PMA pour les couples de lesbiennes : pourquoi les sondages se contredisent-ils ?
Le débat sur la Procréation médicalement assistée (PMA) a été relancé par l'avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) qui préconise de l'ouvrir aux couples de lesbiennes et femmes célibataires, pratique interdite pour l'instant en France.
L'avis du CCNE n'est que consultatif, l'organisme ayant pour rôle notamment de "soulever des enjeux de société nouveaux et poser un regard éthique sur ces évolutions". Mais il démontre une évolution des mœurs. Et sur ce point difficile à quantifier, les sondages apparaissent comme un élément de réponse.
Sauf que d'une étude à l'autre, et surtout d'un commanditaire à l'autre, les résultats sont très différents. Ainsi, une étude Ifop publiée à l'occasion de la dernière Marche des fiertés (Gay Pride) pour l'Association des familles homoparentales (ADFH) affirme que six Français sur dix (60%) sont favorables à l'élargissement de la PMA aux couples de femmes. Une autre réalisée par OpinionWay pour la Manif pour tous soutien que trois quart (77%) des Français sont opposés à la PMA "sans père", expression qu'affectionne l'organisation qui défend la famille "traditionnelle".
Une différence qui peut paraître étrange mais trouve son explication dans la formulation de la question. Ainsi, dans l'étude Ifop, elle est clairement présentée comme portant sur l'acceptation de l'homoparentalité: "Personnellement, seriez-vous favorable ou défavorable à ce que les couples de femmes homosexuelles désirant un enfant puissent avoir recours à l’insémination artificielle (ce qu’on appelle aussi la PMA) pour avoir un enfant?", peut-on lire.
Tandis que le sondage commandé par la Manif pour tous angle sa question différemment en demandant si "l'Etat doit garantir aux enfants conçus grâce à l'assistance médicale à la procréation (autre nom de la PMA, NDLR) le droit d'avoir un père et une mère?". Une formulation qui vise sans le dire les couples lesbiens qui priveraient donc les enfants de père. On peut également s'interroger sur ce que recouvre la notion de "droit d'avoir un père". De le connaître ou qu'il soit présent? Difficile à dire avant qu'une éventuelle loi soit discutée.
En anglant sur l'absence du père, la Manif pour tous obtient donc des résultats contraires et en conclut que les Français "sont très largement opposés à la PMA pour les couples de femmes ou les femmes célibataires".
Les deux études sont argumentées, reste à chacun de juger laquelle est la plus pertinente.
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