Mobilisation en recul pour la cinquième journée des "gilets jaunes"
Une poignée d'actions et des interrogations : des barrages filtrants subsistaient aux abords de sites pétroliers et d'axes routiers mercredi soir, au cinquième jour de la mobilisation des "gilets jaunes" qui marque le pas avant un rendez-vous fixé samedi à Paris.
La situation reste toutefois tendue à La Réunion, théâtre de violences, de jets de projectiles et de cocktails Molotov sur les forces de l'ordre et parfois de tentatives de pillages de commerces.
Au total, 30 membres des forces de l'ordre ont été blessés sur l'île depuis samedi, dont 16 dans la nuit de mardi à mercredi pendant laquelle 38 personnes ont été interpellées.
En Conseil des ministres, le président Emmanuel Macron a rappelé mercredi que "la sévérité sera de mise" contre tous les "comportements inacceptables".
La situation était plus calme en métropole où les manifestants ont continué mercredi de cibler les plateformes logistiques ou zones d'activités commerciales, dont le blocage est moins impopulaire que les barrages d'axes routiers.
"On est des gens pacifistes", souligne à l'AFP Brigitte Duquesne, 55 ans, sur un barrage dans le Finistère: "Les gens sont avec nous, ils klaxonnent, nous saluent".
Près de Toulouse, l'accès au dépôt pétrolier de Fondeyre a été rétabli mais la plateforme logistique Eurocentre restait bloquée. Le blocage de la plateforme voisine Socamil, jugé illégal par le tribunal de Toulouse, a lui été levé, tout comme celui due péage de l'autoroute A10 à Virsac (Gironde), théâtre de dégradations.
"Les dégâts sont considérables, on parle de plusieurs millions d'euros", a déclaré à l'AFP le PDG de Vinci Autoroutes Pierre Coppey, joint par téléphone.
En Normandie, la réparation de l'A84 et de la voirie dans l'agglomération de Caen devrait coûter 410.000 euros, selon les estimations préfectorales.
A Sochaux, (Doubs), l'usine PSA était, elle, à l'arrêt faute d'acheminement de certaines pièces détachées bloquées dans le sud-ouest par la mobilisation.
Selon le ministère de l'Intérieur, la mobilisation a rassemblé mercredi quelque 15.000 personnes, loin des 290.000 recensés samedi, hors de tout cadre politique ou syndical.
Prenant le contrepied de son rival FO, la CFDT Route, premier syndicat du transport routier, a annoncé qu'elle n'appellerait ses adhérents à rejoindre le mouvement, tout en exhortant le gouvernement à rétablir un "dialogue social normalisé".
Le mouvement s'est invité à l'Assemblée nationale où le député Jean Lassalle a provoqué une brève suspension de séance lors des questions au gouvernement en revêtant un gilet jaune.
- "Un gros coup samedi" -
Si le nombre de "bloqueurs" recule, les violences et dégradations inquiètent les autorités, confrontées à une mobilisation sans organisateur ou leader clairement désigné.
"Il faut bien être conscient que la colère a de plus en plus de mal à être contenue chez certains. Des groupes dissidents vont naître, des gens vont se radicaliser, car nos dirigeants politiques restent murés dans le silence", s'inquiète Fabrice Schlegel, 45 ans, meneur des "gilets jaunes" à Dole (Jura)
Depuis samedi, deux personnes ont trouvé la mort -un motard après une collision avec une camionnette qui tentait d'éviter un barrage et une manifestante renversée par une automobiliste-, 585 ont été blessées, auxquelles s'ajoutent 115 blessés côté forces de l'ordre, selon Beauvau.
Au total, 745 personnes ont été interpellées et près de 600 placées en garde à vue, selon le ministère. Selon la Chancellerie, plus de 100 personnes ont été renvoyées en correctionnelle depuis le début du mouvement.
Face à cette contestation protéiforme, l'exécutif alterne appels au dialogue et démonstrations de fermeté.
Selon un sondage Elabe pour BFM TV, 40% des Français soutiennent la mobilisation des "gilets jaunes", (-7 points en une semaine) et 20% la désapprouvent (+5).
Toujours "déterminés", les "gilets jaunes" s'interrogent sur leurs modalités d'action: faut-il continuer à bloquer ou se projeter sur "l'Acte 2", une manifestation nationale samedi à Paris ?
Des appels à un rassemblement place de la Concorde circulent mais un tel scénario a d'avance été rejeté pour raisons de sécurité par le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez.
Plusieurs leaders politiques entendent se joindre à cette journée. Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a notamment indiqué que ses militants y participeraient.
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