L'opposition contrôlée, en France, comment ça fonctionne
Comme partout ailleurs dans le monde, mais avec quelques petites spécificités « bien françaises. »
Ces spécificités sont attachées au fait que, certes, en application du principe qui régit la matière (manipulation des masses) dont les Inconnus nous ont fait part dans leur sketch « Les publicitaires » (« Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont »), on peut faire avaler aux Français quasiment n'importe quoi.
Mais attention ! Il ne faut pas les attaquer de front. Il faut toujours présenter les choses aux Français comme si elles allaient dans leur intérêt, et aussi et surtout comme s'ils en avaient décidé ainsi, par l'intermédiaire des « représentants » qu'ils ont élus. Oui. La fameuse démocratie dite « représentative » : le système politique grâce auquel les élus-dictateurs peuvent tranquillement sévir avec l'aval du peuple, et donc sans risque qu'il se révolte. Qui plus en s’étant voté des lois leur conférant une immunité fonctionnelle. Une double dose de protection pour les élus.
Toutefois, pour que cela fonctionne, il faut absolument toujours faire croire au peuple, que l'arène politico-médiatique dans laquelle les hommes et les femmes politiques soi-disant « s'affrontent », est une enceinte dans laquelle ils s'affrontent véritablement. Qu'il existe des courants politiques différents, et que, dès lors, le peuple n'a pas à s'inquiéter : bientôt viendra le jour où un politicien courageux, honnête et probe, détruira le système de l'intérieur, et qu'elle ou il débarrassera la France et les Français des maux qui les rongent ! L'homme providentiel. Le leurre ultime. Et, cela marche.
Ah si ! Dans la pièce de théâtre qui nous est jouée chaque jour sur la scène politico-médiatique, chaque marionnette politique qui y participe, joue le rôle qui lui a été attribuée « en loge » avant d’entrer dans l’arène : opposition versus majorité. Une fois sur scène, il ne leur reste plus qu’à jouer leur rôle, jusqu’à l’entracte ou à la prochaine représentation. À titre d’exemple, rappelez-vous ces politiques qui mettaient uniquement leurs masques pour aller à la télévision, et qui, dès que les caméras sont éteintes, l’enlèvent. Un exemple qui traverse toutes les couleurs politiques !
De l'extrême droite à l'extrême gauche, en passant par le centre et par les autres partis cataloguées « républicains », tous les acteurs de cette tartuferie imposée aux Français, sont des hommes et des femmes choisis, non pas par les Français qui votent, mais par les producteurs, scénaristes et metteurs en scène de cette pièce de théâtre dénommée « La politique. »
Comme dans toutes les autres prétendues « démocraties », la seule liberté politique que les électeurs ont en France, consiste à pouvoir choisir pour qui voter, parmi les marionnettes politiques qui sont choisies hors de leur contrôle, pour interpréter les personnages de cette pièce de théâtre qu'ils nous jouent à la télé, à la radio, sur Internet et dans les journaux papier en permanence.
Hélas, si : il en est ainsi. Tous sans exception, les politiciens mis en avant dans les médias maintreams et sur Internet, sont des marionnettes fabriquées par le système et imposées par lui. Et l’avènement de la Macronie a ajouté une couche supplémentaire en faisant croire qu’il y avait une ouverture vers la société civile ! Une tartuferie additionnelle afin d'inciter, de coercer les rentiers du système politique à se convertir au culte du macronisme sous peine de perdre leur rente. Le macronisme, une « forme indéfinie imprécise de politique qui ne se connecte pas correctement avec la société française, et que ce n’est pas encore la bonne réponse aux problèmes auxquels la France est confrontée » avait décrit le professeur Chris Bickerton dans une interview exclusive pour France-Soir. L'histoire lui donne raison.
Et, pareil ceux qui y valident les rôles attribués à ces politiciens dans cette pièce de théâtre. À savoir les pseudo-journalistes, animateurs, chroniqueurs et autres experts officiels de la politique, qui encensent les désignés « gentils » et dénigrent les désignés « méchants. » Toutes ces personnes publiques sont des zélés collabos de cette mascarade.
« Chaque fois qu'ils auront besoin d'un héros, nous leur en fabriquerons un. »
Et, pour l'application récurrente de cet autre principe fondamental de la manipulation des masses, voici comment les tenanciers véritables du pouvoir procèdent en coulisses.
