Pap Ndiaye veut relancer l'éducation à la sexualité, faisant valoir le non-respect de la loi
Malgré des critiques venant de la droite qui dénonce un endoctrinement des enfants, le gouvernement veut relancer l'éducation à la vie affective et sexuelle à l'école, faisant valoir la nécessité de respecter la loi.
Le ministre de l'Éducation, Pap Ndiaye, l'a affirmé clairement: il veut remettre ce sujet sur la table. "La loi de 2001 nous enjoint de façon très claire de parler d'éducation à la sexualité", a-t-il expliqué cette semaine sur franceinfo.
Enseigner l'éducation à la sexualité et lutter contre les inégalités entre les filles et les garçons est un moyen de donner à chacun les clés de sa réussite. Il n'est pas question de théorie du genre : ceux qui me prêtent cette ambition se trompent. pic.twitter.com/KlJMPOwO5c
— Pap Ndiaye (@PapNdiaye) September 12, 2022
"Nous devons respecter la loi", a ajouté le ministre, citant un rapport de l'Inspection générale de l'Éducation, qui devrait être publié la semaine prochaine et qui montre "qu'il y a de grandes variations selon les écoles, selon les classes, selon les territoires".
Pour "aider les enseignants à se saisir du sujet", le ministère travaille à "des documents d'accompagnement" qui devraient sortir dans les jours qui suivent, et compte en parallèle organiser des réunions de concertation "pour essayer de voir ce qu'il manque aux équipes éducatives", indique-t-on dans l'entourage du ministre.
Car la loi de 2001 prévoit qu'"une information et une éducation à la sexualité soient dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d'au moins trois séances annuelles". Mais elle reste peu appliquée depuis vingt ans.
"Urgence"
"Lutter contre l'ignorance et l'envahissement de la pornographie dans les sphères adolescentes ou même les plus jeunes, c'est une urgence. Si on ne fait rien, on prépare les violences et féminicides de demain", a souligné encore cette semaine la présidente du HCE Sylvie Pierre-Brossolette.
Pour Pap Ndiaye, il est nécessaire d'améliorer la situation "à la fois pour des objectifs de santé publique – faire reculer les grossesses précoces par exemple, ou bien lutter contre les maladies sexuellement transmissibles- et des objectifs plus généraux", liés aux discriminations ou à la lutte contre les violences sexuelles et sexistes.
Dans ses "conclusions intermédiaires" publiées en mars, la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) soulignait aussi que les séances prévues par la loi étaient "incontournables", à la fois comme "outil de prévention" et "de repérage" des violences.
Elles sont une "nécessité" face notamment "aux signaux d'alerte dans la société en général, en particulier sur l'impact de l'accès direct de nos jeunes à la pornographie", estime également Stéphane Crochet, secrétaire général du syndicat enseignant SE Unsa.
Pour lui, ce sujet "doit être traité avec détermination" mais en veillant "à ce que ça ne se transforme pas en sujet de clivage".
Car Pap Ndiaye est sur le fil avec ce thème hautement inflammable, souvent fustigé par la droite. Eric Zemmour a ainsi mis en garde dimanche contre un "grand endoctrinement" des élèves, notamment sur les questions de genre, demandant à ses supporters d'établir un "réseau national de parents vigilants".
"Ça ne m'intéresse pas", a rétorqué Pap Ndiaye, pour qui "ce sont les propos d'un professionnel de la polémique". L'éducation à la sexualité "n'a rien à voir avec je ne sais quelle théorie du genre", a-t-il assuré.
Sur LCI, Marion Maréchal a estimé que "l'école est un lieu d'instruction et non pas d'éducation", s'inquiétant par ailleurs de la volonté du ministre de l'Éducation de "dégenrer les cours de récréation" et de préparer cette éducation à la vie affective et sexuelle dès le primaire.
« Quand l’École révèle un effondrement complet et que l’on voit @PapNdiaye expliquer qu’il faut plus d’enseignements à la sexualité, je préférerais qu’il se sente davantage concerné par la mission fondamentale de l’école : l’instruction. » #LesMatinsLCI #ProtégeonsNosEnfants pic.twitter.com/Bd6nK3dWcn
— Marion Maréchal (@MarionMarechal) September 16, 2022
Ce sujet reste cependant sensible après la violente polémique autour des "ABCD de l'égalité" en 2014, un dispositif visant à promouvoir l'égalité filles-garçons qui avait dû être été abandonné face aux polémiques. Ses opposants avaient dénoncé une présumée "théorie du genre" qui nierait les différences sexuelles.
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