplacé Hulot à la tête de la Fondation pour la Nature et l'Homme qu'il a créée, voudrait, elle, "croire" à un "électrochoc politique".

Dans l'opposition, responsables de droite comme de gauche ont estimé que ce départ marquait la fin d'une "illusion" sur l'écologie. Le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a notamment qualifié ce départ de "vote de censure contre Macron".

"Nommer des ministres pour faire de la communication n'est pas la meilleure idée", a commenté de son côté le président du groupe Les Républicains au Sénat, Bruno Retailleau.

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