- Tout d'abord, ils présentent la personne choisie partout dans les médias comme ayant les qualités humaines et intellectuelles (courage, droiture, probité, intelligence, combativité, honnêteté et Cie) requise aux yeux du peuple pour incarner le héros en question.
- Ensuite, ils l'aident à créer son mouvement politique (financement et fourniture de moyen, tant en logistique qu'en homme), et ils le mettent en avant comme susdit.
- Troisièmement, ils publient des sondages qui « attestent » que les Français adhèrent au projet, tout en s’assurant d’avoir une opposition à ce projet, opposition qu’ils contrôlent bien sûr.
- Quatrièmement, ils entretiennent cela jusqu'à l'élection présidentielle, et ils amplifient le processus durant celle-ci.
- Et, cinquièmement, ils œuvrent pareillement pour que la personne qui sera opposée à ce « héros » 100 % fabriqué, au second tour de l'élection présidentielle, soit un tocard complet. Une gourde totale qui en plus fera exprès de se saborder entre les deux tours, tout particulièrement lors du débat télévisé d'entre les deux tours.
Les patrons du CAC40 et le pouvoir politique en place arrivent à faire cela grâce à la mainmise qu'ils ont sur les médias et sur Internet. La télévision, les radios d'État et la presse subventionnée sont aux mains d'un pouvoir politique en place, et qui en plus a le contrôle d'internet. Et, les patrons du CAC40 possèdent tous les médias privés. Ils ont ainsi la possibilité d'y faire monter ou descendre qui ils veulent, et dans les proportions qu'ils souhaitent. Qui plus est, ils sont incités financièrement avec des nombreuses aides d’état ou subventions qui contribuent à la capture des narrateurs et du narratif. Les bons soldats du système gardent leur place, progressent, sont décorées pour avoir servi le système, soi-disant au nom d’un intérêt général qualifié pour l’occasion. Alors que les « contrariants » sont vite labellisés, étiquetés comme des produits toxiques dont la date limite de communication rend leurs discours inaudibles. Des oreilles pures et qui respectent le système ne peuvent pas écouter ces discours alternatifs sous peine de sanction immédiate constituant en la perte de sa position dans la société. Peu importe l’usage du mensonge, c’est la vérité de groupe qui compte, ce qui est acceptable afin de garder sa place.
Tout cela outre le fait que, comme Laurent Fabius (1), Président du Conseil constitutionnel, citant là Joseph Staline (2) l'a rappelé trois jours avant la réélection d'Emmanuel Macron :
« Ce ne sont pas les votes qui comptent, c'est ceux qui comptent les votes. »
En France, l'exemple contemporain le plus abouti et le plus criant d'une accession à la fonction suprême intervenue de la sorte, c'est le duo Emmanuel Macron / Marine le Pen, avec Jean-Luc Mélanchon en guise de trublion du système.
Sans une opposition elle-même en carton, un héros 100 % fabriqué ne peut pas être placé à l’Élysée, avec l'exigée validation par les électeurs pour que le peuple l'accepte comme Président.
C'est la raison pour laquelle, c'est systématiquement une personne qui présente les caractéristiques suivantes, qui est choisie pour tenir le rôle d'opposant faire-valoir du héros fabriqué à 100 %, et qui garantit à ce dernier d'être élu Président : un manque de charisme, une intelligence affichée qui interpelle aux moments clés par son manque d’à propos ou de réalisme, des casseroles aux fesses, une propension fabuleuse à changer d'avis, à dire tout et son contraire sur les sujets importants, et surtout la faculté naturelle ou travaillée à se sublimer dans le ridicule dans les moments cruciaux (comme la Kamala Harris qu'on a mise face à Donald Trump).
Le moins que l'on puisse, c'est qu'il faut reconnaître ceci à Marine Le Pen. Qu'elle le fasse exprès (de réunir tous ces paramètres) ou non, qu'importe : elle excelle dans l'incarnation de ce personnage du leader de l'opposition en carton, qui garantit l'élection, la réélection et le maintien au pouvoir d'Emmanuel Macron. Son maintien au pouvoir malgré l'impossibilité mathématique de s'y maintenir dans laquelle le place l'absence d'une majorité de députés macronistes à l'Assemblée nationale dans sa composition actuelle (une situation appelée à durer jusqu'à juin 2025, hormis en cas de démission du président de la République, à savoir au regard du délai constitutionnel d'un an à respecter pour qu'il puisse, Emmanuel Macron, ordonner de nouveau la dissolution de l'Assemblée nationale).
