Présidentielle 2017 : affaiblie, la gauche veut encore y croire
Divisée en deux voire trois blocs, la gauche semble condamnée à l'élimination à six mois de la présidentielle, même si ses responsables veulent encore croire au rassemblement, autour du candidat de la gauche de gouvernement ou de celui de la gauche alternative. Censée être un instrument de rassemblement, la primaire initiée par le PS, réduite au périmètre de la Belle Alliance populaire, n'a pas pour l'instant atteint cet objectif, en laissant subsister à sa gauche la candidature de Jean-Luc Mélenchon, et à sa droite celle d'Emmanuel Macron, en campagne sans s'être pour l'instant déclaré. Dans les enquêtes d'opinion, le président de la République, un peu plus affaibli par ses confidences à des journalistes du Monde, est distancé par son ex-ministre de l'Economie, et au coude à coude avec M. Mélenchon.
Mais les responsables du PS veulent croire que le "film de la présidentielle n'est pas fait" et qu'une nouvelle dynamique peut se créer à l'issue de la primaire des 22 et 29 janvier. "Pour l'instant, il y a un effet d'optique, dans la mesure où le candidat de la gauche de gouvernement n'est pas encore connu. Le jour où nous aurons désigné notre candidat, tout le monde le soutiendra, toutes les nuances de rose seront là et ça changera le paysage", espère le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis.
Même calcul de la part du candidat à la primaire Arnaud Montebourg, qui pense que la donne changera s'il bat François Hollande -les sondages lui accordent pour l'instant un léger avantage sur le président sortant. "Jean-Luc Mélenchon, il sert à contester Hollande. Si François Hollande n'est plus là, les cartes sont rebattues", analyse son entourage. Mais la victoire de M. Montebourg ou celle, plus hypothétique, de Benoît Hamon risquerait aussi de donner de l'oxygène à Emmanuel Macron, en levant tout frein à sa candidature et en lui ralliant les suffrages d'une bonne partie du PS. "Si Montebourg est désigné, Macron a un boulevard, mais un boulevard à 12% !", ironise une ministre, pour qui, tout bien pesé, "c'est encore avec François Hollande que c'est le moins compliqué".
A gauche du spectre, la dispersion n'est pas moins grande: outre les habituelles candidatures trotskistes LO et NPA, Jean-Luc Mélenchon devra composer avec une très probable candidature écologiste, et avec le refus des communistes de lui apporter, pour l'instant en tout cas, soutien et signatures. Le secrétaire national du PCF Pierre Laurent, reprochant au co-fondateur du Parti de gauche une démarche solitaire, plaide depuis des mois pour une candidature unique de la gauche alternative. Pourrait-elle être celle de M. Montebourg ? Le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, s'est en tout cas plu récemment à souligner les "convergences" possibles à gauche, notamment avec l'ancien ministre. Un soutien qui ne déplairait évidemment pas à M. Montebourg, qui tout en participant à la primaire PS, tente d'échapper au discrédit dont souffre le parti en creusant autant que possible le fossé avec la majorité actuelle. "Moi aussi je conteste le PS, depuis 20 ans (...) Vous remarquerez que je préfère faire du hors piste dans la primaire que skier gentiment sur les pistes damées par le moniteur Jean-Christophe Cambadélis", confie-t-il à l'AFP.
Mardi 11, sur France Info, celui qui avait plaidé en 2014 pour la nomination de Manuel Valls à Matignon a répété qu'il ne serait pas le "chauffeur de salle" de François Hollande si celui-ci remportait la primaire. Mais au-delà de ces déclarations publiques, de rigueur en période électorale, beaucoup ne croient déjà plus au PS à la victoire. "On va avoir ces prochains mois deux vies parallèles: celle concernant les élections, et celle sur comment la gauche se réinvente" après la défaite, souligne un responsable de l'aile gauche du PS.
Pendant que le chef de file des frondeurs Christian Paul rêve à la construction d'un "nouveau parti", sur les ruines du PS, du PCF et d'EELV, les proches de Martine Aubry et Anne Hidalgo commencent déjà à réfléchir aux contours de leur prochaine motion. Quant au Premier ministre, il se prépare pour 2022, à moins bien sûr que François Hollande ne renonce.
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