Poursuite de la grève chez TotalEnergies à l'amorce d'une semaine cruciale
La grève se poursuit lundi dans les raffineries et dépôts de TotalEnergies en dépit de menaces de nouvelles réquisitions au début d'une semaine à haut risque marquée par un mouvement interprofessionnel mardi et les premiers départs en vacances vendredi.
"La grève est reconduite (sur les sites de) Normandie, à Donges, La Mède, Feyzin et à Flandres, malgré les réquisitions", a indiqué Eric Sellini, coordinateur CGT pour TotalEnergies, portant le total des sites en grève à trois raffineries (sur sept) et cinq gros dépôts (sur environ 200).
La pénurie de carburant ne semblait pas se résorber, les chiffres diffusés dimanche soir montrant une aggravation de la situation des stations services : 30,1% étaient en difficulté contre 27,3% la veille, à cause de livraisons moins nombreuses le week-end, selon le gouvernement.
"Mon père de 91 ans ne se voyait pas faire la queue pendant une heure", confiait dimanche Virginie à l'AFP dans une station du quartier de Fives à Lille, faisant le plein de gazole pour ses parents.
La situation était également tendue en Bourgogne Franche-Comté et en Auvergne-Rhône-Alpes. À Lyon, Serge Almodovar, 56 ans, réservoir presque vide, avait repéré sur un site une station "ouverte" qui s'est avérée fermée : "Je prends ça avec philosophie. Heureusement qu'on ne travaille pas aujourd'hui".
"Nous avons aujourd’hui un sujet de logistique", a dit lundi la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, en déplacement sur le dépôt pétrolier de Gennevilliers, alimenté en partie par le dépôt Esso de Port-Jérôme, dont "les pipelines ont redémarré", "mais il faut maintenant pousser le carburant jusque dans les stations".
"Impact sur l'économie"
Difficultés à se rendre au travail, inquiétude en zones rurales en pleine période de récoltes et semis, crainte de perturbations dans les départs en vacances et d'annulations : les conséquences sur de nombreux secteurs d'activités se font sentir.
Face à ce blocage après près de trois semaines de grève, le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire a haussé le ton lundi, affirmant qu'il fallait "libérer les dépôts de carburants et les raffineries".
"Le temps de la négociation est passé il y a eu une négociaion, il y a eu un accord, cela veut dire qu'il faut que force reste à la voix majoritaire", a-t-il ajouté sur BFMTV.
Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a réclamé sur Radio J dimanche des réquisitions, car une semaine de pénurie supplémentaire "ça risque vraiment d'avoir un impact sur l'économie".
Lundi, le gouvernement a réquisitionné le dépôt de carburant de Feyzin (Rhône) à partir de 14 heures, après avoir reconduit à 6h la réquisition du dépôt de Mardyck (Flandres) près de Dunkerque, pour alimenter les stations-service des Hauts-de-France, d'Auvergne-Rhône-Alpes et de Bourgogne-Franche-Comté, a indiqué lundi le ministère de la Transition énergétique.
Ristourne prolongée
Actuellement, les grèves concernent trois raffineries (sur sept) et cinq gros dépôts (sur environ 200) et sont plus ou moins suivies selon les sites de TotalEnergies, selon le gouvernement. Il s'agit de ceux de Normandie (raffinerie et dépôt), Donges (raffinerie et dépôt), La Mède (bioraffinerie et dépôt), Flandres et Feyzin (dépôt, la raffinerie étant à l’arrêt pour raison technique).
La grève a été levée jeudi et vendredi dans les deux seules raffineries du groupe Esso-ExxonMobil en France, après la conclusion d'un accord salarial mardi entre la direction et deux syndicats majoritaires, mais pas avec la CGT.
Alors que la grève a fait drastiquement monter les prix à la pompe, la Première ministre Elisabeth Borne a annoncé la prolongation de la ristourne de 30 centimes, assurant que TotalEnergies allait "également" prolonger sa remise de 20 centimes. L'aide financée par l'État devait baisser à 10 centimes à partir du 1er novembre.
Chez TotalEnergies, un accord sur des augmentations salariales avait été conclu dans la nuit de jeudi à vendredi avec deux syndicats majoritaires, la CFDT et la CFE-CGC. Il prévoit une "enveloppe" globale de hausse des salaires de 7%, dont 5% d'augmentation pour les ouvriers et techniciens et 3,5 % pour les cadres, plus une part individuelle qui pourra différer selon les personnes. S'y ajoute une prime d'un mois de salaire, avec un plancher de 3 000 euros et un plafond de 6 000 euros.
La CGT réclame 10%, correspondant à "l'inflation plus le partage" des bénéfices engrangés par l'entreprise pétrolière, à savoir 5,8 milliards d'euros pour le seul deuxième trimestre. Le syndicat compte poursuivre le mouvement jusqu'à mardi, journée de "mobilisation et de grève" interprofessionnelle à laquelle ont aussi appelé FO, Solidaires et la FSU.
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