Interdiction de manifester : la presse craint un recul de la démocratie
Les éditorialistes de la presse française ce jeudi 16 ne sont pas favorables à une interdiction de manifester annoncée la veille par François Hollande, en Conseil des ministres, si les "biens et des personnes" sont menacés. "Autant la sanction des déprédateurs est justifiée, autant la menace d'une interdiction générale de manifester est exagérée", estime Laurent Joffrin, dans Libération. Et d'avertir: "la violence antidémocratique ne doit pas faire reculer la démocratie, dont les principes et les procédures doivent être maintenus, même dans des circonstances difficiles". Jean-Emmanuel Ducoin, de L'Humanité, lui laisse exploser sa colère devant une telle décision: "Manuel Valls puis François Hollande, ont suggéré l'idée qu'ils puissent désormais interdire les manifestations. Toutes les barrières sont éventrées. Ils sont devenus fous!"
François Hollande a annoncé mercredi 15 en Conseil des ministres qu'il n'y aurait plus d'autorisation de manifester si la préservation des "biens et des personnes" ne pouvait être "garantie", a rapporté le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, au lendemain de nouvelles violences lors d'une manifestation à Paris contre la loi Travail. Certes, "les violences s'accumulant ont pour conséquence l'exigence de plus de répression et d'autorité", reconnaît Bernard Stephan, de la Montagne, avant de lancer: "mais attention à ne pas ouvrir la porte à des mesures liberticides, mises en cause de l'État de droit et des principes républicains".
Pour Matthieu Verrier, de La Voix du nord, l'annonce du Chef de l'Etat montre que : "la République est arrivée à un point où l'équilibre entre liberté et sécurité vacille". Paul-Henri du Limbert, du Figaro, rappelle pour sa part que "l'état d'urgence commande de proscrire toute sorte de manifestations." "Ne confondons pas autorité et autoritarisme", prévient dans la Dépêche du Midi, Jean-Claude Souléry qui relève : "notre démocratie considère que le droit de manifester appartient au domaine des libertés publiques."
Didier Rose, des Dernières Nouvelles d'Alsace, voit dans "l'interdiction" des rassemblements "une mesure si radicale, ou alors si tardive, qu'elle n'est pas à l'avantage du gouvernement". "La violence n'est pas non plus l'apanage des manifestations syndicales", signale dans La Croix Guillaume Goubert. "Il va bien falloir faire quelque chose pour éviter que le sillage des défilés légaux ne charrie des opportunistes violents", s'inquiète Michel Klekowicki, du Républicain Lorrain, avant de conclure : "mais avant d'en arriver à la prohibition, il y a de l'espace pour des mesures qui respectent le droit de manifester calmement et la manifestation du droit à la sécurité."
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