Primaire de la gauche : Vincent Peillon annonce sa candidature
L'ex-ministre Vincent Peillon a annoncé dimanche 11 au soir sur France 2 sa candidature à la primaire du PS pour y défier ses anciens collègues du gouvernement, comme Manuel Valls ou Arnaud Montebourg, et défendre le bilan du quinquennat Hollande. Retiré de la scène politique hexagonale, M.Peillon, eurodéputé de 56 ans, se consacrait depuis deux ans et demi, en Suisse, à ses cours à l'université de Neuchâtel et à l'écriture de romans - son deuxième sortira en février. Mais la décision de François Hollande de ne pas se représenter, inédite dans l'histoire de la Ve République, l'a poussé à se présenter. "Les jugements sur sa personne et son action sont injustes (...) Très vite, les Français vont apprécier et sa personne et son bilan", a-t-il expliqué sur France 2.
M. Peillon s'est posé en "candidat d'une éthique politique", déterminé à "rassembler" la gauche pour gagner la présidentielle face à l'extrême droite de Marine Le Pen et la droite de François Fillon. Il a jugé que Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron, avec qui "bien entendu" il pourrait travailler, candidats à la présidentielle sans passer par la case primaire, étaient des personnes "de valeur". Il a toutefois critiqué M. Macron mais aussi Manuel Valls, sur leurs attaques sur les 35 heures qu'ils ont finalement "gardées". Soutenu par plusieurs députés - Patrick Mennucci, Eduardo Rihan Cypel, Patrick Bloche -, M. Peillon aurait le mérite, selon ses proches, d'être au "point d'équilibre" de la gauche.
Selon plusieurs élus socialistes interrogés par l'AFP, la candidature de M. Peillon aurait été encouragée par "des proches de Stéphane Le Foll" -lui aussi un fidèle du chef de l'Etat. D'autres y voient la main du commissaire européen Pierre Moscovici, ou encore de Martine Aubry, qui a fermement démenti. L'entourage d'Anne Hidalgo a de son côté, fait savoir que la maire de Paris, sans avoir suscité cette candidature, la regardait "d'un bon oeil". M. Peillon a balayé cela d'un revers de main sur France 2, assurant avoir pris sa décision "dans la solitude de sa conscience".
Manuel Valls, dont la candidature n'a pas à ce stade suscité d'élan particulier dans son camp, avait accueilli plutôt fraîchement ce retour de Vincent Peillon. "On ne peut pas être candidat pour affaiblir. C'est ma conception. On ne peut pas être candidat contre", a-t-il dit mercredi. "C'est un garçon intellectuel qui réfléchit aux problèmes de la France. Et je ne vais pas le disqualifier d'un mot ou d'une formule", avait aussi tempéré l'ancien Premier ministre.
M. Peillon "revient parce qu'il y a un certain nombre de gens qui n'acceptent pas ce qui vient de se passer (le renoncement de M. Hollande), je le regrette", a estimé sur BFM TV Didier Guillaume, patron des sénateurs PS et directeur de campagne de M. Valls. Pour lui, la primaire du PS ne doit pas s’apparenter à un "congrès" du parti. La candidature de M. Peillon n'est pas non plus forcément une bonne nouvelle pour Arnaud Montebourg et Benoît Hamon: si elle affaiblit Manuel Valls au premier tour, elle est susceptible de lui apporter un réservoir de voix pour le second.
Proche de Benoît Hamon, le député Pascal Cherki, a raillé vendredi auprès de la presse sa candidature, la comparant à celle de Jean-François Copé, "qui occupait aussi une position centrale à l'UMP", et qui a obtenu 0,3% des voix à la primaire de la droite. Pour M. Mennucci, député des Bouches-du-Rhône, l'ancien ministre de l'Education, auteur de la réforme des rythmes scolaires, était "prêt à soutenir François Hollande malgré des désaccords sur la loi Travail, sur la déchéance de nationalité".
"La décision du président de la République lui a ouvert les yeux sur la nécessité d'occuper un espace politique qui est celui de la social-démocratie", a poursuivi M. Mennucci. L'élu marseillais place Vincent Peillon "dans la droite ligne de Lionel Jospin". Son positionnement? "Une large liberté" sur les questions de société, en gardant "en tête les classes sociales les plus défavorisées" sur les questions économiques. Sa candidature devrait donc être la 6e, outre celles de Montebourg, Valls, Hamon, Rugy, Bennahmias, sans compter celles plus incertaines de Filoche, Larrouturou (Nouvelle Donne) et Faudot (MdP).
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