Pour Claude Bartolone, la formation des énarques doit passer par les banlieues sensibles
Les énarques sont une nouvelle fois pointés du doigt par les politiques, incarnant un peu trop aux yeux de ces derniers la fracture entre "élites" et "classes populaires". Et c’est pour remédier à la trop grande distance entre ceux qui, pour partie, seront aux manettes demain, et ceux qu’ils seront en charge d’administrer que Claude Bartolone (qui n’est pas énarque) a proposé que les élèves de la prestigieuse école d’Etat effectuent un stage d’au moins trois mois soit dans une banlieue défavorisée, soit dans une zone rurale reculée.
Pour le président de l’Assemblée nationale, ce dispositif, loin d’être un gadget, doit impulser un profond changement dans la formation des élites: "si on ne change pas nos élites, ils reproduiront la même politique. Si l’on n’habitue pas nos élites à connaître la vraie vie des vraies gens, y compris dans les zones rurales en difficulté, y compris dans les quartiers de la politique de la ville, ils reproduiront la même politique" a-t-il déclaré pour justifier sa position, qui fait partie des "50 propositions sur l’engagement républicain", qui seront remises ce mercredi au président de la République.
Et pour que cette expérience apprenne au mieux aux énarques la réalité du terrain, rien n’indique que ce stage s’effectuera systématiquement dans une sous-préfecture ou un grand service déconcentré. François Hollande, énarque lui de la fameuse promotion Voltaire en 1980, avait laissé entendre au mois de mars qu’il pourrait confier la gestion administrative du service civique aux élèves de l’ENA, le dispositif étant justement principalement utilisé dans les zones sensibles ou peu dotées en service public.
L’ENA, dont les promotions accueillent chaque année une petite centaine d’élèves en formation initiale (auxquels s’ajoutent les étudiants en formation continue, et les élèves étrangers inscrits dans des cycles internationaux), avait déjà connu un changement majeur en 2005 avec le déménagement complet de ses activités d’enseignement à Strasbourg, quittant ainsi son siège historique en plein cœur de Paris.
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