Le grand retour des caméras-piétons dans la police
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FranceSoir
Publié le 15 juillet 2020 - 12:39
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JACQUES DEMARTHON / AFP
Une montée en gamme des caméras-piétons (ici celles expérimentées en 2016) semble indispensable
JACQUES DEMARTHON / AFP
Emmanuel Macron relance l’idée du port de caméras-piétons par les forces de l’ordre, une initiative née il y a onze ans et qu’en finit pas d’être expérimentée.
« Nous allons tout reprendre, avec le premier ministre et le ministre de l’Intérieur, et généraliser avant la fin du quinquennat les caméras-piétons »
Cette annonce du président Macron intervient dans un contexte tendu, de manifestations contre les violences policières et de mises en garde du défenseur des droits Jacques Toubon. Pour le chef de l’Etat, il est d’abord question de pouvoir « retracer la vérité des faits (…), rétablir la confiance entre la population et la police ».
La phrase a déjà entendue, la solution des caméras-piétons déjà mise en avant. L’idée, en effet, n’a rien d’une nouveauté, elle date en réalité de 2009, lorsque Brice Hortefeux était ministre de l’Intérieur de Nicolas Sarkozy. Elle fut successivement reprise par Manuel Valls, Bernard Cazeneuve puis Gérard Collomb. Sans que, malgré les multiples expérimentations, les caméras-piétons soient effectivement généralisées.
Fiasco en maintien de l’ordre
Le 22 janvier 2019, en pleine crise des gilets jaunes et alors que la polémique sur la dangerosité des LBD 40, à l’origine de blessures gravissimes chez des manifestants, battait son plein, Christophe Castaner avait passé le mot : « J’ai demandé que dans toute la mesure du possible, les forces qui sont équipées de LBD soient systématiquement équipées de caméras-piétons ».
Un an plus tard, un reportage de France 2 mettait en lumière une réalité : les CRS munis de LBD étaient bien dotés de caméras-piétons, mais « les trois-quarts ne l’allument pas ». De fait, les caméras se sont révélées inadaptées en maintien de l’ordre et à plus forte raison en cas de tir de LBD puisque l’objectif placé au niveau du torse est obstrué par les mains du policier.
Les syndicats de police ont également dénoncé des caméras de mauvaise qualité, tant au niveau de l’image que de la durée des batteries, qui ne tiennent guère plus de deux heures.
Si l’on se fie à la qualité des 10400 caméras achetées en Chine en 2018, pour la modique somme de 2,3 millions d’euros, il faudrait qu’en pleine séquence de maintien de l’ordre les policiers et gendarmes allument et éteignent régulièrement leur caméra. Inimaginable.
Plus efficaces en patrouille
Les caméras-piétons pourraient se révéler plus efficaces en patrouille, elles sont d’ailleurs largement utilisées par les polices municipales. Et c’est précisément ce dont il est question ici puisque l’annonce d’Emmanuel Macron est intervenue suite à une question sur les contrôles au faciès.
Les policiers semblent d’accord sur le sujet, à condition de monter en gamme, comme l’a souligné ce mercredi matin le secrétaire général du syndicat Unité SGP Police sur France Info :
« Si c’est pour acheter des caméras-piétons qui ne fonctionneront pas, ça ne sert à rien »
Débarqué de Beauvau par le remaniement, Christophe Castaner avait remis le sujet sur le tapis, à plusieurs reprises au mois de juin. Lors de sa conférence de presse du 8, lors de son audition au Sénat quinze jours plus tard, le ministre de l’Intérieur réclamait un renforcement des caméras-piétons lors des contrôles d’identité, mais aussi pour gagner « la batailles des images ».
Le clou avait également été enfoncé par Laurent Nuňez début juin. Le secrétaire d’Etat (qui devrait le rester) avait alors estimé sur BFM TV que :
« la caméra-piéton nous semble l’outil le plus adapté (…) C’est quelque chose qui fait baisser la tension ».
Ces prises de position, ainsi que celle d’Emmanuel Macron mardi 14 juillet, semblent aller dans le sens des remarques du défenseur des droits, qui a réclamé une « meilleure traçabilité des contrôles d’identité ».
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