Et, c'est plutôt sûr ! Marine Le Pen qui qualifie ses opposants de « Tartuffes », c'est exactement comme si Gabriel Matzneff traitait de « pédophiles » les autres signataires de la tribune du 16 janvier 1977 publiée par « Le Monde » et « Libération » (dont notamment Jack Lang et Bernard Kouchner) défendant les relations sexuelles entre adultes et enfants.
Eh oui !
Dernière illustration de la stratégie de maintien au pouvoir d'Emmanuel Macron de Marine Le Pen, l'annonce qu'elle a faite que le RN ne censurerait pas le Gouvernement que François Bayrou à venir, que si vraiment, vraiment, vraiment ! le projet de loi de finances 2025 qu'il va présenter sous peu, ira complètement à l'encontre des intérêts des « 11 millions d'électeurs qui nous ont fait confiance » (les pauvres), comme elle le ressasse toujours, et pareil ses lieutenants.
Pourtant elle défend corps et âmes le pouvoir d’achat des Français. Mais, alors pourquoi ne pas directement attaquer la loi de finance spéciale qui vient hier d’être votée au Sénat et permet au gouvernement d’endetter une fois encore la France, et les Français au-delà de ce qui est prévu dans la constitution (article 47) ; donc de ce qui est acceptable et à des conditions punitives pour nos enfants. Cela représente une organisation, une coalition des corps constituants des pouvoirs publics pour volontairement lever un impôt inconstitutionnel. Et là, elle ne s’y oppose pas !
Pourtant, Marine Le Pen accuse sans cesse Emmanuel Macron d'être responsable de tous maux de la France et des Français, et d'être responsable de la crise institutionnelle actuelle (ce qui est totalement vrai juridiquement, puisque c'est Emmanuel Macron qui est signataire de tous les actes officiels qui ont créé ou amplifié ces maux, et des actes officiels qui ont conduit à cette crise), mais Marine le Pen refuse de contraindre Emmanuel Macron à démissionner.
Pire ! Elle refuse même l'idée qu'il puisse être contraint à le faire. Cela alors qu'il lui serait hyper facile d'obliger Emmanuel Macron à démissionner.
Comment ? En faisant tomber le Gouvernement Bayrou à venir, ainsi que tout autre Gouvernement qu'Emmanuel Macron tentera ensuite à nouveau d'imposer aux Français (après Barnier et Bayrou), contre les résultats des urnes, pour continuer à conduire la politique qu'il mène depuis sept ans, Emmanuel Macron, mais dont les Français ne veulent plus. Faire tomber le Gouvernement Bayrou et au besoin, après lui, les suivants, immédiatement et sans justification autre nécessaire à cela, qu'indiquer que c'est pour « dûment » contraindre Emmanuel Macron à démissionner. « Dûment », c'est-à-dire pour indispensable que cela est, en l'occurrence, à l'effectivité matérielle du principe officiel de fonctionnement de la République, posé par l'article 2 de la Constitution :
« Gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. »
Or, pour ce faire, il suffit que les députés RN votent la motion de censure que LFI a annoncée déposer dans ce but précis, à savoir dès que le Gouvernement Bayrou sera constitué. Et idem, évidemment, pour les motions de censure à déposer contre les Gouvernements suivants, jusqu'à ce qu'Emmanuel Macron, effectivement, se retrouve de fait contraint à démissionner.
Car il sera alors opportun au possible de lui rappeler, à Emmanuel Macron, les propos qu'il a tenus en ce sens :
« La réalité, si on allait au bout de la logique, c'est que le président de la République ne devrait pas pouvoir rester s'il avait un vrai désaveu en termes de majorité. En tout cas c'est l'idée que je m'en fais, et qui est la seule qui peut accompagner le fait d'assumer les fonctions qui vont avec. »
Elle ne poussera pas non plus Emmanuel Macron à faire un référendum qui permettrait à la France de clôturer une bonne fois pour toutes la mascarade politique qui se joue depuis trop longtemps et qui les occupe aux frais des Français. Le tomber de rideau ne viendra donc pas de ces oppositions contrôlées, elles auraient trop à y perdre !
1) à cette même occasion, à savoir cinq jours avant l'obtention des résultats officiels, Laurent Fabius avait parié sur une réélection d'Emmanuel Macron avec 58% des voix contre 42% à Marine le Pen.
2) texte exact de la citation originelle de Joseph Staline :
« Les gens qui votent ne décident rien, ce sont ceux qui comptent les votes qui décident de tout ».
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