Le Maire, l’élevage et le libre-échange
FRANCE - Ce vendredi 6 octobre, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, s’est rendu au Sommet de l'élevage à Cournon-d'Auvergne. Il y a annoncé des mesures de défiscalisation pour soutenir le secteur de l’élevage, alors que la signature de plusieurs traités de libre-échange se profilent à l’horizon.
La région Auvergne Rhône-Alpes vient d’accueillir pendant quatre jours la 32e édition du sommet consacré à l’élevage.
Un “cadeau” sur la fiscalité
L’inflation produit une conséquence inattendue sur la valeur du cheptel des exploitants. Elle gonfle artificiellement la valeur comptable des vaches, et donc les bénéfices imposables des éleveurs. Réclamé par la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire, le “plan de reconquête et de souveraineté de l’élevage” élaboré par le gouvernement promet la création d'une mesure de défiscalisation dans le budget 2024. Les éleveurs bénéficieront ainsi d'une subvention de 150 € par bête, plafonnée à 15 000 € par exploitation. Mais à quoi bon accorder des subventions à tout un secteur pour – en même temps - mieux l’ouvrir aux quatre vents du libre-échange ?
En effet, si en apparence, cette aide fiscale ne peut être qu’accueillie favorablement par le secteur, d’autres enjeux internationaux pèsent sur l’agriculture française. A commencer par la signature en cascade de divers traités de libre-échange. Le 9 juillet 2023, l’UE signait l’accord ALE avec la Nouvelle-Zélande. Cet accord facilite considérablement, par le biais de droits de douane réduits, l’importation de viande bon marché, car non soumise aux normes européennes. Et le Brésil compte bien obtenir les mêmes avantages.
L’agriculture française au centre des négociations des traités de libre-échange
Le 14 septembre 2023, le journal Le Monde a révélé les coulisses des négociations du projet d’accord de libre-échange Europe (UE) – Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay). Il se trouve que le secteur de l’agriculture française fait précisément l’objet de vives tensions diplomatiques entre le Brésil et l’Hexagone.
Pour l’instant, le président Lula qualifie le texte d’“inacceptable”, en imputant la responsabilité à la France. “Ce n’est pas facile de négocier avec les Français. Ils veulent que vous lâchiez tout et ils ne lâchent rien. Ils ne pensent qu’à leur petit poulet et à leur vin”, s’est-il plaint en août dernier.
Pourtant, les chiffres concernant l’état du commerce agricole tricolore ne plaident pas franchement en faveur des dires du président brésilien. En seulement 20 ans, la France, grand pays d’agriculture, est passée du deuxième rang au cinquième rang des exportateurs mondiaux de produits agricoles. Et les importations de viandes représentent désormais 33% de la consommation nationale, un taux qui pointe même à 54 % pour la viande ovine et à 50,6 % pour le poulet.
Face aux inquiétudes légitimes des agriculteurs, le ministre de l’Économie s’est également engagé ce vendredi à faire respecter la loi Egalim, qui prévoit, à compter du 1er janvier 2024, d’obliger le secteur de la restauration à s’approvisionner à 60 % en viande française issue d’élevages durables ou sous signe officiel de qualité et d’origine (bio, indication géographique, labels rouges). Cette initiative est censée stimuler la demande de viandes françaises.
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