Manuel Valls veut rassembler la gauche pour éviter qu'elle ne soit "pulvérisée" en 2017
Brandissant la menace d'une gauche "pulvérisée" à la présidentielle, le Premier ministre Manuel Valls s'est repositionné samedi au centre du jeu, se disant "fier" du bilan gouvernemental, avec un appel au rassemblement lancé à Arnaud Montebourg et Emmanuel Macron.
Dans un contexte d'incertitude autour de la candidature de François Hollande à l'élection présidentielle, Manuel Valls a livré samedi devant un parterre d'environ 200 militants à Tours un message de main tendue à toute sa "famille politique".
Pourtant, il y a huit mois, Manuel Valls avait fait le constat froid de "positions irréconciliables à gauche", enterrant alors une grande primaire de rassemblement de Jean-Luc Mélenchon à Emmanuel Macron.
Samedi, en clôture d'un déplacement en Indre-et-Loire, le Premier ministre a encore reconnu "des frondes, des refus". "Je sais que les socialistes sont toujours là pour le rappeler, qu'il y a eu des échecs", a-t-il aussi lancé.
Mais il a aussi prononcé un vibrant plaidoyer pour l'unité au sein de "la gauche qui assume les responsabilités au pouvoir", sous peine d'"être pulvérisée, emportée par l'ambiance actuelle, faite de divisions, de luttes d'égos, de règlements de compte".
"Aujourd'hui, mon rôle c'est de rassembler", a martelé le Premier ministre, en s'adressant directement à quatre anciens ministres démissionnaires qui portent depuis plusieurs mois une voix discordante et savent se montrer virulents, à différents degrés, envers Manuel Valls.
"Je demande à Arnaud (Montebourg), Emmanuel (Macron), Benoît (Hamon), Aurélie (Filippetti): qu'est-ce qui nous sépare?", s'est interrogé M. Valls, tout en disant "assumer" les "débats" et les "désaccords".
Il a préféré insister sur le positif. "Qu'est ce qui nous rapproche d'abord? D'avoir gouverné ensemble dans l'intérêt du pays et de partager des combats pour l'égalité (...) et des valeurs, celles de la République", a-t-il énuméré, traçant ainsi une voie pour le rapprochement.
Pour donner du poids à son message, M. Valls, chaleureusement applaudi, a souligné le risque d'une absence de la gauche au deuxième tour de l'élection présidentielle. "Rien n'est acquis. C'est même le contraire, soyons lucides, qui nous est promis", a-t-il jugé, appelant à "réagir maintenant pour ne pas mourir demain", "pour ne pas vivre avec la honte de la défaite et de l'humilitation".
Surtout, lui qui souffre d'une image clivante, a soigné son profil d'homme de gauche, en décrétant "l'offensive" pour "garantir" le modèle social et en envoyant un signal à "ceux qui souffrent de ne pas avoir le bon profil, les bons codes, les bons réseaux".
Il s'est aussi fendu d'un hommage appuyé aux "policiers, gendarmes, sapeurs-pompiers", dans un geste marqué d'apaisement après cinq jours de manifestations des policiers.
Plus généralement, M. Valls a loué les mérites de "la colonne vertébrale" de la France, à savoir "la fonction publique" qui sera "le grand chantier du prochain quinquennat".
Il a salué "en particulier les syndicats qui ne choisissent jamais la facilité (...) et oeuvrent sans relâche pour des compromis intelligents".
Il a promis en outre de "nouvelles protections", comme sa proposition de "revenu universel": "une aide unique, fusionnant les minima, et garantie à tous les Français qui en ont besoin", a-t-il expliqué.
Il s'est enfin évertué à défendre le bilan du quinquennat, évoquant tour à tour le "rétablissement de l'autorité de l'Etat", la création de "60.000 postes d'enseignants", mais aussi la "baisse" revendiquée du chômage ou la hausse du pouvoir d'achat pour "près de 500.000 retraités".
Sans négliger de reconnaître à plusieurs reprises des "erreurs", comme dans la présentation de la loi Travail.
Un vaste exercice consensuel qui dessine plus nettement son profil de recours à gauche alors que François Hollande traverse une difficile zone de turbulences depuis la publication du livre "Un président ne devrait pas dire ça".
"Vous me connaissez, avec mon caractère, mes qualités, mes défauts, ma liberté de ton", a souligné, sourire aux lèvres, M. Valls. "J'ai été parfois lanceur d'alerte (...). Mais j'ai toujours respecté ma famille politique, je ne l'ai jamais reniée", a-t-il tenu à rappeler, solennel.
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